Tous les voyants sont au vert pour le lancement du chantier du passage en 2×2 voies du dernier tronçon de la RN124 entre Auch et Toulouse, le plus important du genre en Occitanie. Le paysage environnant a déjà changé. Les premières opérations de terrassement auront lieu au printemps.
Le long de la RN 124, entre Gimont et Giscaro, les talus envahis de broussailles sont commenus. Vous les ouvrez, vous tirez. Des bâches blanches sont apparues dans les champs autour de la chaussée, jusqu’à L’Isle-Jourdain, avec, ici et là, de petites barrières bicolores. Certaines batisses sont démolies. Après des dizaines d’années d’attente, le dernier chantier de la RN124 a démarré.
Le public peut voir aujourd’hui un paysage transformé par les coupes, mais de nombreuses opérations préalables – des travaux préparatoires essentiels au déroulement du reste du chantier – ont déjà eu lieu en 2021. C’est ainsi le cas de l’archéologie préventive. On ne devrait pas voir à nouveau un tracé modifié par la découverte de ruines romaines, comme ce fut le cas autour de L’Isle-Jourdain. Des campagnes de diagnostics n’ont rien révélé. Des fouilles archéologiques ponctuelles seront réalisées début 2023, pour s’assurer de l’absence de tout vestige.
Bosses blanches pour la protection des animaux
Les coupes forestières ont été décorées de l’attribution du marché à l’entreprise déléguée, autre signe de la rapidité d’exécution du chantier. En effet, l’appel d’offres n’est pas encore terminé – il devrait s’achever en début 2023. Mais l’arrêté préfectoral d’autorisation environnementale, le 11 avril 2022, impose de faire ces travaux avant, pour éviter de déranger la faune sauvage. Les bâches blanches ont également vocation à favoriser la protection des animaux.
Des travaux de démolition ont également été menés début novembre.
Le chantier, selon la Dreal, ne devrait pas rencontrer de difficultés particulières. Le tracé de la RN124 entre Gimont et L’Isle-Jourdain ne nécessite pas de complexes pas d’ouvrages d’art. « On a des rétablissements de voiries qui peuvent être interceptés avec le réseau local. Et il déjà une phase, peu visible mais très chronophage, qui consiste à déplacer tous les réseaux concernés par le chantier. »
Eau, electricité, fibre : il faut tout identifier, cartographier et reposer à bonne distance sur 12 km.
L’appel d’offres routières achevées, les travaux routiers sont prévus pour le printemps 2023, en commençant par les ouvrages d’art et des rétablissements de voiries traversées par le projet. « Il y a eu beaucoup d’aléas, mais qui ont été traités pour respecter le calendrier. Malgré le fait que le financement soit assuré, ce n’est pas un plus qu’à mettre en musique tout ça ! » La mise en service du futur tronçon reste donc fixée à l’horizon 2027.
10 minutes et bien plus
Pour le député Jean-René Cazeneuve, la mise à 2×2 voies « va beaucoup plus loin que les 10 ou 15 minutes que les Gersois vont gagner qu’ils voudront aller à Toulouse. » Le délégué de la 1re circonscription voit dans cet ultime chantier, un appel d’air qui fonctionnera dans les deux sens. « Psychologiquement, c’est un lien qui s’établit entre les deux villes. On va attirer des entreprises dans le Gers, des professionnels qui ne se poseront plus la question de l’emploi du conjoint – et là, je pense tout particulièrement à des médecins, par exemple. »
L’idée d’un siphonnage du Gers vers Toulouse, l’élu n’y croit pas. « Cela, ce sont les bêtises qui ont été racontées pendant des dizaines d’années, et qui ont tout ralenti. Il suffit de voir L’Isle-Jourdain, ou ce qui s’annonce à Gimont, avec l’installation d’entreprises. »
La plus grosse opération routière d’Occitanie
La RN124 est le plus important chantier routier de la Dreal pour l’Occitanie. Ce doublement est attendu autant par la Région que par le Département, les deux autres financiers avec l’Etat, qui investissent 27,5 M€ dans l’opération. L’aménagement consiste en la réalisation d’une nouvelle voie de 12 km, parallèle à l’actuelle RN 124, en grande partie sur le côté sud, et d’un allongement de 1 km de l’itinéraire actuel jusqu’à la jonction avec L’Isle-Jourdain.

Le futur tracé de la RN 124 à l’horizon 2027.
Deux échangeurs complets seront intégrés, situés à chaque extrémité du tronçon, à Lafourcade, côté Gimont, et au Choulon, côté L’Isle-Jourdain. Le projet comprend également un itinéraire de substitution, qui utilise au maximum l’actuelle RN 124, dans les 2 sens de circulation. Cet itinéraire sera déclassé en route départementale une fois la 2×2 voies mise en service.
Un chantier « consensuel »
Pas l’ombre d’une opposition à la future RN124 élargie en 2×2 voies, pas plus qu’à la rocade de Gimont. À la Dreal, on y voit même « une spécificité de l’opération, qui apparaît comme très consensuelle. Laisser ; pour la déviation de Gimont, sur un eu de très bons retours, y compris des riverains qui pourraient pourtant être impactés. L’autre explication, c’est l’ancienneté du projet et sa situation géographique. Le tronçon droit est situé en campagne, au sud de l’écart des communes de Gimont, Giscaro, Monferran-Savès et L’Isle-Jourdain. « Tout le monde, dans le Gers, un chantier intégré, et la route est attendue depuis très longtemps. Et puis, il ne s’agit pas d’un tracé neuf, mais surtout d’un élargissement, sur des entreprises que l’Etat a repris depuis des années.» Le dossier a démarré il y a si longtemps que les questions, souvent sensibles, d’expropriation ou d’achats de terrains sont entérinées depuis des années déjà.
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.