Poursuivi en récidive après avoir tué en 2003, Morgan Rocca vient d’être condamné ce mercredi 22 mars à 30 ans de réclusion criminelle dont 20 années de sûreté par la cour d’assises de la Haute-Garonne. À l’aube du 26 octobre 2019, assommé par les drogues, il a sauvagement tué son amant à Carbonne, au sud de Toulouse.
« En septembre, j’étais jaloux 23 ans que je me pose des questions, que je demande pourquoi ? ». Des larmes coulent sur le visage de Morgan Rocca. Les noms de Nicolas, sont « meilleur ami » tué en septembre 2003 dans le Var et de « Daniel », mort à Carbonne le 26 octobre 2019 par la salle de la cour d’assises de la Haute-Garonne. Morgan Rocca s’excuse, encore.
Deux crimes presque similaires, 40 tasses de couteau et beaucoup de drogue, separes par seize années dont quatorze passées en détention. Morgan Rocca est sorti de prison en 2017. Ceux qui étaient semi-libertaires pouvaient avoir un bracelet, un court retour derrière les barreaux à cause, encore, des stupéfiants puis une nouvelle chance.
« Je suis perdu dans mes addictions »
« Quand j’ai de la chance, je ne peux pas abandonner le Var avant mes parents. Je suis perdu dans mes addictions », confie l’accusé. Cette dérive l’a conduit tout droit vers un nouveau passage à l’acte au bout d’une nuit noyée sous les toxiques les plus diverses et un plaisir sexuel débridé.
Pourquoi ce nouveau passage à l’acte ? La question, posée et reposée pendant les deux jours de débats, demeure sans réponse. Ces silences, les parties civiles les ont regrettés, leur ont reprochés. Mes Angelique Florenza, Emmanuel Dinguirard et Eric Mouton portent la douleur d’une petite fille, d’une mère restée au Portugal, d’une famille dont le deuil ne peut s’appuyer sur aucune explication cohérente. «Dissimulation», reproche à l’accusé l’avocat général Hervé Lhomme. «Impossibilité», répond ses défenseurs, Mois Julie Racoupeau et Louis Weinling-Gaze.
« Au regard de l’importante dangereuseosité criminelle de l’accusé, soulignée par les experts, de la sauvagerie dont il a fait preuve une deuxième fois, je ne ndrais pas le risque d’un troisième drame », Avertit le porte-parole de l’accusation qui reproche: « Sans remors ni empathie, même la récidive ne l’interroge pas! ». Est requis « sans surprise », selon son expression, la réclusion criminelle à perpétuité.
« Tout le monde l’aimait, lui détestait »
Cette peine « d’exclusion », la défense veut l’écarter.. « Jamais Morgan Rocca n’a contesté sa responsabilité. Jamais il ne s’est montré mutique sur les faits. Il cherche, ne trouve pas. Penser que la thérapie en prison peut l’aider, c’est se voiler la réalité du manque de moyen », a soutenu Me Weinling-Gaze.
Cette toxicomanie, « vraie maladie qui ne se soigne pas seulement par la volonté », prévient Me Racoupeau, la défense aimerait pouvoir l’expliquer. « Nous attendons les réponses des experts. Nous n’en avons aucune. » Alors l’avocate cherche dans l’enfance, « Dans ce paradis promis à Bormes-les-Mimosa, tout le monde aimait Morgan Rocca, lui se détestait. Le début de la fuite dans la drogue. » Et avec ses crimes, Me Julie Racoupeau s’interroge : « Inconsciemment, n’est-ce pas lui qu’il frappe, qu’il rejette ? » Avant de réclamer aux jurés « un espoir ».
Le cours délibéré dure 4 heures. Morgan Rocca est condamné à 30 ans de réclusion criminelle pour 20 ans de certitude – il ne peut pas attendre une demande conditionnelle avant 2039. Il n’a pas regardé. Les proches de la victime sont restés, comme tout au long des débats, très dignes.
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.