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Éphémère directeur du rugby club sportif de Blagnac, Jean-Michel Accorsi vient d’être relaxé par la justice 15 ans après la construction de la tribune du stade de rugby qui a motivé ses ennuis judiciaires. Un soulagement, surtout une satisfaction.

Le dossier s’étale sur le bureau du bâtonnier Pierre Dunac. Jean-Michel Accorsi empare d’un document épais comme un annuaire. « Le descriptif des travaux. J’ai passé mon été sur ce projet en 2007. Je quittais le bureau et j’allais sur le chantier. Un projet de 3,2 millions d’euros à réaliser en trois mois, c’était un vrai challenge. »

Le premier match de Blagnac en Pro D les 2, 3 novembre 2007, la tribune accueille les supporters. « Nous espérons que la tribune sera disponible pour la réception de Toulon avec Umaga, l’ancien All Black. Ce jour-là, le stade était plein, la seule fois de la saison », de Jean-Michel Accorsi.

Pas d’argent détourné

Cet ingénieur, cadre supérieur de la police nationale, a passé sa carrière à directeur de multiples chantiers. Il garde une certaine fierté de la réussite du chantier de la tribune. « Les entreprises travaillaient même la nuit. Elles ont tenu les délais. Le maire de Blagnac était venu me chercher pour ça. Il reste… « 

Cette tribune sera le seul vrai succès de Blagnac SCR cette année-là. Bombardé directeur général en janvier, Jean-Michel Accorsi démissionne quatre mois plus tard. « Mon projet sportif n’a pas été validé. Et même si j’aime le rugby, ce n’était pas mon moteur. J’étais venu pour la tribune. Le projet avait été réalisé. Je pouvais passer à autre chose. »

Il n’imaginait pas la suite. Une garde à vue en 2010, mettez-vous en examen. «On m’a traité de voyou. Les enquêteurs puis les différents juges d’instruction ne m’ont jamais entendu. J’expliquais mais je me heurtais aux murs. Il manquait dans les caisses entre 180 000 et 220 000 € de factures impayées aux entreprises. Entre payer les joueurs ou les entreprises, le club a fait un choix mais je n’étais plus à la direction qu’un ce choix a été fait et jamais cet argent n’a été détourné ! »

Terrible spirale judiciaire

« Cela aurait pu, dû, se traduire par un litige civil mais jamais pénal. Les magistrats de la cour d’appel l’ont compris. Cette faillite judiciaire, c’est celle du système, du manque de moyen, de temps. Les policiers affirmaient, derrière, personne ne réussissait », état, dépité, Me Pierre Dunac. « Sans lui, son soutien, ses compétences, j’aurai cracké il y a longtemps », confie Jean-Michel Accorsi.

Le 8 juin, la cour d’appel de Toulouse a définitivement relaxé l’ancien directeur général et président, Jean-Louis Martinez. La fin d’un long cauchemar. « Quand, à l’audience, l’avocat général a parlé de naufrage judiciaire, j’ai repris espoir. Mais 15 ans de soupçons, c’est terrible. Cette faillite judiciaire, c’est aussi celle du délai déraisonnable. Pourquoi tant de temps ? J’ai failli perdre mon travail. Heureusement, mon préfet m’a soutenu, explique celui qui a terminé sa comme directeur zonal, à Marseille. Et combien de personnes m’ont tournées le dos à Blagnac ? C’est curieux, depuis une semaine, les disparues depuis 2010 m’envoient des messages. Quand, malgré votre bonne foi, vous êtes pris dans cette spirale judiciaire, c’est terrible. Je ne le souhaite à personne.»

Rédacteur, Auteur, Journaliste | Plus de publications

Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.

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