À côté de la guerre en Ukraine, de l’inflation qui dévore les budgets, à côté de la fragilité des ressources en eau, certains problèmes pourraient passer pour beaucoup moins préoccupants. Des sujets à ranger sous le boisseau en attendant que le feu des urgences se calment. Politique de l’autruche. Quand il s’agit de questions de santé, les pouvoirs publics ne seraient-ils pas imprudents à trop relativiser ? Fermer les yeux sur une tendance qui s’aggrave finira par s’apparenter à une véritable déficience en santé publique. Nos salutations ailleurs!

Ainsi, mardi, sur un constat que les généralistes ont rompu l’ont contacté auprès du ministère de la Santé. La Sécu a proposé 1,5 euro de plus soit par consultation en cabinet, une enveloppe globale de plus d’un milliard et quelques sur la table. « Mépris », « affront », « méconnaissance » ont réagi les redoutés. En comprenant ces sentiments, mais les patients eux aussi auraient des raisons de se scandaliser. Des médecins se moquent de nous. On sait bien que les déserts médicaux s’étendent et la région Occitanie n’échappe pas à ce constat. Seulement en plus des causes structurelles et du fameux numerus clausus, l’appât du gain explique le manque dramatique de médecins dans certains secteurs. C’est un accroc flagrant au serment d’Hippocrate. Et c’est là où le citoyen est en droit de dire qu’on ne peut plus continuer ainsi.

Le cas des dermatologues mérite d’être relevé. Du bon côté de la dermatologie qui rêve de maladies de peau, seule l’acné juvénile est passée, du côté de cette branche de la médecine qui détecte l’apparition d’un cancer qui semble anodin. Les cancers de la peau comptent pour un tiers au moins des tumeurs. Et dans un pays qui vieillit… Cette spécialité-là est – avec l’ophtalmologie – en train de se réduire à la peau de chagrin, si on ose le jeu de mots.

Aujourd’hui, des milliers de dermatologues ne soignent plus, ils enjolivent. Le Conseil de l’Ordre des médecins ne délivre pas de diplôme national en médecine esthétique, en revanche, des Universités délivrent leurs certificats. Il est difficile d’évaluer le nombre de dermatos qui se consécrent presque exclusivement aux gestes qui repulpent les lèvres et joues, effacent les rides du front, tous ces praticiens de la médecine des seringues et lasers qui promettent la jeunesse éternelle. Au moins 3500 spécialistes de la peau selon les connaisseurs du dossier ! Sans compter des milliers de généralistes qui ont suivi les formations des laboratoires de produits injectables comme le botox, l’acide hyaluronique et la pratique de fils tenseurs. Résultat : la galère pour se faire soigner pour une affection.

Situation ubuesque et véridique quand, tout en vous faisant ses piqûres, le médecin vous dit « vous avez une petite lésion, là sur le nez…allez consulter… ». Mais il est dermatologue, c’est écrit sur sa plaque professionnelle ! Ou, en écoutant le répondeur du cabinet du docteur C. à Bayonne, l’annonce vous dissuade de rappeler – faute de lieu – sauf si votre appel concerne… un traitement esthétique. S’ensuit un numéro de départ pour le 06.

J’ai laissé la belle en cabinet médical exploser après le Covid. En se voyant sur la plateforme Zoom dans le cadre du télétravail, on se découvre avec une guule à la Picasso alors qu’on se voit avec un minois à la Renoir. Carcinomes et autres mélanomes n’ont qu’à bien se tenir. Avons-nous payé les études des médecins pour en arriver la ?

Rédacteur, Auteur, Journaliste | Plus de publications

Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *