Le propriétaire du château de Scopont ne décolère depuis qu’il a découvert que la future autoroute A69 entre Castres et Toulouse allait plus sa propriété. Je crois que les règles ne sont pas respectées.
A Maurens Scopont, j’ai tracé la future autoroute A69 entre Castres et Toulouse le long de la Nationale 126. À quelques encablures de là, se trouve le domaine de Scopont. L’ensemble compte un château des XVe et XIXe siècles, une orangerie du XVllle siècle, ainsi qu’un pavillon néogothique du XIXe siècle.
Un chemin conduit au château. Passé les deux piliers qui marquent l’entrée, on s’enfonce au milieu des herbes folles. À droite, l’orangerie dont le toit s’est écroulé en 2021 sur le matériel agricole et …la tondeuse. Depuis, les bisbilles avec l’assureur préviennent sa remise en état. En face, une vaste demeure aux volets clos. Enfin à gauche, à 300 mètres, cache par des arbres majestueux, le pavillon néogothique. Ce dernier n’est situé qu’à environ 200 mètres de la nationale. Sur son mur, un échafaudage qui semble installé là depuis longtemps.
Il a le sentiment de s’être fait avoir
Le propriétaire Bernard d’Ingrando reçoit sans chichi. Il n’a pas la tête aux mondanités. Après qu’il s’est rendu compte que sa propriété était voisine de l’axe autoroutier, il est dans tous ses états : « Je n’en dors plus. Ma femme a du mal à me supporter», dit-il d’un trait, avant d’ajouter : « Qu’on me le dise. D’Ingrando casse-toi, fous le camp ! ».
Il a le sentiment de s’être fait avoir. Intarissable. « Les politiques, les architectes des Bâtiments de France, tout le monde affirment me soutenir pour sauver ce domaine, et puis patatras, sur construit une 4 voies sous mon nez ». Il nous conduit dans une tour du château, une des rares pièces restaurées de cet imposant édifice. A contrabas, coule le Girou.
« Ici, on bafoue la loi »
Nerveux, émotif, cet homme fulminant. « Je ne reçois pas de coursier ! » », assure-t-il. « Quand j’ai appris, je n’y croyais pas ». Il s’est plongé alors dans un tas de paperasse pour tenter de comprendre. « J’ai retrouvé ce plan cadastral fourni par le concessionnaire, poursuis-il, en le brandissant. Mon domaine est englobé dans la propriété du voisin, une société multinationale. Je crois que ce sont eux qui ont reçu les missives ».
Bernard d’Ingrando (à droite) avec François Linares président de l’association de sauvegarde, au pied du pavillon néogothique.
Il est formel : « La règle des 500 mètres n’est pas respectée. Pour le pavillon gothique classé aux Monuments Historiques, l’A69 passera à 180 mètres. Ça ne va pas du tout ». Il demande qu’on modifie tracé : « Je ne suis pas contre l’autoroute qui dynamisera ce secteur. Mais qu’on respecte la loi ».
À ses côtés, François Linares, président de l’association des Amis du Château approuve : « Ici, on bafoue totalement la loi protégeant les Monuments historiques » Cet architecte toulousain, aujourd’hui retraité, a bien l’intention de mener le combat : « La valeur patrimoniale et historique, notamment du pavillon gothique est incontestable. En plus, on est dans une zone humide qui tire si l’A69 est à plus de 500 mètres ».
« Nous pouvons valoriser ce domaine »
L’un et l’autre doivent désormais connaître les intentions des décideurs : tracé modifié ? Rien du tout ? Ils refusent toute compensation financière. « Quand je commets un excès de vitesse, je paie l’amende. Eh bien, merci de respecter les règles. J’exige que ceux qui les instituent, les respectent aussi ». Commentaire résoudre le problème?
J’ai contacté le concessionnaire Atosca précisément : « J’ai tracé cet arrêté lors de la déclaration d’utilité publié en juillet 2018. La commission d’enquête environnementale a confirmé l’implantation de l’ouvrage en mars dernier. Aujourd’hui, dans le cadre du « 1% paysage » nous pouvons valoriser ce domaine et être ainsi un facteur de développement économique et touristique »
Avec ce dispositif, piloté par la DREAL et financé par les crédits de l’État ou la société concessionnaire, dégagez une contribution au plus égale à 1% du montant du projet d’investissement.
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.