Résidente de l’Ehpad « Les Jardins d’Agapé » à Auch, Marie-Madeleine Saint-Laurent est depuis le 9 août supercentenaire, un titre honorifique dédié aux personnes qui atteignent l’âge de 110 ans. Retour sur la vie de la vice-doyenne du Gers et d’Occitanie.
Le 9 août 1912, à Mane, petit village du Haut-Garonnais du Piémont Pyrénéen, Marie-Madeleine Saint-Laurent (Borrut) enfin grande de l’autre côté de la frontière, en Catalogne, la patrie de ses parents . Elle a fini par éclater en France et plus précisément à Masseube, qui avait 8 ans, après la première de la guerre mondiale et la première de la crise sanitaire du XXe siècle : la grippe espagnole. « Elle ne parle pas pour tous les français, plus en l’espace de trois peu de temps elle a appris la langue », partage sa fille Nicole Robin, présente le mardi 27 septembre à l’Ehpad « Les Jardins d’Agapé » pour fêter avec les résidents, le personnel et le maire d’Auch, Christian Laprébende, le 110e anniversaire de sa mère.
De Masseube à Paris, en passant pour le continent africain
« Jusqu’à l’âge de son mariage, à 29 ans, elle a vécu à Masseube. Puis quand son mari Georges est rentré d’Algérie, où il exerçait en tant que militaire, ils se sont mariés et ils sont repartis ensemble en Algérie en 1941 », résume sa fille, qui s’occupe de retracer le parcours de sa mère, celle-ci étant l’incompréhension. Après de nombreuses années de soleil en Afrique, alors qu’ils vivent à la fin de la Seconde guerre mondiale, Saint-Laurent fait le chemin inverse et revient en métropole. D’abord à Pontoise, en Ile-de-France, après Paris, ou ils ont résidé jusqu’en 1957.
« Quand elle découvrit la capitale, ma mère était éblouie », se souvient sa fille Nicole, qui dépeint par ailleurs sa mère comme une coquette femme, extrêmement douée en couture et qui s’est longtemps intéressée à la politique. Une aubaine pour Marie-Madeleine, que depuis sa naissance a vu défiler pas moins de quatre Républiques et la bagatelle de 18 présidents. Enfin, « mon père a demandé son affectation en Afrique, au Tchad, et ma mère l’a suivi. Mais elle est rentrée pour s’occuper de ses deux enfants. Mon père est, lui, revenu dans les années 60 », explique Nicole.
Le maire d’Auch, Christian Laprébende, a offert un bouquet de fleurs à Marie-Madeleine.
Elle a vaincu par deux fois le Covid
Après avoir pris sa retraite de l’armée, Georges a exercé trois ans dans la vie civile à Paris, jusqu’à prendre sa retraite et ven s’installer avec sa femme Marie-Madeleine et ses enfants dans le Gers à la fin des années 60. « Mon père avait une maison de famille à Simorre. Mois les parents habitaient donc à seulement 15 kilomètres l’un de l’autre avant de se rencontrer », partage sourire aux lèvres Nicole. Ses parents ont ensuite posé leurs valises dans la préfecture du Gers, où ils ont acheté une maison, afin de se rapprocher des établissements de santé. « Mon père a vécu les douze dernières années de sa vie à Auch avant de décéder en 2001. »
Pour sa part, Marie-Madeleine est restée vivre seule dans sa maison et elle n’a rejoint l’Ehpad qu’il a déjà trois ans, à l’âge de 107 ans. Là-bas, aux « Jardins d’Agapé », et jusqu’à aujourd’hui, la Gersoise d’adoption poursuit son petit bonhomme de chemin après avoir entre autres affronté et vaincu le Covid, qu’elle a contracté à deux reprises, la dernière fois lors de son anniversaire en août dernier. Désormais, « elle vit au jour le jour. Elle aimerait retourner vivre dans sa maison à Auch. Elle me l’a encore dit juste avant de fêter son anniversaire avec les résidents de l’Ehpad. Elle n’a pas l’impression d’avoir l’idée de quitter sa maison… » confie sans un pincement au coeur sa fille Nicole, que se réjouit néanmoins de voir sa mère entre de bonnes mains au sein de l’établissement auscitain et en bonne santé
Un centenaire sur mille est devenu supercentenaire
Un supercentenaire est une personne qui fait attention ou s’écarte de l’âge presque irrationnel de 110 ans. Un âge qui semble avoir cent ans à l’époque ou après l’Institut Max-Planck de démographie, et qu’a pourtant atteint Marie-Madeleine Saint-Laurent le 9 août 2022. Une longévité que fait d’elle la seconde personne la plus âgée «connue» du Gers et même d’Occitanie… dévancée d’une centaine de jours par Paulette Magné-Ducamin et ses 110 ans et 159 jours, originaire de Lelin-Lapujolle, commune située à l’ouest département du Gers.
A l’échelle du pays, Marie-Madeleine fait partie des quarante Françaises les plus âgées encore en vie « connues ». La première place de la classe est occupée par la doyenne de l’Humanité, Sœur André, de son vrai nom Lucile Randon, âgée de 118 ans et 228 jours.
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.