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Un adolescent pris en charge dans un foyer situé à Pamiers est en cavale depuis fin janvier. Elle pourrait se passer à Toulouse. Pour sa famille comme pour ses éducateurs, l’inquiétude est très vive. Un appel à témoins est lancé par son père.

Le 25 janvier, Manon*, 15 ans et née en Belgique, a disparu du foyer où elle était prise en charge depuis un an à Pamiers. Cette adolescente qui a déjà fugué par le passé pourrait se trouver à Toulouse où son petit ami est domicilié. Mais jusque-là, elle avait toujours donné de ses nouvelles, notamment à sa grand-mère. « Ça n’a jamais été aussi long et c’est ce qui nous interpelle. Je m’inquiète fortement, surtout en raison de son état de santé. Elle souffre d’une anémie très sévère qui lui a fait perdre beaucoup de poids », explique son père, domicilié à Foix. La mère de Manon étant décédée par le passé. Mais ce qui affole plus cet homme, c’est le dernier appel qu’il a reçu de sa fille.

«Elle hurlait à la mort»

« Le 9 février, elle a fait appel mais sans me parler directement. On l’entendait juste hurler Arrête de me frapper ! Elle hurlait à la mort… Je criais Dis moi juste où tu es? mais la communication a été coupée. Un peu plus tard, elle m’a envoyé un texto pour me dire que c’est juste une soirée qui s’est mal terminée. Et depuis, plus rire. J’ai même appelé l’ambassade de Belgique mais on n’a aucune nouvelle. C’est très dur à vivre », poursuit son papa qui assure avoir déjà vu Manon revenir avec un bleu sur le visage. Selon lui et d’après les confessions de sa fille, elle pourrait être maltraitée par son petit ami. « Suite à sa fugue de septembre, elle a habité avec lui et a repris contact avec moi en novembre. Elle revenait régulièrement à la maison et ça se passait bien. J’essayais de la remettre dans le droit chemin et elle reconnaissait certaines de ses erreurs. C’était assez plaisant. En janvier, le juge a décidé qu’elle pouvait revenir ici un week-end sur deux. Sur essai de trouver des solutions. Elle a passé un week-end avec nous et après, plus rien », poursuit-il.

J’ai contacté le commissariat de Pamiers n’a pas souhaité commenter ce dossier. Mais en raison de la minorité de Manon, une enquête pour inquiétante a été ouverte par le parquet de Foix. En effet, l’identité de l’adolescent est désormais inscrite dans le fichier des personnes recherchées.

La jeune fille est inscrite au fichier des personnes recherchées.
RD

Au foyer, vos éducateurs reconnaissent ce « trois, trois soucis ». Certes, la fugue était presque devenue « un mode de fonctionnement » pour Manon. Mais eux aussi parvenaient toujours à obtenir des nouvelles par le passé. Si le père de Manon fouette le délai de signalement de cette nouvelle disparition, les professionnels qui la suivent rappellent qu’il existe des procédures à observer avec « une gradation de risques ». Et en l’occurrence, Manon, placée par les autorités suite à un « gros conflit familial » et « un parcours très, très difficile », est coutumière du fait.

« Nous ne sommes pas un établissement fermé ni médicalisé »

« Nous ne sommes pas un établissement fermé ni médicalisé, ce qui correspond à sa situation. Ici, il n’y a pas de barreaux aux fenêtres et contient physiquement ses allées et les lieux pourraient être assimilés à la maltraitance. On travaille en lien direct avec la protection judiciaire de la jeunesse, le juge des enfants et le conseil départemental, ne dépend pas de l’aide sociale à l’enfance. Pour nous, le plus important est de trouver un établissement adapté à la situation. Elle a besoin d’être éloignée de certains réseaux pour se recentrer sur elle-même », observent les responsables du foyer. Or, il appareil qu’aucune structure ariégeoise n’est adaptée au cas de Manon qui est d’ailleurs décolarisée.

Alors à Pamiers, les éducateurs organisent des sorties, des activités manuelles, sportives, des échanges avec les aînés, des ateliers autour de la recherche d’emploi et on en passe. Mais «l’adhésion» du jeune est indispensable pour envisager l’avenir. « Et le projet éducatif personnalisé est basé sur la scolarité. Aujourd’hui, la moitié des enfants et adolescents que l’on accueille ont arrêté l’école. Donc on a besoin de partenariats, notamment avec l’Éducation nationale, souligne la direction de l’établissement. La trouver n’est pas toujours un problème mais qu’est-ce qu’on fait après ? »

Manque de ressources : l’espoir de la loi Taquet

Au sein du foyer où Manon est prise en charge, 44 enfants et adolescents, âgés de 5 à 18 ans, exprime des besoins « très hétérogènes ». Du bain de bébé à la rédaction d’un CV. Chaque éducateur doit prendre en charge entre 7 et 10 de ces jeunes. « Come un parent isolé qui aurait 7 enfants », observant ces professionnels qui ont clairement besoin de plus de ressources. L’espoir pourrait venir de la loi Taquet qui vise à améliorer le quotidien des enfants placés par l’aide sociale à l’enfance, éclaboussée dernièrement par plusieurs scandales révélés par nos confrères de M6 et relayés notamment paire le monde. « Mais qui finance cette loi ? Ce seront les conseils départementaux… Ici en Ariège, nous sommes entendus et les négociations autour du contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens sont en cours. Et au-delà de ça, on a de plus en plus de mal à recruteur, comme dans le secteur médical. Notre mission première est au service du département, tout à s’adapter pour construire quel quel quel choisi et proposer une solution à chaque jeune », note la direction du foyer.

Rédacteur, Auteur, Journaliste | Plus de publications

Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.

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