Une étude révèle des stratégies efficaces pour promouvoir la diversité et la fonction des pollinisateurs dans des environnements urbains denses comme Paris.
Une étude récente publiée dans la revue Écosystèmes urbains par Vincent Zaninotto et ses collègues met en évidence le potentiel d’amélioration de la diversité des pollinisateurs même dans des environnements fortement urbanisés. En se concentrant sur la ville de Paris, les chercheurs ont cherché à comprendre les facteurs influençant les communautés d’insectes pollinisateurs dans les zones dominées par les habitats artificiels.
Les pollinisateurs, tels que les abeilles, les papillons et d’autres insectes, jouent un rôle vital dans le maintien de la santé des écosystèmes et le soutien de l’agriculture. Cependant, l’urbanisation est souvent associée à une diminution de la diversité et de l’abondance des pollinisateurs, car les habitats naturels sont détruits et remplacés par des surfaces imperméables telles que les routes et les bâtiments. Cette recherche visait à étudier les moteurs de la diversité des pollinisateurs au sein d’une matrice urbaine et à suggérer des stratégies pour promouvoir la santé des pollinisateurs dans les environnements urbains.
L’équipe a suivi mensuellement des communautés d’insectes pollinisateurs de mars à octobre pendant deux ans dans 12 espaces verts différents à Paris. Ces espaces variaient en taille, en pratiques de gestion et en espèces végétales, permettant aux chercheurs d’explorer les effets de ces facteurs sur la diversité des pollinisateurs. L’étude a porté sur quatre ordres d’insectes : les hyménoptères (abeilles et guêpes), les diptères (mouches), les lépidoptères (papillons et mites) et les coléoptères (coléoptères).
Les résultats ont montré que l’abondance des pollinisateurs et la richesse en espèces étaient positivement corrélées avec la taille des espaces verts et la richesse en espèces de plantes à fleurs. En revanche, ils étaient négativement associés aux surfaces imperméables environnantes. L’étude a également révélé que les caractéristiques environnementales à l’échelle locale et paysagère influençaient la composition et la diversité fonctionnelle des communautés d’abeilles sauvages.
Fait intéressant, les petites et les grandes abeilles ont réagi différemment à la proportion de surfaces imperméables et à la richesse en espèces végétales. Les espèces d’abeilles de grande taille ont été négativement affectées par les surfaces imperméables, mais ont fortement bénéficié de l’augmentation de la richesse en espèces végétales. De plus, les sites avec une majorité d’espèces végétales spontanées – celles qui poussent sans intervention humaine – avaient des communautés d’abeilles plus diversifiées sur le plan fonctionnel. Les espèces oligolectiques, qui sont des abeilles spécialisées dans la collecte de pollen d’une gamme restreinte de plantes, étaient plus susceptibles d’être trouvées dans ces zones.
Ces résultats sont cohérents avec la littérature précédente et peuvent éclairer les pratiques de conception et de gestion des espaces verts urbains pour promouvoir la diversité des pollinisateurs et la fonction de pollinisation, même dans des environnements urbains denses comme Paris. En augmentant la taille des espaces verts, en plantant une gamme variée de plantes à fleurs et en permettant la croissance d’espèces végétales spontanées, les urbanistes et les architectes paysagistes peuvent aider à créer des paradis urbains pour les pollinisateurs.
Zaninotto et ses collègues affirment que lorsque l’espace est limité, comme dans un centre-ville, l’action pratique la plus utile consiste à relier les espaces verts aux corridors verts. Les auteurs mentionnent dans leur article que les jardiniers peuvent également jouer un rôle en aidant les pollinisateurs, à la fois en ajoutant des plantes spécifiques à leur jardin et en n’expulsant pas certains invités non invités :
Nos données confirment que l’abondance globale et la richesse spécifique des insectes pollinisateurs dépendent de la diversité des ressources végétales locales. Nous recommandons aux jardiniers de planter une grande variété d’entomogames [insect-pollinated] espèces végétales, en accordant une attention particulière aux successions florales saisonnières. En effet, comme notre approche s’est étendue sur la majeure partie de l’année (de mars à octobre), assurer une floraison suffisante tout au long des saisons semble essentiel. En outre, nos résultats suggèrent que la flore indigène et spontanée peut être plus précieuse pour maintenir la diversité des pollinisateurs. Une telle flore peut être plus adaptée aux pollinisateurs spécialisés, y compris les espèces d’abeilles oligolectiques, contribuant ainsi à la diversité fonctionnelle des pollinisateurs. Dans l’ensemble, nous recommandons de réduire la fréquence de tonte et de maintenir ou d’établir des parcelles sauvages de plantes spontanées pour soutenir les insectes pollinisateurs dans les espaces verts. A l’échelle de la ville, la présence de [wasteground] les espaces accueilleraient ainsi non seulement une diversité de pollinisateurs mais amélioreraient tous les aspects de la biodiversité urbaine.
Zaninotto et al. 2023
LIRE L’ARTICLE
Zaninotto, V., Fauviau, A. et Dajoz, I. (2023) « La diversité de la conception et de la gestion des espaces verts a un impact sur les communautés de pollinisateurs dans un paysage densément urbanisé : la ville de Paris, France, » Écosystèmes urbains. Disponible sur : https://doi.org/10.1007/s11252-023-01351-x.