Dans les plaines arides du nord du Chili, les halophytes exotiques exploitent la salinité du sol comme une arme pour supplanter les plantes indigènes, ouvrant la voie à une invasion écologique.
Envahir un habitat est plus facile lorsque vous avez un ami pour vous aider. De La Cruz et ses collègues ont étudié un mécanisme intrigant d’interaction végétale entre espèces exotiques dans le centre-nord du Chili. Leurs recherches portent sur deux espèces halophytes exotiques, Mesembryanthemum crystallinum et Mésembryanthème nodiflore, en étudiant comment le premier peut indirectement soutenir l’établissement du second en augmentant la salinité du sol pour supprimer les concurrents indigènes. Leurs travaux, publiés dans Invasions biologiquesa des implications pour comprendre comment ces espèces exotiques peuvent involontairement favoriser la prolifération les unes des autres, entraînant une perte de biodiversité et le déplacement d’espèces indigènes.
L’équipe de De La Cruz a découvert que Mesembryanthemum crystallinum augmente la salinité du sol, supprimant la croissance des concurrents indigènes sensibles au sel, tels que Helenium urmenetae. Cette augmentation de la salinité n’a pas gêné mais plutôt favorisé apparemment Mésembryanthème nodiflorelui permettant de s’épanouir aux côtés Mesembryanthemum crystallinum. Les chercheurs ont également observé qu’une plante indigène tolérante au sel, Amblyopappus pusillus, pourrait supporter ce changement dans les conditions du sol. Ces découvertes ouvrent une nouvelle compréhension de la façon dont certaines espèces exotiques pourraient indirectement faciliter l’établissement d’autres espèces exotiques. Ce processus pourrait entraîner une perte importante de biodiversité s’il n’est pas maîtrisé.
Le concept de facilitation indirecte entre espèces exotiques n’est pas nouveau. C’est un phénomène qui a été observé sous différentes formes, telles que l’augmentation de la disponibilité de la lumière, l’augmentation de la couverture ombragée de la canopée ou la modification des micro-organismes du sol. Ce qui est nouveau dans la recherche de De La Cruz, ce sont les preuves expérimentales sur la façon dont l’augmentation de la salinité du sol peut favoriser ce type d’interaction entre les espèces exotiques halophytes ou tolérantes au sel.
Pour arriver à ces résultats, les chercheurs ont mené des enquêtes sur la cooccurrence sur le terrain à Quebrada El Romeral, couplées à des expériences de germination et de compétition en serre. Ils ont trouvé les quatre plantes de leur étude dans le désert chilien, mais pas joyeusement côte à côte. Ils ont constaté que les deux Mesembryanthemum crystallinum et Mésembryanthème nodiflore ont tendance à coexister, suggérant une forme de facilitation mutuelle. Une plante indigène, la tolérante au sel Amblyopappus pusilluspourrait pousser à côté Mésembryanthème patchs. Cependant, une autre plante indigène, Helenium urmenetae, ne pouvait pas. Une étude du sol dans le Mésembryanthème les patchs ont trouvé qu’il était plus salin sous Mesembryanthemum crystallinum qu’ailleurs.
Des expériences de germination ont confirmé que la Mésembryanthème les plantes avaient un fort avantage dans les sols salins. Cela a démontré que si Mesembryanthemum crystallinum peut augmenter la salinité des sols, puis d’autres halophytes, des plantes tolérantes au sel, peuvent envahir et s’établir, disent De La Cruz et ses collègues dans leur article.
La présente étude, située dans le cadre de l’effondrement de l’invasion (Simberloff et Von Holle 1999 ; Simberloff 2006), soutient l’idée que l’accumulation globale et progressive de plantes exotiques ne peut pas être expliquée uniquement par les réponses écologiques d’une seule espèce exotique aux facteurs environnementaux. (MacDougall et Turkington 2005). Les espèces exotiques peuvent faciliter l’établissement d’autres espèces exotiques, favorisant leur cooccurrence élevée et entraînant probablement un impact plus important sur la diversité des espèces indigènes (Braga et al. 2018; Stotz et al. 2020).
De La Cruz et al. 2023.
LIRE L’ARTICLE
De La Cruz, HJ, Salgado-Luarte, C., Stotz, GC et Gianoli, E. (2023) « Une espèce de plante exotique facilite indirectement une plante exotique secondaire en augmentant la salinité du sol, » Invasions biologiques. Disponible sur : https://doi.org/10.1007/s10530-023-03061-z.
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