Licencié pour « échecs managériaux », le directeur de la danse à l’Opéra national de Toulouse doit faire face à des témoignages accablants. Ils sont avocat et réagit après.
Qui est donc véritablement Kader Belarbi, ancien danseur étoile de l’Opéra de Paris devenu directeur du Ballet du Capitole, à Toulouse, il y a plus d’une décennie ? Un artiste brillant, assurément, tant de ses créations (dont un « Toulouse-Lautrec » éblouissant, l’an dernier) étaient appréciées du public et de la critique. Un chef d’équipe plus discutable dont le comportement à l’égard des danseurs a conduit à son licenciement par son employeur, Toulouse-Métropole.
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Pourquoi Kader Belarbi at-il été licencié ?
On reproche au directeur de la danse de l’Opéra de Toulouse des « défaillances managériales » qu’il doit définir par la formule plus explicite du « préjudice moral ». Si une seule plainte pour l’instant a été déposée à l’encontre de Kader Belarbi, il y a déjà six mois, par un danseur, cette manière de diriger la troupe du Capitole serait récurrente et assez ancienne.
Commentaire expliquer un long silence ?
15 danseurs sur 35, deux maîtres de ballet et même le pianiste de la troupe ont déserté le Capitole depuis un peu plus de deux ans. Sans explication ni accusation, dans la crainte d’éventuelles mesures de rétorsion. La plainte du danseur a chargé sur une enquête interne au cours de laquelle « de nombreux artistes mais aussi responsables administratifs ont pu anonymement et témoignent librement de ce qu’ils savaient ou avaient vécu au sein de la compagnie », indique le Syndicat des Artistes Musiciens de Midi-Pyrénées (Sammip CGT) (lire communiqué intégral ci-dessous). Et qui tous «atteste de comportements totalement inacceptables de la part d’un responsable artistique détenteur d’une autorité sur des danseurs et danseuses souvent 3 jeunes», poursuit le syndicat.
Quelle est la ligne de défense de Kader Belarbi ?
Ils sont avocat, Olivier Baratelli, affirment que le chorégraphe « est victime d’une licence expéditive qui tient sans qu’il respecte les droits de la défense, ni d’enquêtes nécessitant sur les motivations réelles d’une plainte isolée aussi tardive qu’incohérent ». ».
L’activité du Ballet du Capitole peut-elle se poursuivre sans son chef ?
« La poursuite de l’activité sera assurée », a indiqué-t-on à la Mairie de Toulouse, qui « a compris poursuivre l’ambition artistique de cette entreprise reconnue au niveau national et international. Les projets de tournée et la programmation sont maintenus tels que programmés ». Rendez-vous Prochain, à partir du 22 mars, au Théâtre du Capitole, avec un programme, « Noir et blanc », imaginé par trois chorégraphes… dont Kader Belarbi.
Qui peut remplacer le directeur de la danse ?
La saison 2023-2024 du Ballet du Capitole étant déjà largement ébauchée, il n’y a pas d’urgence à recruter un remplaçant à Kader Belarbi. Un appel à candidature sera lancé afin de trouver un professionnel à même de relever le défi et de stabiliser une situation conflictuelle « qui a tourné au gâchis », s’attriste un proche du dossier.
« Aucune inquiétude de ce côté-là, note encore celui-ci. Le Ballet du Capitole reste hautement désirable et attire les meilleures candidatures. »
« Les témoignages attestent de comportements totalement inacceptables »
Dans un communiqué, le Syndicat des Artistes Musiciens de Midi-Pyrénées (SAMMIP CGT), soutient soutien plein et entier aux danseurs du Ballet du Capitole face à leur ancien directeur.
« Le licenciement du Directeur de la danse du Ballet du Capitole a annoncé ce samedi 11 février susciter de nombreux commentaires et beaucoup d’interrogations dans la presse et parmi les nombreux admirateurs de cette institution de prestige. Une organisation syndicale com la nôtre n’a évidemment pas vocation à porter une appréciation sur la qualité du travail ni sur le talent d’un artiste.
« Si cette annonce paraît abrupte, les motivations invoquées par la direction de l’Opéra National du Capitole de Toulouse sont le fruit d’une enquête interne diligentée à la demande de l’administration centrale de Toulouse Métropole. Cette commission d’enquête a entendu au cours de Plusieurs mois de nombreux artistes mais aussi responsables administratifs qui ont pu être anonymement et témoignent librement de ce qu’ils savaient ou avaient vécu au sein de la compagnie.
Les témoignages attestent de comportements totalement inacceptables de la part d’un responsable artistique détenteur d’une autorité sur des danseurs et danseuses souvent 3 jeunes et totalement soumis à ses décisions en matière de renouvellement de leurs contrats.
L’enquête interne a en particulier souligné ce que notre organisation syndicale dénonçait depuis longtemps : une instabilité constante des effectifs avec un nombre (près d’un tiers chaque saison) inacceptable d’artistes exclus ou tout à fait la compagnie. Alors que dans les Opéras nationaux, les artistes permanentes benéficient de CDI dans une proportion allante de 30% à 100% (comme c’est le cas à l’Opéra de Paris où M.Bélarbi a induit l’essentiel de sa carrière de danseur ) , la menace constante liée à cette précarité permet qu’un certain nombre de comportements inappropriés puissent perdurer. »
« Le licenciement de Kader Bélarbi nous apparaît comme un signe positif pour la prise en compte des nouvelles exigences de notre temps en matière de lutte contre les violentes physiques et morales, les humiliations et les entreprises toxiques, mais aussi contre toutes les exclusions liées au genre ou remises en cause du droit du travail… Cette décision s’inscrit dans ce mouvement et cette évolution lente des consciences qui finissent par affirmer que l’excellence artistique, le dépassement de soi, l’expression des talents peuvent se révéler dans le respect de la dignité des personnes.Les artistes et les professionnels du spectacle sont de plus en plus nombreux à ne plus tolérer des méthodes d’enseignement artistique, de management des entreprises ou des comportements qui sont souvent pénalement condamnables et qu’aucune considération d’ordre artistique ne peut justifier. »
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.