l’essentiel
Le dernier rapport du Conseil d’orientation des infrastructures remis au gouvernement le 24 février a fait souffler un vent d’inquiétude en Occitanie. Un des cénarios évoque le rapport de deux ans des lignes à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Montpellier-Perpignan. Matignon s’est voulu rassurant, confirmant le respect du calendrier prévu.

Comme un arbre cachant la forêt… De la remise du rapport du Conseil d’orientation des infrastructures (COI) à la Première ministre le 24 février dernier, on avait surtout retenu l’annonce spectaculaire d’un plan de 100 millions d’euros d’ici 2040 pour le transport ferroviaire, dont une première concrétisation inattendue devrait être le lancement des « RER métropolitains » dans les grandes agglomérations françaises. On n’avait en revanche pas bien vu l’hypothèse d’un rapport de la mise en œuvre des LGV Toulouse-Bordeaux et Montpellier-Perpignan…

Explications : pour mener à bien le vaste chantier de cet investissement colossal de 100 milliards d’euros, le gouvernement entend prendre sur la base, parmi les propositions du CIO, un scénario dit de « planification écologique ». « Le ICO a émis trois scénarios. Le premier est un scénario de contrainte budgétaire, le deuxième est axé sur le ferroviaire et le troisième est trois intensifs en matière d’investissement dans les infrastructures. Nous allons travailler sur le second, qui est aussi le scénario le plus écologique », précise Matignon.

Le scénario en question s’éloigne du cadrage budgétaire réel pour ajouter des investissements jugés « les plus pertinents pour faciliter le rapport modal (de la route vers les transports collectifs, NDLR) et la décarbonation ». Il donne notamment la priorité à la modernisation du réseau ferré et aux transports du quotidien.

« Différer de deux ans environ les lignes nouvelles Bordeaux-Toulouse et Montpellier-Béziers »

Là où le bât blesse pour les Occitans, c’est ce qu’écrit le Conseil d’orientation à proposer des futures LGV. « Le scénario d’aménagement écologique préalable à l’engagement dans les livraisons anticipées pour la LOM (loi d’orientation des mobilités), du premier quinquennat des opérations pertinentes de l’aménagement du réseau structurant et des nœuds ferroviaires (GPSO – AFSB et AFNT* ) », écrit le COI avant de poursuivre. « Cette étape mène en revanche, car ne mobilise pas trop rapidement des enveloppes supérieures à celles attribuées par la LOM, comme l’exige le mandat du CIO, à différer de deux ans environ les lignes nouvelles Bordeaux-Toulouse et Montpellier-Béziers par rapport aux attentions Les autres phases de ces projets (branche de Dax), et les autres projets (LNPN, LNO BPL**…) seraient étalés dans le temps, en privilégiant d’abord les opérations de désaturations des lignes et nœuds », peuvent-on lire donnez-lui du rapport.

Autrement dit, la mise en service de la LGV entre Toulouse et Bordeaux, accordée pour 2032 par la société de projet, serait donc décalée à 2034…

LGV Toulouse-Bordeaux

Un constat qui réjouit d’emblée les opposants à la LGV du Sud-Ouest qui possédaient fin janvier à Bordeaux avec à leur tête le maire écologiste de Bordeaux Pierre Hurmic. Le Collectif des Associations de Défense de l’Environnement (Cade) du Pays-Basque et du sud des Landes, qui vient d’écrire à la Première ministre, juge, lui, que « la voie de la sagesse est à la modernisation des voies existantes sous-utilisées », c’est-à-dire l’abandon des LGV.

Matignon rassure sur le calendrier

Disons-le clairement, un tel rapport de deux ans serait inacceptable. La patience des Toulousains comme celle des Occitans a atteint ses limites. Comment justifier que Toulouse, l’une des métropoles les plus dynamiques du pays, que l’Occitanie et ses 6 millions d’habitants n’aient pas de TGV pour rejoindre Paris ? Comment expliquer à quelle heure ou à contre-jour le réchauffement climatique que nous menons pour préférer le train à l’avion, les Toulousains et les Occitans se retrouvent dans le désert ferroviaire de la grande vitesse ? Il y a la de l’injustice et du mépris car si Bordeaux, Lyon ou Marseille benéficient de TGV, il semble aussi que ces derniers ont été financés partie par les impôts payés depuis des années par les contributables Occitans…

Par ailleurs, le bouclage financier du GPSO a été réalisé : quelque 14 milliards d’euros sont nécessaires pour construire les 327 kilomètres de lignes nouvelles sont financiers (40% apportés par les collectivités locales, 40% par l’État et 20% par l’Europe ).

« Si la volonté d’accélérer sur les mobilités du quotidien est primordiale, je rappellerai à la Première ministre que le développement du RER métropolitains en Occitanie passe impérativement par la création de nouvelles lignes entre Toulouse et Bordeaux et entre Montpellier et Perpignan. Ils leur permettent d’augmenter les trains quotidiens sur les lignes actuellement saturées et même de diminuer le nombre de voitures et de camions circulant sur nos lignes », selon la présidente de la Région Occidentale, Carole Delga, dès la publication du rapport du COI qui a fait souffler un vent d’inquiétude.

« Concernant le GPSO, le calendrier établi par le CIO n’est qu’une base pour les discussions futures sur l’ensemble des projets. Mais le gouvernement n’entendait pas revenir au calendrier défini avec les collectivités locales », tenu à rassurer Matignon.

Face aux élus et aux acteurs économiques de la région qui affichent un front uni, face aux habitants qui attendent le TGV depuis des années, la sagesse commande effectivement de respecter la parole donnée et de réaliser les travaux, sans retard…

* Grand Projet du Sud-Ouest, Aménagements ferroviaires au Sud de Bordeaux, et au Nord de Toulouse
** Ligne nouvelle Paris – Normandie, Liaisons nouvelles Ouest Bretagne – Pays de Loire

Rédacteur, Auteur, Journaliste | Plus de publications

Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.

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