Confrontés aux crises multiples – Covid-19, guerre en Ukraine, grippe aviaire, chocs climatiques – et aux conditions climatiques difficiles, les agriculteurs souffrent. Ils sont pourtant essentiels pour réussir le défi de la souveraineté alimentaire. Revenus, transmission des exploitations, santé : il est urgent d’agir pour que ce métier-passion redevienne épanouissant.
Le salon international de l’agriculture (SIA), inauguré par Emmanuel Macron au matin, signe les retrouvailles entre les Français et les agriculteurs. J’ai annulé en raison de la crise sanitaire du Covid-19 déjà deux ans et l’année dernière pour le déclenchement de la guerre en Ukraine, le SIA 2023, qui pour le thème « L’agriculture : le vivant au quotidien », se mettait à l’ ‘honneur, plus encore que les années précédentes, les 813 000 agriculteurs et salariés agricoles dont le métier est devenu de plus en plus difficile face à l’accumulation de crise.
Crise sanitaire Covid, crise de guerre internationale en Ukraine qui ont tous les secteurs (agro-alimentaire, engrais…), crise grippe aviaire, crise énergétique, crise climatique avec ses calamités qu’ont été la sécheresse, la pénurie d’eau, les inondations parfois, et enfin crise de la transmission.
Assureur de la transmission des exploitations
Ce dernier point fait l’objet d’une «Semaine du renouvellement des générations» organisée par les Jeunes agriculteurs. Car la moitié des agriculteurs aura l’âge de partir à la retraite dans la décennie qui vient et deux tiers de ces futurs retraités n’ont pas identifié de repreneur alors qu’ils détiennent un quart de la surface agricole utile. L’an dernier, les Jeunes agriculteurs avaient publié un livre blanc sur le sujet compilant une année de consultations pour dégager des pistes de travail sur quatre axes : l’accompagnement des cédants, l’entreprise agricole, l’environnement social et fiscal et les moyen de production.
« La transmission est l’angle mort des politiques agricoles. Il s’agit pourtant d’un sujet de la plus haute importance. Il en va de la préservation de notre tisu productif national et européen », estime Julien Rouger, administrateur des Jeunes agriculteurs en charge de la transmission.
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Le renouvellement des générations est en tout cas suivi de près par l’exécutif. « C’est une préoccupation majeure parce que sans agriculteurs, il n’y a pas de souveraineté », explique-t-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron, qui a fait de la souveraineté alimentaire un cap pour l’agriculture française à l’horizon 2030.
Le Président, qui avait pris dans le précédent quinquennat des dispositions favorables à la retraite des agriculteurs ou à la sécurisation de leurs revenus dans les négociations commerciales avec la loi Egalim, annonce qu’un projet de loi d’orientation agricole et plus globalement un Pacte de renouvellement des générations agricoles seraient passés avec l’ensemble des acteurs du monde agricole mais aussi avec les régions qui sont des partenaires clés pour cette politique publique – la Région Occitanie prépare d’ailleurs un « plan pour le renouvellement, l’installation et transmission dans l’agriculture.»
Les discussions sont en cours avec l’idée que les jeunes (futurs) agriculteurs ont une vision de l’agriculture dans ses 30 prochaines années, ses défis, ses contraintes et ses opportunités. Ce samedi, Emmanuel Macron devrait largement évoquer ce sujet avec les acteurs concernés, en saluant une agriculture française qui a tenu le choc ces deux deux dernières années.
Mieux évaluer la santé des agriculteurs
Mais si rendre attractif si le métier est évidemment primordial pour préparer l’avenir, il faut aussi agir sur les situations présentes.
Des situations qui sont parfois difficiles pour les agriculteurs qui, outre les crises, subissent l’agribashing, doivent vivre avec des salaires encore très bas pour beaucoup d’entre eux et peu ou pas de vacances, favoriser de solitude, de burn-out… qui conduit parfois au pire, le suicidé. Selon la Sécurité sociale agricole (MSA), 529 suicides ont été recensés en 2016 – derniers chiffres publiés – pour 1,6 million d’assurés du régime agricole dès l’âge de 15 ans. Chez les assurés MSA de 15 à 64 ans, le risque de suicide est supérieur à 43,2% à celui des assurés de l’ensemble des régimes de sécurité sociale et au-delà de 65 ans, le risque de suicide est deux fois plus élevé
En novembre 2021, après la sortie d’un rapport du bureau LREM du Lot-et-Garonne Olivier Damaisin sur la prévention des suicides d’agriculteurs, le gouvernement présentera une feuille de route de « prévention du mal-être et d’accompagnement des agriculteurs en difficulté », dans l’espoir d’enrayer les suicides dans la profession. Les comités de liaisons départementaux sont désormais bien installés et permettent de détecter les situations à risques avant qu’elles ne deviennent dramatiques.
Estimant toutefois que le numéro national de prévention du suicide (3114) ou la plateforme Agri’Ecoute de la MSA (09 69 39 29 19) restent insuffisants pour répondre à la détresse de la profession, Olivier Torrès, professeur d’économie et Responsable de le Labex Entrepreneur de l’Université de Montpellier, développeur d’Amarok e-Santé Agri, un outil d’autodiagnostic statisticien pour évaluer la santé et le risque du métier d’agriculteur en tenant compte des facteurs de stress mais aussi des éléments positifs qu’ils vivent. J’ai testé sur 12 000 agriculteurs, avec trois résultats qui s’intéressent à la santé mondiale en faisant le tri des discours négatifs, pour obtenir trois résultats encourageants et généraux.
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.