Le député LFI de Seine-Saint-Denis, originaire du Sud-Ouest, défilé ce 16 février à Lyon, contre le projet sur les retraites, et sans son écharpe tricolore. Exclu de l’Assemblée en raison d’un tweet sur Olivier Dussopt, il renvoie le droit de « ridiculiser les puissants ».
Natif du Tarn (où se déroule ce 16 février la manifestation pour les retraites, avec les dirigeants syndicaux nationaux), Thomas Portes a vécu toute sa jeunesse à Agen, avant d’y faire ses primeres armes politiques. Député LFI de Seine-Saint-Denis, il manifeste ce jeudi à Lyon, aux côtés des cheminots, mais sans son écharpe de député. Exclu de l’Assemblée, pour son tweet sur Olivier Dussopt, il répondra conformément à cette sanction.
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Vous êtes à Lyon, les dirigeants nationaux défilent à Albi. Quel sens donner à cette « délocalisation » ?
Thomas Portes, adjoint LFI. « On a connu de grosses manifestations à Paris, mais ce combat contre la casse des retraites il est également très fort dans les territoires, dans les préfectures et les sous-préfectures. On vit une mobilisation inédite, comme à Agen par exemple. Dans certaines villes, c’est un tiers de la population qui est dans la rue ! Pays sera à l’arrêt si le gouvernement ne bouge pas. C’est un bras de fer qui se joue, le combat continua, et cela a un coût car quatre jours de grève ce sont quatre jours de salaire en moins. Mais au-delà des difficultés financières, les gens savent qu’ils se battent pour un acquis social, qu’ils luttent pour eux mais aussi pour leurs enfants. C’est la bataille fondamentale contre un projet injuste. Alors oui, la colère est la mais pas la résignation. Et là, on sent qu’on va gagner. »
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Le 7 mars, et le durcissement de l’action, semble plus proche que jamais ?
« Le blocage, c’est une ligne qui a été clairement annoncée par l’intersindicale. à 72 %. Il faut que le gouvernement entende le désir de la population, mais il fait la sourde oreille. Alors on va passer à la vitesse supérieure . La mobilisation sera massive le 7 mars à la RATP, chez les cheminots, dans le secteur de l’énergie, etc. Il faut durcir le mouvement.
« Bloquer », « durcir »: ne craignez-vous pas de rendre impopulaire votre cause aux yeux du grand public ?
« Nous avons connu quatre manifestations ayant rassemblé plus de 2 millions de personnes dans le pays. Ce mouvement est populaire. Et ça monte. Dans les cortèges, on rencontre des gens qui se manifestent pour la première fois. Ces personnes ont compris la réforme, et les dommages qu’elle risque de causer.
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Les débats à l’Assemblée nationale, avec ces cris, ces milliers d’amendements, ces polémiques, donnent-ils une bonne image de ce combat sur le plan politique ?
« Il n’y a pas à avoir honte des débatsos parlementaires. S’il y a beaucoup de tension, c’est à cause du texte. C’est un combat entre deux modèles de société différents. Mais ne soyons pas hypocrites : en 2010 lors du précédent débat sur les retraites, des élus socialistes avaient cessé le président de l’Assemblée jusque dans son bureau en criant au putsch ! C’est ce texte qui cristallise les tensions. Compétent sur nous pour nous opposer au gouvernement avec vigueur. »
Vous défilez ce 16 février à Lyon, sans porter votre écharpe de député car vous êtes exclu pour 15 jours de l’Assemblée. Une sanction après un tweet, où vous figurez lui avez demandé de poser sur un ballon représentant le visa du ministre du Travail. Comment ressentez-vous cette sanction ?
« Cette sanction est très très injuste, et personne n’est dupe de cette instrumentalisation politique. , qui avait proféré des paroles racistes au sein de notre hémicycle. Au sujet de mon tweet, les LREM ont couru après le RN et Madame Le Pen. C’est totalement irresponsable de leur part. Et on un précédent car on sanctionne des faits Survenus en dehors de l’Assemblée. Donc mon exclusion est scandaleuse! Et nous la contesterons devant le Conseil d’Etat. »
Pourquoi ne pas s’excuser ?
« Voici ce qu’il s’est passé lorsque j’ai été entendu par le bureau de l’Assemblée : j’ai dit à la présidente Braun-Pivet que ce tweet n’était pas un appel à la violence, et que j « Etais prêt à le dire public. J’étais aussi d’accord pour dire que l’écharpe était de trop sur la photo. Mais ils ont voulu que je m’excuse et que je retire le tweet, et j’ai refusé car mon message n’était pas un appel à la violence. »
Votre collège Aurélien Saintoul s’est quant à lui excuse d’avoir traité d’assassin le ministère Olivier Dussopt, suite à la pression de votre groupe parlementaire…
« C’est faux. Aurélien s’est excusé de lui-même, car ces mots étaient très forts. Et son propos a été utilisé par le pouvoir pour obstruer les débatsos. Mais il n’y a pas eu pression du groupe. In ce qui me concerne, je le répète, je rejette toute violence. Mon tweet n’était pas un appel à la décapitation ! L’image a été prise sur une manif, avec des salariés qui avaient organisé un jeu de quilles. On a quand Même le droit de caricaturer, et de ridiculiser les puissants ! C’est aussi un sas de décompression. Je me souviens qu’en 1995, à Agen, une effigie de Juppé avait été brûlée. Et ça n’avait pas fait la moindre télé… «
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.