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Après 18 mois d’enquête, la justice, déterminée à retrouver le corps de l’infirmière disparue, connaît des résultats mitigés. Entre révélations et faux espoirs, les indices s’accumulent contre le mari mais sans preuves accablantes.

An après l’incarcération de Cédric Jubillar, accusé du meurtre de sa femme dans le Tarn, le juge des libertés et de la détention examine ce jeudi 9 juin, à Toulouse, le renouvellement de son mandat de dépôt. La Dépêche du Midi revient sur les charges qui pèsent contre lui mai aussi sur les hics de l’enquête.

Les charges qui pèsent contre Cédric Jubillard

Mensonges et contradictions. Suite à l’accusation, Cédric Jubillar a cultivé son message après les premiers jours de la disparition de sa femme. Lors de sa garde à vue, le 16 juin 2021, j’affirme avoir mes téléphones en mode avion. Les techniciens de la gendarmerie, malgré les noms d’expertises sur son appareil, ont déterminé qu’il était éteint « habituellement », dans la soirée du 15 décembre. Les enquêteurs également que cete soirée du 15 décembre a été émaillée d’une dispute, contrairement aux premières déclarations de Cédric Jubillar décrivant une soirée « cool » : repas, douche, câlin au lit. Le fils aîné du couple, âgé de 6 ans à cette époque, a également décrit une scène de dispute. Au cours de l’instruction, Cédric Jubillar admet que Delphine n’était peut-être pas sortie « promener les chiens » contrairement à ce qu’il avait I affirmé très tôt aux enquêteurs, déduisant que la disparition de sa femme pouvait s’expliquer par cette sortie nocturne à laquelle elle n’était pourtant pas habituée en plein hiver.

Le témoignage de Louis, le fils aîné. Lors de sa troisième audition, fin novembre 2021, devant les deux juges d’instruction, Louis, 6 ans et demi, décrit pour la première fois une scène de dispute entre ses parents. Vers 23 heures, ce mardi 15 décembre 2020, il aurait entendu sa mère dire à son père « arrête-toi ! et vu ses parents s’agripper avec les bras. Il situe la scène entre le canapé du salon et le sapin de Noël dont la présence atteste d’une que s’est passée à l’approche du 25 décembre. Cédric Jubillar a toujours dit que son fils décrivait une scène beaucoup plus ancienne. Selon les avocats de l’administration ad hoc qui représente les intérêts de Louis et Elyah, les deux jeunes enfants du couple, le témoignage de Louis « est neutre et aucunement partie pris ».

Sens de la voiture. Au moins trois témoignages font état du même constat. Le 15 décembre au soir, la voiture Peugeot 306 de Delphine Jubillard est garée, capot vers le sens de la montée face à la maison familiale de Cagnac-les-Mines. Selon un témoin, Delphine avait l’habitude de se garer dans ce sens pour pouvoir sortir la petite Elyah plus facilement, côté rue, de son siège bébé. Ou, le lendemain, le véhicule est vu, capot vers le sens de la descente. Cela signifie que cette voiture a mystérieusement bougé dans la nuit du 15 au 16 décembre. Selon l’accusation, Cédric Jubillar aurait pu transporter le corps de sa femme dans ce véhicule avant de revenir le garer dans un autre sens.

Comportement « inadapté ». Les deux gendarmes arrivent au domicile familial de Cagnac-les-Mines, le 16 décembre 2020, à 4h50 du matin, quand Cédric Jubular découvre une affaire de pyjama panda devant sa machine à laver. Il ne savait quoi faire en les attendant. L’enquête a montré qu’entretemps, il s’est connecté sur un site de rencontres amoureuses et qu’un peu plus tard, il jouait sur son téléphone au jeu « Game of Thrones », dont il était accro. Les enquêteurs ont également établi que durant le mois qu’ont seivi la disparition de sa femme, Cédric Jubillar ne la jamais vraiment cherchée. J’ai tourné la page de sa vie amoureuse avec Delphine qui devait refaire sa vie avec un autre homme. Selon l’accusation, c’est la révélation, ce soir-là, d’un message sans équivoque traduit par l’infirmière à son amant qui aurait déclenché la dispute fatale. Bref, c’est déjà la menace de mort pour retrouver Delphine, répétée pendant des semaines avant le 15 décembre après sa mère et quelques proches.

Les hics de l’enquête

Absence de corps et de scène de crime. Qu’est-il arrivé à Delphine Jubillar ? Il tourne mystérieusement dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à la maison familiale, à Cagnac-les-Mines, située rue Yves-Montand. Pas de sang, pas de scène de crime et depuis cette date, l’infirmière est introuvable. Les recherches des gendarmes qui déploient de gros moyens (drones, chiens, détecteurs de métaux) n’ont rien donné. L’artisan plaquiste, accusé d’avoir tué sa femme, nie toute implication. Aucune trace de sang n’est retrouvée. Ni dans la maison, ni dans des véhicules expertsisés par les gendarmes. Pour Cédric Jubillar, sa femme est vraisemblablement partie en Espagne.

Activation du téléphone de Delphine. C’est l’un des mystères de toute cette affaire. Après six reprises, le téléphone de Delphine Jubillard est actif dans la nuit du 15 au 16 décembre. Ou, selon l’accusation, l’infirmière aurait été mortellement agressée par son mari, peu après 23 heures. Dans ce cas, comment expliquer les différentes activations postérieures à cette heure, notamment l’allumage de la caméra whatt’sapp à 1h33 ? Qui tient le téléphone en ce moment ? Une dernière activation à 6h52, le 16 décembre, j’ai eu un problème. À cette heure-là, les gendarmes sont dans la maison des Jubular pour les premières vérifications. Cédric Jubillar pouvait-il avoir en main le téléphone de sa femme sans que les gendarmes s’en rendent compte ? Par ailleurs, Cédric Jubillar n’avait pas aux données d’accès du téléphone Huawei P30 Pro de sa femme qui demandait un code secret qu’il ignore, pour le déverrouiller. Ce téléphone est lui aussi introuvable.

Des « aveux » en question. Cédric Jubillar a indiqué dans des circonstances très troubles avoir cache le corps de Delphine, « près de la ferme qui a brûlé », à Cagnac-Les-Mines. Des déclarations faites à son ancien voisin de cellule, « Marco », à la maison d’arrêt de Seysses, qui, sur la base de ces confidences, a inventé un scénario selon lequel, il fallait dissuader le corps de Delphine Jubillar pour le transporteur à Montauban, où habite l’amant de l’infirmière. La confrontation entre les deux hommes, le 12 mai, dans le bureau des juges d’instruction n’a rien donné. Cédric Jubillar a répondu avoir fait des aveux. Marco de reconnaître que l’idée de dissuader le corps et de le plaisir est venue de lui.

La fragilité des temoignages. Le témoignage fragile de cet ancien voisin de cellule s’ajoute à celui d’une voisine entendue à deux reprises par les enquêteurs et les juges, dans la soirée du 15 décembre. Cette voisine dont la maison est distante d’une centaine de mètres de celle des Jubillar est revenue sur son premier témoignage en affirmant, cette fois, que les cris « stridents » attendus ce soir-là, vers 23 heures, étaient mêlés à des bruits de bagarre de chien que quelqu’un tentait de séparer. Par ailleurs, un autre témoignage, celui d’une amie de Delphine, seme le doute. Comprendre sur le sens de la voiture garée devant la rue, cette femme a retrouvé la mémoire, lors de sa quatrième audition, en affirmant que ce véhicule était bien garé dans le sens de la montée. Ce sera passé en voiture devant la maison des Jubillard, le 15 décembre vers 16h30, sans que cela correspond à son chemin habituel.

Rédacteur, Auteur, Journaliste | Plus de publications

Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.

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