Durant tout l’été, les Archives départementales du Gers abritent l’exposition « Passés (re) composés : l’archéologie dans le Gers au XIXe siècle ». L’occasion de (re)découvrir la genèse de cette discipline scientifique alors en pleine évolution.
La ville de Séviac, Cieutat ou encore le prieuré de Saint-Orens… Les sites archéologiques sont nombreux dans le Gers. Mais qu’ont-ils été découverts et documentés ? Pour qui? Dans ces circonstances ? Auteur de questions qui trouvent des réponses aux Archives départementales du Gers, qui se sont attachées, en partenariat avec la DRAC Occitanie, à retracer l’évolution de la discipline archéologique dans le Gers au XIXe siècle au travers d’une cinquantaine de documents (croquis, fiches, photos… ) dans le cadre de l’exposition « Passés (re) composés ».
« Je semble intéressé à proposer une exposition qui aurait la valeur des pionniers de l’archéologie, qui ont « inventé » cette science du XIXe siècle, un siècle justement un peu oublié, coïncidé entre celui des Lumières et le XXe, qui est vraiment le siècle de l’explosion des dé Couvertes et de la modernisation des sciences », partage Pascal Geneste, directeur des Archives du Gers.
L’exposition est dotée d’une cinquantaine de documents issus des fonds publics et privés conservés aux Archives ou de prêts consentis par des collectivités et des particuliers.
Pourtant, le XIXe siècle marquera un tournant pour l’archéologie. Si aux XVIe et XVIIe siècles, seuls les beaux objets sont exhumés pour alimenter les collections des antiquaires. Au XIXe siècle, « on va progressivement aller jusqu’à une forme de professionnalisation du métier d’archéologue, avec la mise en place de relevés stratigraphiques, la contextualisation des sites, etc. », confie le directeur des Archives départementales du Gers.
« Des lois rencontrées en place »
Un siècle entier de mutations relaté au travers d’une frise chronologique qui parcourt les murs de la salle des Archives. « Le XIXe siècle, sur l’a découpé de manière artificielle en trois temps. » La première période cour de la Révolution française à la fin de la monarchie de Juillet en 1848. « Une période où on rassemble les collections et où on créera en 1830 l’Inspection générale des monuments historiques et les premières grandes sociétés savantes. Il y a un cadre et des lois qui se mettent en place », souligne Pascal Geneste.
Eh bien, venez la deuxième période qui s’étale de la IIe République au Second Empire. Au niveau local, par l’intermédiaire de l’archevêque d’Auch, Antoine Salinis, un Comité d’histoire et d’archéologie de la province ecclésiastique d’Auch est créé en 1859, avant de devenir la Société historique de Gascogne. « Le comité publie « La revue de Gascogne », qui est une gazette scientifique de référence sur les découvertes historiques et archéologiques faites en Gascogne », poursuit-il.
Enfin, lors de la « Troisième République Triomphante » (1870-1901), « le travail engagé par les ecclésiastiques est accompli par des laïcs. C’est l’osculement entre l’érudition des prêtres, sous le contrôle du diocèse, et une érudition plus civile », partage le directeur des Archives. C’est aussi à cette période, en 1891, que la Société archéologique du Gers voit le jour.
Des découvertes induites par la réalisation de travaux en tout genre
Le maître des lieux porte ensuite notre attention sur un deuxième espace, placé en exergue une quinzaine de figures de l’archéologie dans le Gers. François Canéto, l’abbé Breuils, Édouard Piette… Autant de noms qui parleront uniquement aux férus d’archéologie…

Une centaine de membres de la Société française d’archéologie ont pu découvrir l’exposition en juin, en marge du Congrès archéologique national.
Une troisième partie met enfin en lumière une quinzaine de sites archéologiques de l’époque gallo-romaine découverts au XIXe siècle dans le Gers, avec trois régions principales : Auch, Lectoure et Eauze. « Pour chacune de ces découvertes, il y a une petite histoire derrière », livre Pascal Geneste. « L’hypogée (construction creusée dans le sol contenant le plus souvent des tombes, NDLR) de Lagrange a été mis au jour lors de travaux de terrassement entre deux rues à Auch », révèle-t-il à titre d’exemple. « Souvent, les découvertes ont été provoquées lors de travaux pour aménager des terrains », a-t-il conclu.
En libre accès, l’exposition est visible jusqu’au 17 septembre aux heures d’ouverture des Archives du Gers.
182e Congrès Archéologique National
Du 22 au 26 juin, le Gers sera présent au 182e Congrès archéologique national. Un événement suffisamment rare pour être souligné, qui ne s’était qu’à deux reprises antérieurement en Gascogne, en 1901 et 1970, après la fondation de la Société française d’archéologie en 1834. Chaque année, ses membres se déplacent ainsi dans un département pour étudier une thématique bien précise. « Lieux de pouvoirs aux XIIIe et XIVe siècles » : tel était le sujet qui a cristallisé les débats cette année. « À savoir, tous les édifices publics ou privés, parmi lesquels figurent : la cathédrale de Lombez, le château de Mazères, la collégiale de La Romieu… », souligne Pascal Geneste, directeur des archives départementales du Gers, qui a été honoré de la foire découvrir l’exposition – dont l’organisation a été motivée par la venue de la Société française d’archéologie dans le Gers – le 26 juin à près d’une centaine de congressistes réunis.
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.