Le tribunal judiciaire de Foix, en Ariège, a relaxé, le 23 février 2023, un « artiste » anti-vaccin, soupçonné de violences sur le personnel des Saints et Saints, qui a été envoyé par dizaines des cartes postales impliquant pas un jeu croisé. « La violence n’est pas caractéristique », a estimé le juge.
Une croix gammee noire, marron et blanche, sur des peintures d’un certain Jérôme Bosch et le texte « Covidis Disputatio » sur le recto. Au verso, des inscriptions « en hommage au professeur Montanier, à la mémoire des victimes de la vaccination, au souvenir du Code de Nuremberg et de la Déclaration d’Helsinki. Liberté de prescrire, liberté vaccinale. »
Le mis en cause avait envoyé des dizaines de cartes postales de ce type.
C’est l’étonnante maquette de dizaines de cartes postales qu’ont reçues au moins 26 plaignants qui ont déposé plainte devant les services de gendarmerie de l’Ariège. Des soignants d’abord, à la fois infirmiers, médecins, pharmaciens et directeur d’Établissement d’hébergements pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) des quatre coins du département. Des élus aussi, plus particulièrement des maires. Le tout entre juillet et septembre 2022 avec, comme seule signature, deux initiales : AG C’est ce qui a conduit Alain, 78 ans, à la barre du tribunal de Foix, jeudi 23 février 2023, suspecté de « violences sur personnels de santé et dépositaires de l’autorité publique ».
« C’est comme si c’était une lettre ouverte à la société civile »
Le prévenu habite lors de la prévention des faits à Gaillac-Toulza, en Haute-Garonne. « Mais j’ai commencé en mai 2022 en Gironde », a expliqué le septuagénaire, main dans le dos, barbe et cheveux blancs devant la juge. « Je me suis centré sur l’Ariège para rapport à mes activités artistiques. Je n’ai jamais tenu de comptabilité, mais j’ai envoyé en grande partie plus 150 œuvres de ce type. »
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Lors de son audience, le mis en cause a été longuement interrogé, d’abord par la présidente puis par le substitut du solicitor de la République de Foix, Benoit de Saintignon. « Pourquoi avoir choisi ce type d’expression et non pas dans les médias ou les réseaux sociaux ? », demande le juge. « C’est comme si c’était une lettre ouverte à la société civile. C’était l’envoi d’un message d’alerte. Mon intention n’est pas de menacer ou violenter », a répondu le septuagénaire.
« Ceci n’est pas dans une démarche d’avis », a assuré l’avocat
« Et pourquoi autant de délais entre le début de la crise du Covid et le début des expéditions ? Là encore, le prévenu se défend : « Il a fallu le temps de traduire, caractérisé en images ce que nous venions de vivre. 70 ans, pour la raison qui m’inquiète. Je suis physiquement menacé. Sur le droit de refuser une expérience médicaments », pensai-je.
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Outre le fond du message, c’est bien la forme qui a retenu le plus l’attention des parties poursuivantes. Un élément choquant le ministère public : la croix gammee. « Ceci n’est pas un procès d’opinion. Vous n’êtes pas là par rapport à votre opposition à la vaccination mais par rapport au mode opératoire. -Il martelé lors de ses réquisitions. Cela ne laisse pas place au débat avec les professionnels de santé que vous visez puisque l’envoi est anonyme à sens unique. Il y a donc un doute sérieux de la part des récepteurs sur les intentions de la personne On a d’ailleurs je comprends le choc émotionnel des victimes à la barre » , at-il expliqué.
« L’impression d’avoir commis un crime contre l’humanité »
Deux des 26 suspects se sont déplacés et ont accepté de témoigner pendant quelques instants. Une ligne directrice d’un centre de vaccination et d’un pharmacien, tous deux sans avocat. « J’ai eu l’impression d’avoir commis un crime contre l’humanité en découvrant le courrier », s’émeut la première. « On est inquiet parce qu’on ne sait pas ce qui peut se passer après avoir reçu ça », abonde le second.
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Le mis en cause se défend, osant même une comparaison cavalière : « Le Guernica de Picasso a choqué des milliers de personnes. C’est une invitation à la réflexion. Je n’ai pas voulu utiliser la croix gammée noire. Je l’ai détournée pour coller à une actualité post-Covid. » Cet ancien employé de l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) explique aussi avoir maturé son projet après l’obligation de fermeture du cabinet d’orthophoniste de son épouse non vaccinée.
« Les violences ne sont pas caractérisées » pour le juge
En défense, Me Baby n’avait pas la partie facile, notamment face à certaines déclarations idéologiques de son client – dont il s’est détaché – avant de livrer son analyse de la procédure, qu’il a critiquée en trois points.
« Il n’y a rien de menaçant ou d’offensant et ça ne vise pas les professionnels de santé. Mon client at-il voulu être violent envers les personnes qui ont reçu ses tracts ? La réponse est non. Le recours à la croix Gammée est-il une violence ? qui doit être vécue comme une insulte et une menace. »
« Important de protéger la liberté d’expression » pour la défense
Il appuie son propos en faisant référence à l’affiche placardée par un entrepreneur varois grimant le président de la République avec une moustache et illustré d’une croix gammée.
« Enfin, je pense qu’il y a un phénomène performatif : on dit aux victimes qu’elles sont victimes donc elles se pensent victimes. Mon client n’avait aucune intention de plus violent. C’est la raison pour laquelle je sollicite la relaxe parce qu’il est important de protéger la liberté d’expression », at-il conclu.
Un argumentaire compris par le tribunal, qui a assoupli le septuagénaire. « Les violences ne sont pas caractérisées », a conclu le juge. Un appel de la part du parquet n’est pas exclu.
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.