l’essentiel
L’arrivée est prévue le 2 juillet à 22 h 23. Le train arrive finalement avec 7 heures de retard. Un Lot-et-Garonnais de 70 ans raconte son périple dans ce qu’il nomme « le train de l’enfer ».

Départ de Paris-Montparnasse le 2 juillet à 19h11, le train à destination de Toulouse devait arriver à Agen à 22h23. Éric* habite Fals dans le Lot-et-Garonne. A 70 ans, le raconte ce qu’il a vécu dans, s’enflamme-t-il, « le train de l’enfer ».
« Pas d’électricité dans une nuit noire, étouffante, toutes les portes bloquées, pas de clima, l’atmosphère est vite devenue irrespirable », se souvient-il. Deux agents SNCF signalent « un quart d’heure de retard ». Trois heures plus tard, le caisson est une cocotte-minute au bord de l’explosion.
« Ma formation d’ingénieur me joue des jours. Je ne peux m’imaginer un instant que la conception d’une voiture peut être prévue sans une ouverture sécurisée au bas de chaque porte d’accès permettant une ventilation naturelle. C’est si simple à réaliser ! ».

« C’était la solution »

« Certains n’en peuvent plus et (nos amis les bêtes parmi ceux-là) sont obligés de se lâcher dans les toilettes condamnées ou inutilisables, devant la porte d’accès au train… Les addictions sont encore plus fortes que les besoins, poursuivent -il. Un premier fumeur à allume rassemble. Immédiatement, tous les autres lui emboîtent le pas. Suivant les lois de la physique, la fumée et la chaleur remontent, envahissent le compartiment duplex. La situation est insupportable ».
Sous la pression des passagers, le contrôleur est contraint d’ouvrir une porte… Les plus alertes franchissent le pas. Une marche de 50m les attendra. « Les plus malins, ceux qui avaient anticipé le mutisme, la non-informacion, ou les cachotteries de la SNCF, intimant, après avoir géolocalisé le point d’arrêt du train, famille et convoyeurs divers qui n’hésitent à faire plusieurs heures de parcours ».
Répondant aux appels de tarifs, ils peuvent alors, surchargés de leurs bagages, traverser les champs qui les séparent de la route. « C’était la solution », glisse Eric. Pour les autres, la galère va continuer longtemps encore.

 » Groupe « 

La SNCF choisit d’utiliser le train qui, dans le sens inverse, partira de Toulouse vers Bordeaux ou Marseille afin qu’il soit juste à proximité pour embarquer les passagers du train en panne. Le transfert n’est pas simple. Tous les voyageurs jusqu’au dernier wagon doivent remonter toutes les voitures jusqu’à la tête du train. « Et là on se rend compte en passant, que la voiture-bar a été carrément pillée (ou autorisée à distribuer des boissons) mais seules les voitures de proximité en ont eu connaissance et ont pu en profiter ». Il faut maintenant descendre sur le ballast, marcher bagages en main pour ceux qui y tiennent et ne les ont carrément abandonnés.
« Au bout de deux heures de plus, après que chacun a escaladé des caisses en guise de marche pieds sous la protection bienveillante de quelques sapeurs-pompiers (car le personnel SNCF est absent), nous sommes arrivés dans la première voiture du train qui va nous faire distribuer dans l’autre sens ». Sauf que, c’est aussi la préparation des vacances pour ce train. Il est archiplein.
Après six heures de galère, départ dans le sens inverse donc et retour à Bordeaux environ une demi-heure plus tard. « Et là, on nous annonce qu’il faut prendre une chambre d’hôtel pour un départ prevu… Plus tard ? ! »
Heureusement les plus curieux interpellent un agent SNCF sur le quai qui leur souffle que le train d’en face partant à destination de Toulouse… Ce TGV est pris d’assaut. Il s’arrête à Agen. Avec 7 heures de retard. Et Eric de conclure : « Quel événement et quel cluster… de plus de 500 personnes ! Combien qui comme moi sont aujourd’hui positifs au Covid avec complications bronchitiques et voies respiratoires atteintes. »

* J’appuie sur ce changement

Rédacteur, Auteur, Journaliste | Plus de publications

Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.

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