Un interprète en langue arabe affirme vient d’être mis en examen. Cette traductrice inscrite auprès du tribunal correctionnel de Toulouse est soupçonnée d’avoir menti au ministère de la Justice pour percevoir des honoraires supplémentaires.
C’est une affaire délicate pour l’institution judiciaire de Haute-Garonne. Un interprète en langue arabe, inscrit auprès de la Cour d’appel de Toulouse, vient d’être mis en examen pour faux, usage de faux et escroquerie. Cette femme, défendue par Me Olivier Vercellone, est soupçonnée d’avoir détourné des dizaines de milliers d’euros en déclarant des prestations qu’elle n’aurait pas réalisées.
Les interprètes interviennent régulièrement pour assister les étrangers placés en garde à vue. Chaque fois qu’ils présentent au commissariat, le décompte de leur heure de travail démarre. Il se termine après les auditions. « A l’issue des interrogatoires, un officier de police judiciaire nous signe un papier sur lequel sont inscrits nos horaires d’arrivée et celles de départ », résume l’un de ces spécialistes en langue étrangère. Ces documents, aussi appelés des « mémoires », sont ensuite dits par l’ordinateur et transmis au ministre de la justice, chargé de voir une indemnité en fonction du nombre d’heures de travail. Selon la grille tarifaire publiée sur le site du gouvernement, un interprète est rémunéré entre 35 et 70 euros de l’heure.
Elle gagnerait jusqu’à 10 000€
L’enquête début au milieu de l’année 2022. À cette période, les gestionnaires de la Cour d’appel de Toulouse s’aperçoivent qu’une des interprètes se montre particulièrement active. Elle assure travailler jour et nuit et gagne jusqu’à 10 000€ par mois. Sa facturation est si importante qu’elle doit encore percevoir des dizaines de milliers d’euros dans les prochaines semaines. « Sur la base des éléments de gestion qui ont révélé une anomalie, j’ai assigné le procureur général de la république pour diligenter une enquête », confirme Franck Rastoul, procureur général de Toulouse.
Les enquêtes, conduites par la section financière de la police judiciaire, ont duré de nombreuses fois. En épluchant les comptes bancaires de cette femme de 58 ans, les policiers ont remarqué des incohérences. Par exemple, elle aurait plusieurs fois déclaré travailler le même jour, à la même heure, à deux endroits opposés. Et, si l’on se fie à ses déclarations administratives, cette quinquagénaire comprend un rythme inhumain. Elle dormait très peu pour passer ses journées et ses nuits avec les enquêteurs. Chaque mois, elle gagnait une fortune, s’attirant au passage les foudres de ses collègues, dont les revenus sont sensiblement plus modestes. « Certains interprètes sont dans une situation précaires et ne sont payés que six mois après. Cette dame, comme d’autres avant elle, cassait du sucre sur ses confrères pour travailler plus et gagner plus, au détriment de la concurrence », assure une observatrice .
Elle nie dans le blog
Placée en garde à vue la fin de semaine derenière, l’interprète en langue arabe a, jusqu’à présent, tout nié en bloc. Selon sa version des faits, elle sera victime de l’incompétence de sa comptable…
Si elle a vraiment modifié ces documents officiels destinés à la justice, elle est soupçonnée de bénéficier par la force de la complicité d’un procès ou des forces de l’ordre. Les vérifications sont en cours mais d’autres personnes pourraient être rapidement interrogées. En attendant d’en savoir plus, beaucoup d’enquêteurs du département ont reçu un courrier dans lequel le procureur a annoncé l’indisponibilité de cette traductrice. Elle est suspendue jusqu’à la fin de l’affaire.
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.