Un score très serré entre le sortant Olivier Faure et son challenger Nicolas Mayer-Rossignol, des accusations d’irrégularités en pagaille, des menaces d’en appel à la justice : au lendemain de l’élection de son premier secrétaire, le Parti socialiste apparaît coupé en deux, plongé dans une crise qui rappelle ses pires heures.
D’aucuns pensaient peut-être qu’après avoir été laminé en 2017 par l’élection d’Emmanuel Macron, après avoir dû quitter son siège historique de la rue de Solférino, après avoir été absent au second tour deux élections présidentielles – avec a score catastrophique de 1,75% l’an a passé la première tournée avec Anne Hidalgo – après avoir vu le nom de ses militants fondre comme neige au soleil pour atteindre un étiage jamais vu, le Parti socialiste en aurait fini avec ses guerres intestinales qui ont souvent marqué son histoire. Les ! L’élection de son premier secrétaire, dont le second tour se déroulait jeudi soir, vient d’ouvrir une nouvelle guerre des roses. Fratricide et sans doute désésperante pour les militants et les sympathisants de gauche.
bataille en germe
Cette bataille, il est vrai, était en germe depuis qu’Olivier Faure avait engagé le parti dans un accord électoral avec la France insoumise, le PCF et EELV pour sauver les meubles aux dernières législatives. Grâce à cette Nupes (Nouvelle union populaire écologique et sociale), les socialistes ont pu conserver des députés à l’Assemblée et avoir un groupe parlementaire. Mais l’accord avait laissé des blessures et des cicatrices, notamment dans des territoires historiquement socialistes comme l’Occitanie où des candidats avaient du céder leur place, certains justifiés la dissidence, fustigeant alors un effacement voire une soumission à LFI. Ces divergences qui couvaient depuis l’été ont éclaté au grand jour lors de l’élection du premier secrétaire.
Olivier Faure
Parmi la bonne de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, farouche anti-Nupes soutenue par les « éléphants » du parti, la bonne de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, fabiusien désireux d’incarner une 3et voix et le premier secrétaire sortant Olivier Faure, artisan de l’accord de la Nupes, la campagne de premier tour s’est déroulée à couteaux tirés. Celle du second tour entre Mayer-Rossignol et Faure a suivi le même chemin jusqu’à la soirée et la nuit de jeudi à vendredi, qui a rappelé aux plus anciens la guerre féroce qui s’a jouée entre Martine Aubry et Ségolène Royal en 2008 pour le conquérir je suis parti.
Parmi les équipes des deux candidats, les invectives, les accusations de fraude et les irrégularités se sont multipliées tant, et même si j’étais en retard, les deux candidats, au coude-à-coude, revendiquaient chacun la victoire dans des vidéos lunaires postées sur les réseaux sociaux.

Nicolas Mayer-Rossignol
Le résultat « officiel » a été donné à 8h14 par un communiqué de la direction du parti proclamant la reconduction d’Olivier Faure avec 50,83% des 23 759 électeurs… et seulement 393 voix d’avance sur Mayer-Rossignol (49,17%, 11 683 suffrages). Refondations, la motion à porter par ce dernier chiffres, a aussitôt publié un communiqué pour contester ces : « Les résultats sont énormes que les militants nous ont représentés en tête à au moins 50,5 % », écrit le rival de Faure, dénonçant des « Irrégularités graves et manifeste » qui donne « une image déplorable » du PS.
Selon le maire de Rouen, un millier de voix environ sont sujets à caution. « Nous irons jusqu’au bout de l’épuisement de toutes les voies de droit pour faire valoir » cette victoire, at-il prévenu, demandeur d’abord la tenue d’une commission de récolement, et menaçant, faute de l’obtenir , d’aller devant la justice. Un peu plus tard, le président du Premier secrétaire sortant, Pierre Jouvet, a également exigé « une réunion rapide » de la commission, « afin d’établir le vrai score d’Olivier Faure », qu’il estime à 54%, « une fois les différentes irrégularités prises en compte ».
« Comme le village Gaulois d’Astérix »
En présence de la commission tranche, le PS rend bel et bien coupé en deux au lendemain de la manifestation contre la réforme des retraites où toute la gauche a représenté ensemble. « Ce qui se passe est grave, très grave. Aucune démocratie ne peut fonctionner avec de l’auto-proclamation », a réagi Anne Hidalgo tandis que Michael Delafosse a poursuivi Olivier Faure de ne « pas s’accrocher ».
Nicolas Mayer-Rossignol explique avoir proposé la nuit à Olivier Faure « un compromis, une direction commune, pour qu’on puisse avancer ensemble » et avoir « reçu une fin de non-recevoir ». Le PS est désormais « ingouvernable », selon lui.

Les résultats en Occitanie
Deputée Valérie Rabault, soutien du maire de Rouen, s’est voulue plus prudente. « Ce matin le résultat sur le vote pour le 1euh secrétaire du PS est encore incertain et Nicolas Mayer-Rossignol est clairement la révélation du Congrès du PS. Le PS apparaît coupé en deux, pas sur les idées mais sur la stratégie ». Et c’est bien là tout le problème pour le PS : alors qu’il y a enfin une communauté de vue sur le fond qui pourrait donner lieu à la construction de vraies propositions politiques pour porter l’alternance en 2027, le parti se déchirer sur des questions de forme.
« Les socialistes, c’est comme le village gaulois d’Astérix, on se tape parfois dessus, mais à la fin on se rassemble pour le banquet » voulait croire hier le député Arthur Delaporte. Mais les socialistes sont encore loin de se backuver tous à table…
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.