Depuis un mois, les connaisseurs des soirées L1 et Ligue des Champions évoluent dans les universités et accompagnent les championnes d’Europe féminines, retransmises en intégralité par la chaîne crypto. Pour La Dépêche, Laure Boulleau (35 ans) de Canal+, latéral gauche entre 2005 et 2018 dans le club de la Capitale, présente la compétition et une partie de l’évolution du foot féminin aujourd’hui, dimanche 10 juillet, les Bleues débutent leur tournoi face à l’Italie.
Ça y est, la fête a commencé ! Vous êtes impatiente, on imagine ?
Bien au sud. Même si j’ai encore plus hâte d’assister à l’entrée en lice de l’équipe de France. Présent, mercredi, pour le match d’ouverture Angleterre-Autriche (1-0), Old Trafford – un nom mythique – était à guichets fermés. Bref, je sais qu’il existe une compétition féminine qui peut dépasser une telle envergure.
Le Mondial-2019 avait déjà été sympa…
…(son coupé) Super, vous voulez dire. On s’est pris au jeu, achèvement. Lorsque le niveau, international dans l’occurrence, est homogène, l’attraction est au rendez-vous. Naturellement. Ensuite, au contraire, on a été déçu car on a pu surfer sur l’événement. Le soufflé est un peu retombé : en France, le championnat n’est pas encore prêt – économiquement parlant entre autres. Les stades ne sont pas grands, ne sont pas pleins… Foot masculin et féminin correspondant à deux marchés de maturité différente, je dirais. Maintenant, c’est normal, le pied féminin a déjà tellement progressé. Quand on regarde avec du recul, la trajectoire est même assez dingue. Je vois plus le chemin parcouru que le reste du chemin, moi qui ai connu une première partie de carrière non professionnelle.
Allez, on a ouvert le débat : les femmes doivent-elles être payées comme les hommes ?
Ce n’est pas une question de sexe ! Je reviens à ce que j’explique. L’économie est aux antipodes : chez les hommes qui gagnent des millions il y a tout un monde différent, des produits dérivés, des enjeux financiers colossaux. Nous les femmes, nous sommes encore tout jeunes, enfin. On ne peut pas comparer ; ce serait une erreur même. En tout cas, c’est ma vision.
« On ne regarde plus les filles qui jouent au pied avec de gros yeux »
Considérez-vous at-il changé sur le football féminin depuis la Coupe du monde en France ?
Clairement. Tout n’est pas encore joué. Mais les mentalités ont évolué : on ne « nous » regarde plus avec de gros yeux. La médiatisation et est pour beaucoup. Il y a plein de petits signes, aussi, qui sont de grands symboles : de nos jours, à titre d’exemple, j’ai autant de petites filles que de garçons qui fument des photos avec moi…
Entrons dans le vif du sujet : commentez-vous cette équipe de France ?
Pluton bien. Mais avec pas mal d’humilité – car on n’a jamais gagné de titre. Même, on n’a plus atteint les demi-finales d’une grande compétition après les JO-2012 à Londres (Élimination 1-2 par le Japon). Après, on doit être conscient de notre capacité à se dépasser. À chaque fois, je l’ai vécu, ce n’est pas qu’on soit passé au travers mais l’événement nous a « rongées ». Là, j’ai la sensation que la jeunesse, une fougue, l’innocence permettra aux filles de se libérer afin de nourrir aucun regret. C’est le moment, oui, de montrer les crocs. Et décupler nos performances. Pour viser le dernier carré.
En Qualifications, les Bleues n’ont encaissé aucun mais !
Évidemment la France reste un favori, pas le favori.
Le groupe est accessible, mais il n’est pas nécessaire que ce soit contre le premier match de l’Italie…
C’est une nation qui « grimpe », en effet. Ils sont championnat passe pro la saison prochaine. Les Italiennes avaient fait forte impression au dernier Mondial en se hissant jusqu’en quarts de finale. Ce sont des entrées dans une autre dimension, les débarquent avec un autre statut. Et ce sera très certainement notre adversaire de poule le plus compliqué (Belgique et Islande complètent le quatuor).
« Angleterre, Allemagne et Espagne sont armées pour aller au bout »
Qui sont les autres prétendants à la victoire finale ?
L’Angleterre, sur un déjà parlé, soutenu par la ferveur populaire. L’Allemagne, valeur sûre, souvent au rendez-vous. Peut-être aussi l’Espagne [malgré la perte de sa Ballon d’or Alexia Putellas, blessée à l’entraînement cette semaine avant le début du championnat].
Retrouve-t-on des similarités avec le jeu des garçons ?
Totalement. Les Italiennes sont malines, voire vicieuses. Affichent une culture tactique de ouf. Les Allemandes ont tout du rouleau compresseur sans pitié.
Un petit mot sur la sélectionneuse Corinne Diacre, qui a essayé pas mal de critiques amont de la compétition.
Je ne vais pas et ne veux pas tomber dans ce mode de la taxe de Jacquet des filles, quoi. C’est insupportable. Il faut apprendre à connaître. C’est vrai qu’elle s’est renfermée ; plus de communication n’a rien à voir avec les compétences. Elles sont bilan à la tête des Bleues est quand même positive (59 matches après 2017 : 49 victoires, 5 nuls, 5 défaites). Je l’ai côtoyée un tout petit peu coéquipière en sélection puis en tant que coach-adjointe de Bruno Bini, j’avais de bons rapports avec. Après, elle a fait des choix, qu’elle assume; elle a tranché en ne prenant pas Amandine Henry. Même si j’adore Amandine qu’est une footballeuse extra, elle a fait des déclarations dans la presse et, du coup, cela peut biaiser l’élément de confiance. Et lorsque tu es entraîneure, le moindre doute dans ton groupe est impossible.
La star, c’est Katoto !
Les chiffres le prouvent, son post le prouve. Elle vient de démissionner dans son club du Paris-SG, sur un vu toute l’ampleur que cela a généré. Je pensais qu’il était vrai de dire que cela avait à voir avec les résultats de leur équipe. Je crois que c’est la première fois de l’histoire qu’on une ataquante aussi forte. Elle m’a fait penser à Américaine Wambach (2003-2015). Dès qu’il y avait un ballon dans la surface, c’était l’enfer pour l’équipe adverse. Quoi qu’on en dise, quand on a une finisseuse, dans les grands rendez-vous ça change tout ! Marie-Antoinette à un jeu de tête, un gabarit. Ouah.
« Chez les filles, ça chambre aussi… »
En parlant de dimension athlétique, au passage, les filles taclent rarement…
Bon, il faut sortir de ce cliché-là. Il y a peut-être moins d’engagement physique, pour autant nous ne sommes pas non plus des enfants de choeur. La preuve : ça chambre aussi entre filles, je vous rassure…
Quid du milieu tricolore ?
Il y a un élément clé, c’est Grace Geyoro (PSG) qui est, à mon sens, une des toutes meilleures à son poste dans le monde. Elle est garante de la maîtrise, clairement. Comme l’est Wendie Renard (OL) derrière.
Quelle est la meilleure joueuse de la planète ?
C’est dur. Moins faciliter que chez les gars où les noms arrivent de suite… On pourrait à brûler-pourpoint penser à Alexia Putellas, qui a aussi rapporté la Ligue des champions en 2021, more, franchement pour avoir joué contra elle, elle ne m’to jamais vraiment subjuguée…
« Les gardiens hommes mesurent 2m ! »
Le poste de gardienne soustraire le talon d’Achille, non ?
Il a évolué, c’est mieux ; Les entraînements devenus spécifiques sont rentrés dans les mœurs. La visite sera intéressante lorsque le poste sera observé. Chez les hommes, les buts mesurent 2m ; chez nous il y a rarement des femmes de cette taille-là. C’est aussi une question de gabarit, vous voyez…
On féminise tous les termes, au fait ?
Oui oui. Plus on ouvre les mots, moins il et aura d’ambiguïté.
« Vive l’Occitanie ! »
Avec Albi-Marssac, Montauban et le TFC qui évoluent en D2 la saison qui s’ouvre, plus Rodez qui revient en D1, même si c’est l’une des 8 Espoirs Féminines qui, à la rentrée, est passée de Blagnac à Castelmaurou, l’ancienne La région Midi-Pyrénées est assurément une terre de foot féminin. Il n’y a pas eu besoin de forcer notre interviewée pour qu’elle lâche un « Vive l’Occitanie ! » : « Ah, chouette les Rafettes remontent puis, Toulouse, j’y suis venue jouer un paquet de fois… Votre territoire est très bien représenté. Cette année, j’étais la première marraine de »Sensationnelles », programme de la FFF En partenariat avec l’Intermarché visant à mettre en lumière les initiatives féminines. Et Montauban a été un des 9 lauréats. Tout ne se passe pas à Paris! Ce pied de campagne, rural, tent me à cœur: j’y suis née puisque j ‘ J’ai fait mes débuts à Riom en Auvergne. Je sais que le football amateur peut m’apporter quelque chose, et que je le rendrai. »
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.