l’essentiel
Vice-champion du monde (1998) et vice-champion d’Europe (1997), finaliste olympique (2000) sur 200m 4 nages, Xavier Marchand a été l’une des figures des Dauphins du TOEC et de l’équipe de France. Père de Léon Marchand, le nouveau prodige de la natation tricolore, il vient de vivre l’incroyable ascension de son fils lors des championnats du monde de Budapest, où Léon s’est installé sur les sommets de la planète natation. Entre l’émotion du père et l’admiration de l’ancien champion, Xavier Marchand est lâché à « La Dépêche du Midi ».

Quelle est la réaction du père face aux performances de fiston ?

C’est assez extraordinaire, ce n’est pas facile à dire, c’est tellement exceptionnel. Je ne sais pas comment l’exprimer. Léon est un enfant qui m’a le plus scotché, loin devant les champions du monde. Là, il vient de réaliser quelque chose encore un peu plus extraordinaire.

Et l’analyse de l’ancien champion que vous êtes ?

C’était il ya plus de 25 ans, je ne suis plus trop champion (rires). C’est bien ce que réalise Léon, il est beau à voir nager, tout ce qu’il fait, il le fait correctement, il s’améliore toujours ce qui démontre qu’il est costaud, il est impressionnant. Il est toujours en progression que ce soit sa technique, ses coulées, ses virages, ses respirations. Tout fonctionne bien. Je pensais avoir trouvé la personne qui correspondait avec Bob Bowman (1) mais avant de rejoindre les Etats-Unis, Léon était resté beau nageur, il avait réalisé un très bon travail avec Nicolas Castel (2).

Est-ce que vous imaginez que Léon obtienne les résultats lors de ces championnats ?

Franchement oui, j’imaginais le voir battre le record d’Europe du 400m 4 nages. C’était en plus une belle image de le battre à Budapest, le pays de Laszlo Cseh, le détenteur du record d’Europe (4’06 »16 en 2008, NDLR). Je le voyais le battre d’un centième sauf que Léon a fait mieux, bien mieux (4’04 »28, NDLR). Franchement, j’ai l’impression que le pouvait le faire mais je ne pouvais pas dire à tout le monde (il souffle). Je ne voyais pas aussi rapide, il me suprend à chaque fois peut-être parce que c’est mon fils. More than soit in course, that soit dans les études où il ramène une mention « très bien » au Bac alors qu’il n’avait pas travaillé plus que ça, il n’y a jamais d’accroc, ça a toujours I roll correctement. Je me souviens de ses premières courses chez les juniors où il battait les meilleures performances françaises sur 5 ou 6 courses. Et là, il fait pareil au niveau mondial ! Il est scotchant, c’est un peu un extra-terrestre, il prend une autre dimension.

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Quel est le parcours de Léon qui vous a le plus impressionné lors de ces Mondiaux ?

(sans hésiter) Le 400m 4 nages ! Sachant ce que c’est, l’entraînement qu’il faut pour le tenir, la vitesse, l’allure, la gestion, etc, c’est très fort. Moi je le bouclais en 4’21 » et lui, il claque 4’04 »28, ça va rester gravé dans ma mémoire. Et pas que.

Léon Marchand à l’arrivée du 400m 4 nages. Première médaille mondiale.
AFP

C’est-à-dire ?

Le soir de son titre mondial, avec des amis, nous avons été dans un bar de Budapest dans un vieil immeuble avec des parties à ciel ouvert où les gens peuvent écrire sur les murs. Il y a pas mal de lieux comme ça là-bas. Une âme s’est introduite et comme nous n’avions pas de stylo, à l’aide d’une pièce de monnaie, nous avons gravé sur un mur de l’immeuble son chrono « 4’04 »28″.

Passons au 200m 4 nages qui sont votre parcours préféré. Il l’a nagé comme vous, en faisant la différence dès la laiton. Léon est bien le fils de son père.

C’est vrai, il a cette force d’accélérer sur la brasse et de bien relancer. J’aurais d’ailleurs aimé le voir sur le 200m laiton.

« Que je suis avant la finale du 400m 4 nages rejoindre le plot 4, je savais qu’il allait gagner »

Il serait plus fort que sur 200m papillon ?

Je ne sais pas mais le 200m brasse ne tombe pas bien dans le programme. Ils ont fait un choix avec ses entraîneurs et ce fut le bon car il aurait eu la demi-finale du 200m brasse juste avant la finale du 200m 4 nages. L’idéal, c’est d’avoir avant une finale et ensuite une demi-finale. More pour en revenir au 200m papillon, il a battu le record de France de Franck Esposito, ce n’est pas rien.

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En parlant de record, le record du monde de Phelps sur 400m 4 nages (4’03 »84) au grand port est battu.

C’est incroyable ! C’est un record de fou. Quand Phelps est arrivé à Pékin, tout le monde disait que c’était inbattable. Et là, Léon est à 4 dixièmes… Voilà, ce n’est pas fini, on ne va pas sleep encore !

En quoi votre fils at-il transféré aux États-Unis au contact de Bob Bowman ?

L’expérience des études aux États-Unis, c’est déjà l’expérience de la maturité pour lui. À Toulouse, il était dans son cocon familial. Là, il gère tout seul, son argent, ses papiers, laver ses vêtements, son logement, bref, il se démerde. Il apprend la vie en communauté. Quant à Bob Bowman, il l’a bien accueilli, ne l’a pas brusqué. J’ai lu qu’il disait qu’il avait le sentiment d’accueillir un « petit enfant ». Donc il lui a laissé le temps de prendre ses marques. Après, Léon travaille différemment beaucoup plus en qualité et en intensité un peu moins en quantité. Il a des séances hyper ludiques et ça plaît à Léon qui est très demandeur. Il a toujours un truc à améliorer.

AFP

Cette réussite soudaine, cet engouement médiatique autour de votre fils, les sollicitations, ça vous fait un peu peur à vous, ses parents ?

Un peu peu. On va voir comment gérer ça. Mon téléphone surchauffe et pourtant, ce n’est pas moi qui ai nagé. On va voir comment gérer tout ça, on fera comme on peut.

Il croyait que Léon soit expatrié aux Etats-Unis, ce n’est pas plus mal pour le protéger.

Oui, ce n’est pas plus mal. C’était aussi une des conditions de son départ à Phoenix. Vous économisez, Léon n’a pas eu besoin de faire des médailles mondiales pour avoir huit pages dans « L’Equipe Mag ». Il sera un peu plus tranquille à Phoenix. Ça fait partie de la réflexion car avant les JO de Paris, on parlait déjà de lui comme un prodige. J’espère que le fait d’être aux Etats-Unis vous protégera.

Est-ce que vous avez ses finales révisées ?

Oui, forcé ! Moi, j’aime bien voir tous les détails, analyseur. Je suis plutôt positif dans mes critiques, je pensais que je pouvais me permettre de lui dire mais j’avoue que j’ai mis du temps à le faire. Mais là, 4’04 »28, qu’est-ce que tu veux dire ? C’est monstrueux, je suis sans mot !

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Avez-vous pleuré devant ses exploits ?

C’est difficile à expliquer. J’avais les larmes aux yeux, oui. C’est très fort ce que vous ressentez en voyant votre fils, c’est inexplicable.

Les Jeux Olympiques de Paris vont très vite arriver. Il vavoir une énorme pression à supporter désormais.

C’est clair, il le dit d’ailleurs et c’est bien. Il est déjà le favori et il voudra être à la ligne 4. Il y a donc une forme de pression à gérer. Et ça fera partie de son entraînement pour Paris. Être là pour avoir la ligne 4 en finale. Il a déjà commencé à faire à Budapest. Je vous vous dis, à Budapest, quand j’ai vu avant la finale du 400m 4 nages rejoindre le plot 4, je savais qu’il allait gagner. Il a fait ça à son rythme, il s’est déshabillé à son tempo pendant que les autres attendaient. Faire ça en finale, chapeau, c’est très fort.

(1) Ils sont entraîneur à l’Arizona State University, à Phoenix (Etats-Unis)
(2) Ils sont entraîneur aux Dauphins du TOEC et en équipe de France

Rédacteur, Auteur, Journaliste | Plus de publications

Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.

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