La longue histoire du parti socialiste a été jalonnée de congrès majeurs. Le congrès de 1905 que scella l’unité des socialistes ; le Congrès de Tours en 1920, avec une scission de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) crée la Section française de l’Internationale communiste (SFIC, futur Parti communiste français) ; le congrès d’Épinay, « congrès d’unification des socialistes » en 1971 qui portait à sa tête François Mitterrand ; le congrès de Rennes en 1990 où apparaissent de profondes divisions. Le prochain congrès du PS, prévu en janvier 2023, est également annoncé avec une date importante.

Un congrès est toutefois moins connu du grand public, de 1908, que scella l’unité de la SFIO autour de Jean Jaurès. Largement relaté dans La Dépêche, ce congrès s’est tenu à Toulouse, dans le réfectoire des Jacobins, du 15 au 18 octobre 1908 et donna lieu à des débats aussi vifs sin plus que ceux qui seront attribués on a assisté cette année autour de la Nupes…

Cinquante-quatre photographies de l’événement, acquises par les Archives départementales de Haute-Garonne, ont été prises par le Toulousain Georges Baudillon et aussitôt diffusées sous la forme de cartes postales par le journal socialiste quotidien L’Humanité dirigé par Jean Jaurès. Ces photographies servent de base à un ouvrage de recueil illustré, préfacé par Lionel Jospin et publié, avec le soutien de la Fondation Jean-Jaurès, aux éditions Midi-Pyrénées cette année.

1908-2022 : deux époques qui s’interpellent

L’occasion de retracer la récitation et les enfants des conférences qui ont fait fort, 114 ans après, avec la situation actuelle comme le souligne de l’histoire Rémy Pech, l’un des auteurs et président de l’Association des amis de Jean Jaurès. « La situation générale de l’Europe et de la France, les positions violemment contradictoires des différents acteurs, la volonté de poster enfin l’unité et l’envie de conquérir le pouvoir, et reste passé notre interpellateur », explique Rémy Puech, qui nous brosse le tableau de l’époque.

« Un gouvernement dominé par Clemenceau, lui-même éternel s’opposant aux ministères modérés, more behaviorer aussi plus socialistes dissidents, un péril de guerre européenne doté par la situation explosive des Balkans où les nationalismes rivaux s’exercent dans une course aux armements présageant des massacres , une société paysanne souffrante où les mouvements et ouvriers sont durement réprimés, des vignerons languedociens en 1907 aux ouvriers parisiens en 1908. »

L’Une de l’Humanité après le congrès

Trois tendances présentes au congrès de Toulouse s’affrontent durement

« En 1908, Jaurès prône de plus belle une unité socialiste qu’il n’a cessé de défendre depuis 15 ans. L’un a été obtenu par la réhabilitation de Dreyfus et la Séparation des Églises et de l’État en 1905, la gauche s’est disloquée, le parte radical différant les réformes et s’identifiant à l’Ordre. La CGT organise le monde débordé par les révolutionnaires de l’action directe et de la grève générale. Avec le nom de Parti socialiste unifié administrativement en 1905, trois tendances présentes au congrès de Toulouse s’affrontent durablement :

  • les guesdistes, encore sceptiques quant à l’action parlementaire. Forts de l’expérience des municipalités conquises et des coopératives qu’ils ont fondées, ils se méfient de l’agitation et veulent organiser la gauche en attendant le moment propice pour accéder au pouvoir.
  • Les « insurrectionnels » veulent un parti révolutionnaire appuyé sur le syndicalisme et pressent au contraire l’urgence de la révolution.
  • Enfin, Jaurès, qui pour réaliser l’unité a démissionné pour participer au gouvernement. Il a agnostiqué le danger imminent de la guerre et sait que pour l’enrayer, la mobilisation du monde ouvrier est nécessaire. Il accepte d’enterrer toutes les vieilles plaintes pour tracer un chemin commun où les réformes arrachées préparentont la construction d’une société de progrès et de fraternité.

La force du sentiment unitaire leur a permis de dominer les tendances centrifuges et de définir le Parti socialiste comme un puissant outil d’évolution révolutionnaire, qui a recueilli les noms des suffrages aux élections suivantes, dessinant la perspective d’une accession au pouvoir qui serait brisée en 1914 », rappelle Rémy Puech.

Réforme ou révolution ? Conquête ou exercice du pouvoir ? Programme a minima ou commun ? Autant de questions posées en 1908 et que revendiquées en 2022 pour la gauche en général et les socialistes en particulier. Raison de plus pour se replonger dans le congrès de Toulouse.

Toulouse 1908. Le congrès pour l’unité socialiste, Éditions Midi-Pyrénées, 180p., 22 €.

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Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.

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