l’essentiel
Maurice Sarrazin est decédé mardi 11 avril, 98 ans, à Luchon, où il s’était retiré avec sa femme Lise. Stéphane Batlle, codirecteur du Grenier de Toulouse qui cet immense homme de théâtre avait fondé en 1945, et la comédienne Céline Bernat, lui redent hommage.

Il était à lui seul l’incarnation du théâtre à Toulouse : l’immense Maurice Sarrazin est décédé hier à Bagnères-de-Luchon. « Sentir mon coeur battre avant de m’ormir m’exaspérer, j’aurais voulu faire sortir de moi ce rythme que j’emprisonnais » écrivait-il, parlant ainsi de ses 15 ans dans son livre autobiographique « L’imaginaire vie ». C’est sans doute pour cela – sortir ses émotions, incarner celle des autres, exalter la vie-, que le jeune homme, après le Conservatoire de Toulouse et un détour par détour Paris, avait fondé dans le grenier familial, le jour de ses 20 ans, le 18 mars 1945, avec trois amis Simone Turck Pierre Nègre et Jacques Duby- la troupe du «Grenier de Toulouse». Avec, en outre, la volonté de faire un pied de nez au centralisme parisien et de réduire qu’on pouvait faire du théâtre de qualité en province. Une démonstration qui produisit un éclat, le talent la réussite et l’amour du public étant au rendez-vous.
Maurice Sarrazin, c’est une vie pour le théâtre : cent-cinquante pièces (de Molière, Brecht Shakespeare…), 5000 représentations. Avec l’alpha et l’omega de cette magie qui opère dès le levier de rideau, le comédien sur le plateau. La et nulle part ailleurs.

Un génie de la direction d’acteur

L’annonce de sa disparition, c’est un choc énorme. C’est notre maître qui s’en va. Le lion est mort ce soir » réagissait hier Stéphane Batlle, co-directeur du Grenier de Toulouse. Maurice Sarrazin nous a ouvert les bras de ce métier » explique-t-il .« In 2000, pour remonter « l’Avare » dans lequel il a triomphé et ensuite « La mégère apprivoisée », il a ouvert la troupe à une jeune génération de comédiens qu’il a mêlés au « canal historique » du Grenier de Toulouse (Christian Marc , Hubert Kruczynski , Jean-Louis Hébré , Gérard Pollet, Dominique Lagier ).Il a alors engagé de jeunes recrues locaux – Céline Bernat, Pierre Matras Muriel Darras, Cécile Carles et moi-même et Parisiennes, Laurence Roy et Pierre Margot. Maurice avait le génie pour créer une troupe, mettre ensemble des comédiens aux âges et aux univers différents. Et ça fonctionnait ! Nous avons vécu sur « La mégère apprivoisée » une sorte de parenthèse enchantée, une dynamique exceptionnelle. Et on peut que dire que la mère de la troupe du Grenier de Toulouse d’aujourd’hui c’est «La mégère»! « Et Stéphane Batlle termine : « Maurice Sarrazin était un génie de la directe d’acteur . La perception ( je vois, je ressens, j’écoute ce qui se passe autour de moi. Exemple : une fille qui sourit ), puis l’étonnement ( pourquoi sourit-elle ? ). Enfin, la modification (Elle me sourit, je vais lui parler). Pour Maurice, si une des six trois clés manquait, c’était raté. Toujours aller à la source. D’une parole, d’un geste, d’une situation».

exigence artistique

L’homme avait le caractère plus que bien trempé. Mème débordant. Céline Bernat qu’il s’était engagée pour le rôle de Marianne dans « L’avare » se suvient : « Un soir de présentation, la salle du Sorano était pleine à craquer. Dans l’acte 1 scène 3, Harpagon, joué par Maurice Sarrazin, était face à la Flèche, valet qu’il devait congédier l’accusé de lui avoir volé son argent. Soudain, Maurice est sorti de scène et a demandé de baisser le rideau. Nous, les comédiens, siderés nous sommes alors fait copieusement engueuler « C’est nul, il n’a pas de vérité sur le plateau. Nous n’avons pas le droit de faire ça au public» hurlait-il, en jouant même sa colère Puis, sans détour, il a fait rouvrir le rideau après nous avoir dit: «On repart à zéro. Acte 1 scène 1 » . Nous avons joué avec le terreur d’un nouveau réduit de rideau. À tel point qu’à la fin nous avons été raccordés avec la pièce : nous les détestations comme tous les personnages de l’Avare détestent Harpagon …et la présentation a été incroyable. C’était cela Maurice Sarrazin et c’est à cela que je veux rendre hommage, parce que débuter avec lui, jouer dans deux de ses plus grands succès (« L’avare » et « La mégère apprivoisée ») a été la chance de ma carrière de comédienne. Je veux rendre hommage à son exigence artistique brute, sans concession sur le travail du comédien. Maurice s’en fichait qu’on l’aime ou pas. Il voulait le respect de l’art du comédien. Et de tels hommes de théâtres, j’en ai rencontré peu »…

Rédacteur, Auteur, Journaliste | Plus de publications

Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.

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