Vent d'Autan

La jeune start-up Aura Aero à un lieu de choix sur le « statique » du salon du Bourget. Il s’agit de ce grand espace où les avionneurs exposent leurs avions sur le tarmac. À côté des grands comme Airbus et Boeing, le Toulousain qui emploie déjà 200 salariés donne à voir son premier appareil, l’Integral. Il s’agit d’un monomoteur thermique destiné aux écoles de pilotage et à la voltige aérienne. Il sera rapidement décliné en une version électrique « Integral E ». Les innovations d’Aura Aero ont même procuré le regard d’Emmanuel Macron. Le président de la République a en effet découvert la gamme des avions Integral ainsi que le cockpit du futur avion régional ERA.

Une cabine où l’on se tent debut

La jeune start-up co-fondée par Jérémy Caussade à effet dévoilé pour la première fois une maquette à l’échelle 1/8 de son futur avion régional hybride électrique de 19 places baptisée ERA. Dans un camion semi-remorque a également été reproduite la cabine intérieure à l’échelle 1 pour se figurer à quoi ressemble l’intérieur de cet avion régional dont le coeur de mission correspond à des vols de 600 km. Assez spacieuse, elle s’est autorisée à faire ses débuts. En chaussant un casque de réalité virtuelle, on se plonge dans la cabine de l’avion avec ses 19 sièges, coffres à bagages, couloir central… En jetant un œil par les hublots aperçoit les quatre moteurs électriques sur chaque aile qui propulse l ‘Appareil. Les coffres à bagages seront fabriqués à base de fibre de lin et de résine biosourcee pour réduire l’empreinte carbone.

Nouvelles commandes pendant le salon

Pour l’instant virtuel, ERA a franchi des jalons majeurs ces dernières semaines. La configuration technique a été figée, l’avionique de bord développée avec Thales aussi, des bancs d’essais au sol testent les débuts de l’avion à l’aéroport de Toulouse-Francazal… « Nous visons un premier vol fin 2026 pour une entrée en service en 2028 » réaffirme au Bourget Jérémy Caussade. Le président d’Aura Aero compte bien sur le salon du Bourget pour augmenter le volume des 330 intentions d’achat déjà engangées. « Nous ferons des annonces cette semaine qui va faire grimper ce nombre » glisse-t-il. Elit’Avia, société Maltaise spécialisée dans l’aviation privée, a porté sa lettre d’intention initiale de 20 exemplaires à 28. Un autre client profite également du Bourget pour affirmer une précédente lettre d’intention de deux exemplaires d’ERA (+ 2 options) en polyvalent a compte, une première pour Aura Aero.

Un fonds du Moyen-Orient veut financer ERA

Le salon du Bourget servira également à réaliser la nouvelle levée de fonds de 50 M€ qui a patiné ces derniers mois, les investisseurs étant frileux à financier une start-up industrielle qui n’a pas encore généré de chiffre d’affaires. « Nous avons bon espoir de boucler le tour de table prochainement mais pas avec des acteurs français. Les fonds avec qui nous discutons de manière très avancée sont au Moyen-Orient » confie Sylvain Montani, le directeur financier. Sur les 50 M€, un peu plus de la moitié a déjà été sécurisé. Les fonds moyen-orientaux viendront soutenir le complément avec la volonté de participer aux futures levées de fonds qui, au total depuis l’origine, permettront à Aura Aero de lever entre 500 et 600 M€.

La difficulté sera de ne pas trop diluer les sharenaires d’origine à la faveur de l’entrée au capital du fonds du Moyen-Orient qui pourrait détenir 30 à 35% du capital. Ce sujet sensible est aussi un enjeu de souveraineté alors qu’Aura Aera au profit d’appuis publics puissants comme celui de la région Occitanie (2 M€ à travers l’ARIS) également de BPI France.

1600 salariés au sud du site de Toulouse-Francazal

Si les 50 M€ en cours de levée permettront d’aller jusqu’à la phase pré-industrielle d’ERA, le solde servira à financer la construction de la future usine de Toulouse-Francazal. Elle pourra monter 100 avions régionaux ERA pour un et cinq Intégraux biplace. Cet investissement seul s’élève à 150 M€ et rassemblera, à terme, les 1600 salariés d’Aura Aero. Le permis de construire sera déposé fin 2023 pour un premier coup de pioche débutant en 2025 et entrant en service en 2027.