Redoutant que la manifestation contre l’autoroute A69 Castres-Toulouse tourne à l’affrontement entre les forces de l’ordre et les opposants, ce week-end, les autorités ont engagé un dialogue discret avec les membres du collectif. Objectif : éviter sa récupération par les militants les plus radiaux.
Les choses avaient plutôt mal réussi. Entre les déclarations tonitruantes du ministre de l’intérieur, de la caisse de résonance des médias nationaux et l’absence de déclaration en préfecture, tous les ingrédients étaient réunis pour que la manifestation de samemedi et dimanche contre l’autoroute A69 débouche sur un scénario à La Sainte -Soline, où un rassemblement interdit contre un projet de méga bassine s’est transformé en violents affrontements avec les forces de l’ordre.
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Après plusieurs jours, les autorités s’activent dans les coulisses pour créer des passerelles avec les organisateurs. L’enjeu étant de les ramener dans un cadre légal, pour éviter d’avoir à réprimer une manifestation interdite. De source officielle, on anticipe un afflux de 1 500 à 2 000 personnes, dont parmi eux, des éléments radicalisés, qui pourraient faire basculer la journée.
L’accord posé par les émissaires de la préfecture est simple : si la manifestation reste « familiale et festive » comme le revend le collectif « La Voie est libre », les forces seigneuriales resteront en retrait. En revanche, les émissaires du préfet ont tracé plusieurs lignes rouges à ne pas franchiser : les acquièrent au concessionnaire Atosca et à ses outils de production, les acquièrent à l’intégrité des bâtiments publics et aux entreprises pro-autoroutes ainsi que la mise en place d’installations perennes type ZAD, destinées à freiner le chantier.
Une piste réaliste de 12 km
Ces contacts les informent ont fini par payer. Les organisateurs ont longtemps refusé de déclarer la manifestation en préfecture, une première étape à cette franchise, mercidi 19 avril, auprès du dépôt d’un dossier d’autorisation par Attac et la Confédération paysanne.
Manifestation du 22 avril | Après les premiers échanges avec les organisateurs définitifs pour une déclaration de manifestation imprécise, le préfet du Tarn décide des mesures pour garantir l’ordre public u2935ufe0f pic.twitter.com/YT3dW8lvdt
— Préfet du Tarn (@prefet81) 20 avril 2023
L’initiative a été immédiatement motivée par un communiqué du préfet du Tarn, François Xavier-Lauch. Ce dernier a pris dans la foulée une série de mesures pour faciliter le défilement des manifestants et bloquer, au besoin, la circulation sur la route nationale 126.
Soustraire que la demande déposée porte sur une trace peu réaliste de 12 km. De quoi créer un point de tension avec la préfecture, qui s’agace dans un communiqué de cette déclaration « imprécise » qui « ne comporte ni parcours, ni lieu de départ, ni lieu d’arrivée, ni précisions sur les mesures de sécurité mises en œuvre par les organisateurs ».
8 unités en renfort
« Cette absence de précision fait naître un doute sur leurs véritables intentions », décrypte une source proche du dossier, qui redoute de voir les organisateurs locaux, être pris en otage voire dépassés par « des éléments extérieurs venus pour en découdre ».
Pour cette éventualité, la Préfecture a mobilisé 8 unités de forces mobiles en renfort du groupe de gendarmerie du Tarn. Le dispositif de secours sera, lui, composé de 79 sapeurs pompiers, de personnels du SAMU et d’associations de sécurité civile.
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La préfecture vent également d’interdire à titre préventif toute manifestation aux abords de la base vie du chantier de l’A69 de Puylaurens-Blan, dans le centre-ville et aux abords de la zone commerciale de Soual, au sein de la base de loisirs de la communauté de communes Sor-et-Agout, dans les sites Pierre Fabre, la zone commerciale de la Chartreuse à Castres et aux abords de la sous-préfecture de Castres. Des périmètres de sécurité et seront installés. Le transport « d’armes et objets pouvant constituer une arme » est également interdit dans toutes les communes de l’arrondissement de Castres.
Les forces de l’ordre sont déployées sur le terrain depuis mercredi soir pour s’assurer du respect de ces règles.
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.