Thierry Boxom n’a pas trouvé de dentiste dans le Lot pendant ses vacances d’été. Il a été obligé de se faire soigner à Toulouse, soit à 170 km de Souillac où il résidait.
Ses vacances dans le Lot, c’est sûr, Thierry Bouxom s’en rappellera. Mais pas pour les bonnes raisons. Ce vacancier qui vit près de Lille a posé ses vallées à Souillac, au nord du Lot, en famille, le samedi 6 août. Déjà, une douleur au niveau d’une dent ne présageait rien de bon. « Dès le samedi soir, j’ai eu mal, une douleur permanente, sourde avec par intermittence comme une aiguille qui s’enfonçait dans mon crane, qui recarait jusqu’à l’oreille, ça durait vingt minutes, ça passait puis ça renait « , il est rappelé exactement le touriste ch’ti. Le paracétamol n’y fait pas grand-chose. Thierry, 56 ans, décide de se détendre en passant le week-end.
Et le lundi, la douleur s’aggrave. « J’ai l’impression de plomber un bougé, le contact du chaud-froid est insupportable, le nerf réagit », explique-t-il. Je comprends que dans cet état, les vacances vont devenir bien « trop penibles ». Lundi, il se rend sans rendez-vous dans un cabinet médical de Souillac : c’est non, ici, on ne prend plus de nouveaux patients. Les deux autres armoires sont fermées pour congés d’été. Thierry élargit la zone de recherches et multiplie les coups de téléphone, vingt en tout. Mais à Payrac, Gourdon, Brive, Tulle, Figeac, Cahors… On ne prend pas non plus de nouveaux patients.
Les vacances n’ont plus l’attrait des 15 qui ont conseillé de venir à Limoges aux urgences, à 120 km. Là, sur lui j’ai promis un médecin pour lui plus de secours pas d’intervention médicale. « Je n’arrive plus à dormir, je commence à fatiguer et je ne suis pas en état de conduire », ajoute-t-il. Le touriste envisage même de louer à Lille pour se faire soigner. Au restaurant, pendant que sa famille mange du magret de canard, Thierry s’est consolé avec de la purée et des omelettes, faute de mieux. Il finit par trouver un rendez-vous le jeudi 11 dans un cabinet à Toulouse, à 170 km soit 360 aller-retour.
Il hésite à revenir dans le Lot
Là, il est reçu par des dentistes retraités. « La dentiste m’a expliqué qu’elle l’a plombée sur le nerf, elle m’a fragilisé les dents et m’a donné un pansement pour mon souffrant », car elle est éducatrice spécialisée. Je paie 75 euros pour la consultation et elle ne sera pas remboursée : le centre sera rajouté par la sécurité sociale. « Si ce n’était que ça, mais j’ai payé 40 euros de péage aller-retour et un plein de 40 euros pour le trajet aller-retour, donc en tout j’en ai pour 150 euros de ma poche, ce n ‘est pas rien et surtout ce n’est pas donné à tout le monde », souffle-t-il.
À son retour à Souillac, la douleur passe, il peut enfin profiter de ses vacances, manger du canard et des glaces. Mais Thierry n’en revient toujours pas : « Je ne pensais jamais me retrouver dans une telle situation, faire 170 km pour aller chez le dentiste c’est comme si en partant de Lille je devais aller à Paris, c’est complètement fou » . Lui qui vient voir des amis dans le Lot un été sur deux hésite désormais : « Je m’interroge, c’est sûr que j’y réfléchirai à deux fois, si on revient je n’aurais pas l’esprit tranquille, j’ voilà l’impression d’être dans un désert, face à une vie immense ». Un désert médical.
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.