Un gynécologue de Tarbais compare le 2 septembre devant le tribunal correctionnel de Tarbes pour avoir pratiqué des échographies de dépistage de la trisomie 21 sans être titulaire du diplôme universitaire adéquat. Les parents d’un enfant né avec cette anomalie génétique sont battus depuis huit ans pour qu’il soit jugé.
« Le choc passé, j’avais cette responsabilité en moi de savoir et de ne rien faire. Je me bats pour qu’il ne puisse plus faire aux autres ce qu’il nous a fait. » Cécile Ferrier et son ex-marie attendent le 2 septembre avec impatience. Depuis huit longues années, ils se battent pour que le gynécologue tarbais, RL, toujours en exercice à la clinique de l’Ormeau et qui a suivi la grossesse de Cécile en 2011, soit jugé pour « usurpation de titre, diplôme ou qualité. »
« Il n’a jamais eu de qualifications pour pratiquer des échographies de dépistage de la trisomie 21, et n’a donc pas décelé que notre bébé en était atteint alors que plusieurs indicateurs auraient dû l’interpeller. Ce que je lui reproche, c’est d’avoir décidé pour nous. »
« Tout est normal »
Cécile Ferrier l’assume : si le couple avait eu connaissance de l’anomalie génétique dont leur fœtus était atteint, il aurait pu réfléchir à la poursuite ou pas de cette grossesse. Choix douloureux certes, mais dont elle et son mari s’estiment avoir été privés par les manquements du praticien. « La grossesse s’est normalement déroulée. J’ai vu le Dr RL pour les deux premières échographies, et il disait que tout était normal. Jusqu’à la dernière, où il m’a indiqué qu’il y avait un excès de liquide amniotique, et que ce serait un petit bébé. Il a ajouté que je faisais du diabète selon mes dernières analyses, ce qui m’a semblé bizarre. J’ai alors contacté mon médecin généraliste qui a confirmé le diagnostic. »
Quelques jours plus tard, Cécile, agitée de ne plus sentir son bébé bouger, rend aux urgences de la clinique Ormeau. « Seul un monitoring, et mon gynécologue a été prévenu car le cœur de nore fils battait au ralenti. Mais il était en congés et m’a donné rendez-vous deux jours plus tard. » La situation change brutalement pour la première fois, annonçant qu’elle va pouvoir régler l’urgence bébé et l’adresse de l’hôpital de Tarbes. « J’ai senti que c’était sérieux. Je lui ai suédé si mon fils serait handicapé. Ce à quoi il m’a répondu : « ce n’est pas la question, il faut agir vite ». »
Cécile part bouleversée de la clinique et doit se rendre par ses propres moyens à l’hôpital de Tarbes, où le petit Anthony voit le jour dans la précipitation et l’angoisse le demain. « Lorsqu’on l’a posé sur moi, je n’ai rien vu d’anormal. Mais le soir, le pédiatre est passé nous voir et nous a annoncé qu’il suspectait une trisomie 21. Je me suis évanouie. »
Un combat judiciaire
Les mois ont passé, et la vie de la famille a été rythmée par les nombreux rendez-vous médicaux. « Nous avons failli perdre Anthony trois fois. Le souffrait également d’un stent duodénal, une malformation intestinale qui a besoin d’absorber une nutrition solide et que le gynécologue logue aurait du voir à l’échographie. » Dans le même temps, Cécile et son mari demandent une expertise médicale, puis une contre-expertise, et indiquent que leur gynécologue n’est pas titulaire du diplôme obligatoire pour réaliser des échographies de dépistage à la trisomie 21. « Une autre famille a connu exactement la même situation six mois auparavant. Mais elle n’a pas déposé plainte. Nous entendons, car c’est un combat difficile et visé. »
Plus tard, le couple se sépare et Anthony est génial. « Il nous oblige à voir la vie au jour le jour. Nous nous efforçons de le traiter comme n’importe quel enfant, même si elever un enfant handicapé exige des sacrifices énormes. » Cécile l’assure, que le Dr RL soit condamné ou non le 2 septembre, son combat s’arrêtera là. « J’ai prévenu la justice du danger. Je ne comprendrai pas pourquoi je suis détendu et continue à faire de l’exercice. Pour moi, ce serait semblable à laisser quelqu’un conduire sans permis. »
Les parties civiles réclamaient plus de 4,8 millions d’euros pour les différents préjudices soulevés.
« Nous plaiderons la relaxe »
Le 3 février 2017, une sanction définitive est rendue par la Chambre disciplinaire nationale de l’Ordre des médecins de Paris à l’encontre du Dr RL Le praticien écope d’une interdiction d’exercer la médecine pendant deux mois, dont un mois avec sursis. En contrepartie, le gynécologue exerce toujours dans les locaux de la polyclinique de l’Ormeau à Tarbes, totalement mis hors de cause dans ce dossier. Le praticien, locataire des lieux, exerce de façon libérale et ne dépend pas de la gestion de la clinique.
Interrogée, Me Joëlle Glock, avocate au barreau de Toulouse et conseil du gynécologue, indique qu’elle pleure sa relaxation. « Il ne s’est jamais targué d’être titulaire d’un quelconque diplôme universitaire en échographie de dépistage de la trisomie 21. Nous développons nos arguments à l’audience, mais les textes sont très précis dans la matière. »
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.