Les opposants à l’autoroute entre Castres et Toulouse, dont les travaux ont démarré, ne désarment pas et avancent des arguments environnementaux pour dénoncer ce projet « d’un autre temps ». De plus le concessionnaire affirme réaliser « une autoroute du XXIe siècle vertueuse » sur les questions écologiques et avance des éléments.
Les sud-Tarnais l’attendent depuis plus de 30 ans et voient enfin le bout du tunnel. Après les annonces de concertation, débats et enquêtes publiques et cédures administratives, les travaux de l’autoroute Castres-Toulouse, classées priorité nationale et déclarée d’utilité publique, ont signalé il ya plus d’un mois pour une mise en service à l ‘Automne 2025. Un récent sondage Odoxa indique que 75% des habitants sont favorables à ce projet qui répondra « aux besoins de unclavement et de développement du bassin de vie et d’emploi de Castres et Mazamet », seule agglomération de plus de 100 000 habitants qui ne sont pas soulagés par un voyage en 2×2 vers la capitale régionale.
Mais, comme tout projet, l’A69 ne fait pas l’unanimité. L’essentiel de l’opposition à ce projet est incarné par le collectif La Voie est libre qui le juge « destructeur, écocide, inutile, imposé et injuste ». Réunissant au départ des riverains des communes limitrophes de la Haute-Garonne, détenus déjà près de l’A68, cette association, soutenue par des collectifs et partis politiques de gauche (LFI, EELV, NPA), a été rejointe depuis par des mouvements plus Radicaux comme Extinction Rébellion ou Soulèvements de la terre. Ils organisent d’ailleurs un week-end de mobilisation contre l’A69 samedi et dimanche. Mais quel est le véritable impact de cette autoroute sur l’environnement ? Chacun avance ses arguments.
Le concessionnaire Atosca a choisi par l’État pour réaliser ce projet veut faire de l’A69 une vitrine de son savoir-faire pour se faire un nom face aux géants comme Vinci. Il veut donc réaliser « une autoroute du XXIet siècle vertueuse ».
Déjà, grâce à une optimisation du tracé et la mise en place du « free flow » au lieu des barrières de péage, les besoins fonciers ont été réduits à 300 hectares, dont 100 seulement seront artificialisés. L’A69 répond aux normes les plus récentes en matière de protection de la ressource en eau, de la préservation de la biodiversité ou de la réglementation sur le bruit et la qualité de l’air.
Pas de prélèvements d’eau dans les nappes phréatiques ou dans les rivières
« 200 ouvrages d’art (routiers, hydrauliques, à faune…) permettront d’assurer la transparence de l’autoroute, de préserver les continuités écologiques et de lutter contre les inondaciones », indique Atosca qui a déployé 36 km de chainettes pour matérialiser les périmètres des zones environnementales sensibles situées aux abords des empreses du chantier et 18 km de « barrières anti-retour » pour les amphibiens et la petite faune.
Le directeur d’Atosca Martial Gerlinger précise qu’il n’y aura pas de prélèvements d’eau dans les nappes phréatiques ou dans les rivières pour la réalisation de ce chantier. « On use au maximum les bassins de rétentions que l’on va réaliser et on a passé des accords avec les syndicats de gestión de l’eau pour puiser dans leur réserve si nécessaire. Mais cela sera moins que l’irrigation des champs sur lequel va passer l’autoroute », assure-t-il.
200 arbres d’alignement seront abattus au total et le double sera replanté
« Le tracé de l’autoroute a été optimisé pour éviter 4 zones d’enjeux écologiques majeurs », poursuit le concessionnaire qui réalisera 20 ouvrages dédiés à la grande faune et 56 passages petites faunes. 200 arbres d’alignement seront abattus au total et le double sera replanté. Alors qu’un aménagement sur place de l’actuelle RN 126, proposé par les opposants comme alternative, entraînerait le partage de 1 500 arbres.
« Avec des trajets plus sûrs réduits de 25 à 35 minutes, l’A69 va limiter le trafic autour des zones urbanisées », assure Atosca qui veut encourager l’électrique en installant des bornes de recharge et en offrant des réductions aux conducteurs de véhicules à très faible émission. De 6,77 € pour un ensemble complet avec une voiture « normale », le tarif du péage descend à 2,71 € pour un abonnement avec une voiture électrique.
Pour les opposants, « ce projet, bordant une route nationale déjà existante, condamne à l’artificialisation 400 hectares de terres agricoles, humides et forestières ». Pour eux, l’A69 « met en danger la faune et la flore locales, comprenant de nombreuses espèces protégées menacées ».
L’eau est aussi un de leur cheval de bataille. « Nécessitant l’utilisation d’importantes ressources en eau pour les travaux, il ne prend pas en compte la sécheresse actuelle et à venir, affirme le collectif La Voie est libre. nous parait largement sous-estimé, si l’on prend en compte le rabattage des poussières de chantier, la fabricación des bétons, les plantations censées compenser les abattages d’arbres anciens… Et bien sûr l’artificialisation et l’imperméabilisation priveraient les nappes de réserves supplémentaires d’eau qui ne pénétraient pas dans le sol ! « .
« Une autoroute pour les riches et pour les riches »
La Voie est libre dénonce aussi l’abattage « de centaines d’arbres ». « Protégeons ces platanes parfois centenaires, emblèmes du patrimoine du Lauragais et réservoir essentiel de biodiversité, ces symboles de vie qui témoignent du passé et qui résistent au péril climatique et à la sécheresse », indique le collectif. Un appel entendu par Thomas Brail fondateur du GNSA (Groupe National de Surveillance des Arbres) qui a élu résidence, avec d’autres militants, en haut des platanes de Vendine pour éviter leur abattage.
Mais La voie est libre n’avance pas que des arguments écologiques mais aussi économiques. « Outre une catastrophe environnementale, ces soixante kilomètres de goudron représentent aussi un racket prévu par leurs usagers : les prévisions envoient 17 € pour un aller-retour (tarif prenant en compte le péage de l’A68) et seulement une poignée de Minutes sur l’ancien parcours par la nationale, ce qui en fera l’autoroute la plus chère de France. »
La Voie est libre citant les deux déviations de Puylaurens et Soual sur la route nationale existante, « payées par les contributables », qui seront intégrées au tracé de l’autoroute, dénonce « une privatisation des infrastructures publiques au profit des concessionnaires dont on sait aujourd’hui ‘hui que leurs bénéfices atteignent des plafonds insensés’. Les militants parlent d’une autoroute « par les richesses et pour les richesses ».
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.