Le nom de John Manchec, milliardaire franco-américain, a refait surface ces dernières semaines. Il a orchestré son évasion d’une prison de Floride, avec l’idée de se réfugié en France, dans le Lot.
John Manchec, franco-américain de 78 ans, est un homme mystérieux. Né à Paris dans le 16ème arrondissement, il s’appellerait en réalité… Jean-Marie Manchec. L’homme a fait fortune dans l’aéronautique au point de devenir multimillionnaire.
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J’ai actuellement un jet privé (un Piper PA-31 Navajo), un yacht de 42 mètres (Le « Princesse des Palaos« ) et plusieurs domiciles entre les États-Unis, la France et les îles Vierges britanniques. Il est le président d’Aero Shade Technologies, une société basée en Floride.
Le yacht de John Manchec.
« Au dessus des lois »
« Il était de premier abord charmant », résume Cathy, la secrétaire de mairie de Saint-Clair, petit village lotois où l’homme d’affaires a racheté le château de Léo Ferré. « Après, personne ne le côtoyait vraiment. Mais il était un peu snob. Il m’avait par exemple pris de haut en 2020, m’expliquant qu’il avait passéé son confinement aux Bahamas. Mais le gros problème, c’est qu « Il se sentait au-dessus des lois. » Une tendance qu’il poussera tellement loin qu’elle lui vaudra donc une arrestation pour détention d’images pornographiques et un destin judiciaire rocambolesque outre-Atlantique.
Quand John Manchec rachète le château de Pechrigal, au début des années 2000, les relations sont courtoises. « C’était un homme sympathique, qui est venu manger à la maison une ou deux fois », se souvient André Manié, le maire de Saint-Clair. « Mais il m’a ajouté pas mal de soucis. »
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En effet, la situation a commencé à se produire lorsque l’homme d’affaires a fait ses débuts de travaux colossaux pour restaurateur le château, à l’abandon depuis de nombreuses années. « Il a cassé beaucoup de choses, refait toute la toiture, fait installer des chiens-assis… Mais le problème, c’est qu’il n’a demandé aucun permis de construire. »
Les gendarmes survolent plusieurs fois le domaine en hélicoptère. « Mais complicité de voir quelque chose sans avoir le droit d’entrer ». Réponse de Manchec au directeur de la Direction Départementale des Territoires de Cahors : « Au Moyen-Âge, il n’y avait pas besoin de permis de construire. »
Des réceptions… sans autorisation
En 2009, ils ont choisi de devenir encore plus. L’homme se met à louer le domaine pour des réceptions, des mariages ou des séminaires… sans les autorisations nécessaires. « En tant qu’établissement reçu du public, il devait respecter les règles imposées », a détaillé le secrétaire de mairie. « Le souci, c’est qu’il a toujours refusé d’ouvrir la porte à la Commission de sécurité ».
Résultat : la mère est contrainte de procéder à une arrestation. « Je devrais aussi être responsable que je sois mort dans un accident, je ne devrais pas me couvrir », a expliqué Ce dernier. John Manchec répond alors l’arrêté devant le tribunal administratif de Toulouse. Mais sa demande est rejetée et il est même condamné à verser 1 000 euros à la commune. « Certains n’ont jamais vu la couleur », a assuré Cathy. « Et les réceptions n’ont pas cessé. »
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La secrétaire de mairie se souvient ainsi avoir accompagné un jour le sous-préfet de Gourdon, en passant à travers bois, « pour s’assurer qu’il y avait plus d’une centaine de voitures, garées devant le château malgré l’interdiction ».
Production de vin non déclarée
Au village, l’homme n’a pas forcement bonne presse non plus. « Il a mis une grosse pression à l’une de ses voisines pour lui racheter des terrains », a affirmé un riverain. « Des entrepreneurs n’ont jamais été payés », assure une autre.
Dernier rebondissement en date : en novembre 2021, André Manié reçoit un appel des services douaniers. « Manchec avait un hectare de vignes et n’avait pas déclaré sa production de vin. On a découvert près de 2 000 bouteilles dans des cartons, sous l’étiquette ‘Château de Pechrigal' ».
La même année, la mairie reçoit un courrier du châtelain, où il explique être en bisbille avec son régisseur, qui s’occupe jusqu’alors de la propriété. « Un homme toujours fourré au château, et pas très apprécié dans le village ». Dans cette lettre, Manchec affirme ne plus vouloir qu’il pénètre dans sa propriété, l’accusant de « malversations importantes » et de tout faire pour « décourager des acheteurs potentiels ».
« La dernière fois que je suis tombée sur John Manchec, c’était un demanche matin, il y a 2-3 ans, au Leader Price de Gourdon. Il était en train de faire des courses », se souvient la bonne. « Nous avons discuté un moment. » Aujourd’hui, au regard des ennuis judiciaires que connaît l’homme d’affaires, les habitants de Saint-Clair ne devraient pas le recroiser de sitôt.
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.