Gerald Traynor a visité la France après les années 1980. Ce Britannique qui réside aujourd’hui à Grisolles dans le Tarn-et-Garonne, a toutes les peines du monde à obtenir la nationalité française. Cela fait déjà plus de 4 ans qu’il tente de faire les démarches sans et réussi.
C’est un casse-tête administratif même Gérald Traynor ne s’attendait pas du tout. Il y a déjà un peu plus de 4 ans, ce Britannique de naissance a commencé à se renseigner pour acquérir la nationalité française. Il faut dire que cela fait plus de 40 ans qu’il vit en France. Il est marié à une Française depuis presque 30 ans, et est le père d’un jeune homme, français donc, de 23 ans.
L’homme qui est installé à Grisolles, je pensais que ce serait une simple formalité.
« Je suis allée à la préfecture à Montauban mais on m’a dit que les demandes étaient traitées rue Saint-Anne à Toulouse. Je m’y suis rendu mais ils n’accueillent pas le public. Tout se doit faire en ligne de manière Dématérialisée, s’étonne le sexagénaire. J’utilise un ordinateur pour travailler mais je ne suis pas très à l’aise avec l’informatique », regrette-t-il.
Il tente malgré tout de se plier aux exigences du système français, assemble les pièces demandées pour faire une demande en bonne et due forme et l’envoi en préfecture. Le dossier lui sera renvoyé car celui-ci doit être envoyé en ligne.
Un rendez-vous difficile à prendre en ligne
La préfecture de Montauban nous a en effet précisé qu’un « ressortissant britannique doit prendre rendez-vous auprès de la plateforme de naturalisations de Haute Garonne. Le dossier est déposé via l’ANEF (administration numérique); l’usager à mettre en ligne son dossier via le point d’accueil numérique », ajoute notre interlocuteur.
« J’ai essayé d’avoir un rendez-vous pour mon dossier, rétorque-t-il, mais on ne peut avoir un créneau qu’en se connectant le 2et mardi de chaque mois à partir de 17h »… »J’ai essayé des milliers de fois et je finis toujours par avoir un message d’erreur. Il n’y a qu’une seule fois où j’ai réussi à avoir un calendrier qui s’affichait, mais 90% des cas étaient déjà pris. Le temps que je prends mon téléphone pour vérifier dans mon journal si j’étais disponible, les jours proposés n’étaient plus libres », peste-t-il.
Las, Gérald laisse passer le temps, imaginant que son « passif » plaiderait en sa faveur. Le Brexit le rappelle à l’ordre. « Ça ne me dérangeait pas trop de ne pas voter aux élections présidentielles, mais avec le Brexit, je n’ai plus eu le droit de voter aux élections locales, ça, ça m’a vraiment agacé », confie-t-il. Il se repenche donc sur son dossier et espère reprendre là où il s’en était arrêté… en vain.
En situation irrégulière
Il quelques jours, Gérald a reçu contre toute attente un courrier du service de la préfecture. Lors d’un échange avec cette personne, il découvre avec stupéfaction que pour faire la demande de naturalisation, il doit renseigner le numéro de visa ou de titre de séjour… qu’il n’a jamais poursuivi.
Avant le Brexit, il n’avait pas besoin d’aucun de ces documents pour vivre et travailler en France mais depuis la donne a changé. Il aurait du faire la demande. Choisissez dont il ne s’est pas préoccupé. « J’avoue sur le plan administratif je ne suis pas très efficace. Mas je pensais que plutôt que de faire une demande de titre de séjour je pouvais directement faire la demande de naturalisation. Ça me paraissait plus logique ». D’autant plus, que le début de ses démarches était antérieur au Brexit. Un détail que le système informatique n’allume pas sur tous les tableaux.
Ce que regrette amèrement le Britannique.
Désormais, sans titre de séjour ni visa, Gérald est donc en « situation irrégulière ». « Je suis un clandestin », plaisante-t-il dans un français presque sans accent. « Ma vie est ici et pas ailleurs », rappelle celui qui a passé plus de temps en France que dans son pays de naissance.
« La situation commençait à me peser, et j’espère que j’obtiendrais la nationalité française, mais pas à titre posthume », ajoute-t-il sans se départir de son humour.
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.