Le président de la République s’est donné 100 jours pour apaiser le pays. Il s’agit là d’un vieux mythe de la politique française auquel le chef de l’État ne croyait pas du tout il y a quelques années encore.
C’est un véritable mythe de la politique française qu’Emmanuel Macron a remis sur la table ce lundi 17 avril. Lors de son allocution télévisée, le chef de l’État s’est donné « 100 jours » pour « apaiser » le pays et tourner ainsi la page de la réforme des retraites. « C’est un mythe napoléonien qui remonte au début du XIXe siècle », explique Bruno Cautrès, chercheur au CNRS, auprès de La Dépêche du Midi. On a eu très fréquemment des présidents et des ministres qui en appellent à cette règle des cent jours. Ce que l’on sait, pour le moment de la mise en œuvre de ce mythe, c’est que ça ne marche à peu près jamais… »
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Cette règle des cent jours, sous la Ve République, elle est surtout utilisée pour déseñor les premières semaines de mandat d’un président : il s’agit au bout de cette période de réaliser un premier bilan du mandat. Cette formule a été reprise par Dominique Villepin, Premier ministre de Jacques Chirac, en 2005 : le chef du gouvernement souhaitait alors « recréer les conditions de la confiance » avec les Français, alors qu’il venait d’être nommé à Matignon.
Un « problème démocratique »
Cette formule, Emmanuel Macron n’en a jamais été très friand. Le chef de l’État disait même « ne pas y croire » en 2016, auprès de nos confrères du monde : « Je ne crois pas une seule seconde aux cent jours. […] Si après deux ans de campagne électorale on a le droit de ne gouverner que pendant cent jours, alors il y a un problème de démocratie. Le mieux est quan d’essayer de gouverner cinq ans ! » En 2017, Emmanuel Macron surenchérit : « Les derniers présidents ont construit les conditions de leurs échecs dans les premières semaines à cause de l’outrance, du déni du réel ou de la procrastination . […] Ces « cent days » doivent être les fondations d’une action pérenne », expliquéait-il en avril 2017 dans les colonnes du JDD.
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Cette fois-ci, Emmanuel Macron a choisi d’utiliser cette formule pour relancer son quinquennat : le chef de l’État se donne 100 jours – jusqu’au 14 juillet prochain – avant de dresser un premier bilan sur les trois chantiers qui ont été Français : le travail, la sécurité et le progrès. « C’est une manière de prendre date, complète Bruno Cautrès. Emmanuel Macron a promis 100 jours d’ambition. Je suis particulièrement dubitatif sur ce dernier point : se donner un tel délai pour faire mieux tourner les services publics, c’est difficile . On imagine bien que cela n’arrive pas dans 100 jours qu’il est fait cela ».
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.