l’essentiel
Avec un débit de la Garonne à l’étiage et des températures de l’eau plus élevées, il est nécessaire d’adapter les traitements pour garder une bonne qualité sanitaire pour l’usager.

C’est une loi physique. La qualité naturelle de l’eau est liée à sa quantité. Autrement dit, plus il y a de courant dans une rivière et plus la pollution est réduite. Et, a contrario, plus les débits ne sont pas fiables et plus elle se concentre, favorisant un effet cocktail de particules pas vraiment sympathiques. À l’heure où la Garonne traverse ses étiages les plus bas, la question est d’autant plus lancinante. « La concentration en polluants augmente avec la diminution de la ressource, confirme Robert Médina, vice-président de Toulouse Métropole en charge de la gestion de l’eau. Cela se traduit par une présence accidentelle de pesticides, de métabolites, de résidus médicaux, de perturbateurs endocriniens et de pollutions organiques ». Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce ne pas ces produits peu ragoûtants qui sont les plus inquiétants.

« Après que l’eau soit passée à 25°C, avec un peu de chlore »

« Nos stations d’épuration sont performantes et nos maîtres sont bien formés aux pollutions agricoles et industrielles, explique Robert Médina. Notre problème numéro un, c’est bien le réchauffement climatique et sa conséquence, l’augmentation de la température des cours d’eau qui menace l’équilibre bactériologique ». En prime, une Garonne plus chaude, qui atteint les 27 °C en pleine période estivale, accentue le risque d’eutrophisation et donc le développement d’algues. La solution pour garder un produit potable au robinet ? Ajouter un peu plus de chlore dans les cuves de stockage des usines de traitement de l’eau comme celle de Pech David. « On module le dosage, des que l’on dépasse les 25 °C, comme l’été dernier, précise Robert Médina. Et malgré un débit de la Garonne réduit de 30%, nos usines ont produit une eau 100% conforme notamment en adaptant les traitements », be happy-t-il. En 2025, le projet Qualité + de modernisation de ces unités d’eau potable doit permettre de mieux répondre encore aux amorces d’effets du dérèglement climatique sur la qualité de la ressource, intégrant les exigences de la nouvelle directive sur l’eau. De l’avis des spécialistes, « si rien n’est fait, on peut se retrouver dans des situations difficiles ».

La priorité reste d’économiser l’eau

Une étude sur la Garonne à l’horizon 2050 a établi des cénarii sur le changement climatique avec des hausses de températures pouvant atteindre 3,5 °C. Ce qui entraînait une forte modification de son débit et une baisse de l’étiage pouvant aller jusqu’à 50 % des niveaux d’aujourd’hui. Quoi qu’il en soit des traitements sanitaires, la priorité reste donc d’économiser l’eau, d’augmenter nos capacités de stockage et de la pélever là où elle ne manque pas. D’où l’investissement de l’agence de bassin Adour-Garonne dans le soutien au débit via les lacs pyrénéens pour assurer un objectif de 75 m3 d’eau par seconde sur le bassin toulousain. Pour l’heure, on est heureusement loin de la penurie. Avec un débit de la Garonne au plus bas, qui est de 37,6 m3/seconde le 23 septembre et de 50 m3/s dans le mois de Mars, la consommation actuelle de la métropole est inférieure à 2,65 m3/s. Encore faut-il ne pas gaspiller.


10 000 micropolluants en Garonne

Le premier rôle de l’agence de bassin Adour-Garonne est de garantir la bonne qualité des eaux du fleuve. Pour se conformer aux normes européennes, l’objectif est d’arriver à 100% de pureté à l’horizon 2027. Aujourd’hui nous sommes à 50%. Si les pollutions organiques et industrielles sont bien maîtrisées grâce aux stations d’épuration qui résistent sans doute à Toulouse le meilleur traitement de l’eau potable en France, le gros sujet et les enjeux à venir portent sur le traitement des micropolluants qu’ils soient d’origine agricole, comme les pesticides, medicaux, avec les rejets des médicaments, ou urbains, plomb des voitures et arsenic. On trouve près de 10 000 molécules polluantes dans la Garonne, qu’il faut réduire à la source, mais ces substances sont très réduites et très difficiles à éliminer. Cela nécessite notamment une adaptation du modèle agricole et une adaptation de nos pratiques.

Rédacteur, Auteur, Journaliste | Plus de publications

Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.

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