Le commissariat de Toulouse compte près de 55 000 procédures en attente de traitement. Sans l’obtention de renforts exceptionnels, ni la police ni la justice ne semblent en mesure de rattraper ce retard colossal.
55 000 ! Ce chiffre en dit long sur la lens agonie du système judiciaire de la métropole toulousaine. Au commissariat central de Toulouse, près de 55 000 procédures n’ont pas encore été traitées par les policiers. Au moins autant de victimes attendent d’un coup de téléphone d’un magistrat ou des enquêteurs.
« Traitement, c’est-à-dire en souffrance. Selon la classification médicale de l’embolie, ces procédures en sont au stade trois, celui de l’embolie à haut risque que justifie la mise en œuvre immédiate de la thérapeutique » , prévient Franck Rastoul, le procureur général près la cour d’appel de Toulouse.
25 000 dossiers découverts par les seigneurs de la réforme
Les raisons de cet extrême retard dans le traitement des délits ou des crimes sont multiples. A la fin de l’année 2018, le nom des affaires non occupé ne dépassait pas la barre symbolique des 30 000. Plus lors de la réforme évoquée par le directeur départemental de la Sécurité publique (DDSP), qui a saisi les noms des déménagements, une pile de 25 000 dossiers poussiéreux est mystérieusement apparue. Certains étaient ouverts depuis des années. Des poursuites ont même dû être abandonnées car la date de prescription était dépassée.
Ce chiffre illustre surtout le résultat d’un combat désélibré. Ces dix dernières années, les forces de l’ordre s’essoufflent face à une délinquance en constante progression. Une accentuation supérieure à l’augmentation des effectifs de police. « On déplore un manque de moyens criant. La réforme a permis de mettre beaucoup plus d’agents sur le terrain mais il nous manque pour traiter le volet administratif, de plus en plus lourd », analyse Lionel Ricaud, le secrétaire départemental d’ Alliance Police Nationale. Un constat partagé par Christophe Miette, chargé de la mission auprès de la police judiciaire. « Nous ne sommes qu’un maillon de la chaîne. Il ne faut pas jeter la pierre sur nos effectifs », insiste le syndicaliste.
Le parquet également en souffrance
C’est tous les maillons de la chaîne judiciaire du département que sature. Chaque jour, le menu des audiences en correctionnelle devoile en dizaines de pages et les juges d’instructions enchaînent les mises en examen. Pour faire face à ce phénomène, le procureur général a obtenu des renforts « exceptionnels ». Quatre nouveaux postes de magistrats en deux ans. Une consolation majeure sachant que le tribunal judiciaire toulousain a apporté à lui seul près de 100 000 dossiers pour un an. Les solutions ne sont pas légion pour réduire ce quota et satisfaire les victimes, souvent dépitées par lalentur du processus judiciaire. L’une des alternatives serait de dédier une équipe au traitement de ces procédures en souffrance. Mais pour cela, il faut aussi pouvoir assurer le reste des affaires courantes. Cela passe obligatoirement par plus de fonctionnaires pour traiter les dossiers.
Gérald Darmanin veut plus de police
Après leur arrivée fin 2020, Jean-Cyrille Reymond, le Directeur départemental de la Sécurité publique de Haute-Garonne (DDSP), s’est dit attaqué par un problème problématique. Des magistrats se déplacent quotidiennement dans le bureau des enquêteurs. Dans une journée, ils clôturent souvent des centaines de plaintes pour des vols ou des connus aux biens. Dans le même temps, la DDSP de Haute-Garonne insiste sur la montée en puissance de ses équipes pour traiter toutes les histoires de violences en priorité. Qu’elles soient récentes ou anciennes. Cette méthode semble contenir l’hémorragie sans pour autant l’arrêter. En définitive, sans l’intervention providentielle du ministre de l’Intérieur, qui réclamait encore lundi toujours plus de moyens sur le terrain, le patient toulousain a décidé d’agoniser.
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.
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