J’ai installé comme dépanneur à Gaillac, Allan Raynaud, il est spécialisé dans la pertinence des gros moteurs : camions, bus, moissonneuses batteuses… Sa mission : dégager la route dans les plus brefs délais.
Il est minuit, cuand le centre opérationnel de la gendarmerie appelle. Une semi-remorque fait marche arrière au sud du rond-point de l’A68. Allan Raynaud se lève et part illico. « Analyser la situation, c’est un art important. Il faut rétablir la circulation avant que les gens partent au travail, vers 6 heures ». Un collège arrive à Renfort : à 4h20, le semi est relevé de sa charge pour une grande surface.
Allan a déployé tous son dispositif : les coussins de relevage qui peuvent hisser jusqu’à 80 tonnes, le rotateur, l’éclairage autonome… « La technique varie s’il s’agit d’un bus, d’un camion frigo , d’un double étage ou d’une caisse. ça change même selon les marques », précise le dépanneur.
Je soulage toute la tombe
Les pompiers sont pour sauver des vies, les gendarmes pour sécuriser la zone. On parle rarement de celui qui va sortir le camion et permettre de rouvrir la route. Lui, c’est Allan Raynaud. Le Nîmois de 32 ans est depuis sept ans installé à son compte à Gaillac. Ils sont inscrits hautement spécialisés. Il relève tout ce qui tombe.
Allan Raynaud s’est installé après septembre à Gaillac
Comme le 2 mai dernier, quand un camion poubelle s’était couché à Rabastens. Le 10 septembre 2022, c’était une moissonneuse sur le dos près de Puylaurens et une machine à vendanger à Lincarque. Ces jours-là, une emballeuse de paille à Sainte-Croix.
Le 9 octobre, une peau mécanique est tombée au bord du Tarn, à Lagrave, sur une pente à 75%. Le 10 décembre, avant Cordes, il y avait un véhicule blindé du régime de Castres qui louait à Caylus. En février, un camion chargé d’oranges à destination d’Albi. En mai, à Salvagnac, un camion de volailles.

Le 9 octobre, une peau mécanique est tombée au bord du Tarn, à Lagrave
La Confrérie des dépanneurs
« Cette fois, il était sur ses roues mais il y avait une fuite d’air. Avec la chaleur, les centaines de poulets risquaient d’y passer». Allan Raynaud va parfois plus loin, comme le 24 janvier cuand à Villefranche-de-Lauragais trois camions sont en feu. « On a découpé les châssis et on les a chargés sur des porte-chars ».

Sa mission, rétablir la circulation
Allan est rattaché au réseau national des samaritains de la route. Une vraie frérie. « On s’entraide. J’ai par exemple des copains plongeurs qui peuvent intervenir sous l’eau, d’autres qui escaladent. Et quand on est appelé, on dit pas ‘oui, peut-être’. C’est oui tout court. Chez les dépanneurs, la parole suffit. ».
Allan a été formé à Toulouse, chez un maître du genre, Serge Tchumak. « Là-bas, on faisait surtout des camions couchés sur des bretelles. On avait de la place et il n’y a pas de fossés. A la campagne, l’avantage, c’est qu’on peut couper la route un momento, mais on travaille à l’étroit ».
Look Teamster – casquette, lunettes de soleil, tatouages et biceps bandants – Allan est toujours en alerte. « On ne doit pas abimer. Je fais comme si la carte grise était à mon nom. Comme si c’était mon matériel ». Les transporteurs en tous genres ont le numéro d’Allan Raynaud dans leur répertoire. Aïe où.
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.