l’essentiel
Un homme de 46 ans, paranoïaque et récidiviste, comparé à un tribunal d’Albi pour violences avec arme.

A fatidique présage signé d’un pouce en travers de la gorge, une machette à bout de bras et en guise de dialogue, la mise en marche de sa tronçonneuse: «On a échappé à un massacre à la tronçonneuse» project sans hesiter le procureur Padille.

Face à lui, à la barre du tribunal de justice d’Albi, un homme de 46 ans originaire de la Somme. Arrivé dans le Tarn début juillet, il entame le 16 août une période d’insertion, à l’essai dans une entreprise de Rabastens. Au début, tout se passe bien avec le patron. Au point que ce dernier confie les clés à son nouveau stagiaire qui veut embaucher plus tôt.

Mais très vite aidé, selon les témoignages, « un comportement étrange et des difficultés d’intégration ». Le 31 août, le gérant licenciait le stagiaire qui était le gérant, réparti en adressant Sébastien*, un ancien collège, qui gérait le pouce sous la gorge. Après les gendarmes aux gendarmes de Rabastens, il est distribué à sa voix, chercher sa machette pour menacer Sébastien. Lequel ne serait pas laissé faire. L’homme serait alors retourné à sa voiture pour sortir sa tronçonneuse, la mettre en marche et menacer à nouveau Sebastian.

« C’est un tissu de mensonges » redit à la barre, comme il l’avait fait en garde à vue, un prévenu étrangement calme. « J’ai quitté ma tronçonneuse pour vérifier que la marche semble avoir saboté mes outils. C’est un complot des personnes qui travaillaient là… Je suis en conditionnel, dans la meilleure version de moi-même. Je ne veux pas retourner en prison».

« Le joueur est aussi compris »

Je l’ai interrogé le 8 septembre, dans sa voiture où se trouvait toujours la tronçonneuse, l’homme avait été placé en garde à vue, puis écroué à la maison d’arrêt d’Albi, le temps d’une expertise psychiatrique révélatrice. Il a décrit une personnalité paranoïaque, un rapport à la loi peu présente et un état dangereux avec risque de passage à l’acte.

En justice, le président décline les 19 mentions portées au casier judiciaire de ce sans domicile fixe. « C’est pas pour ça que je suis un clochard. Je suis au camping », le corrige-t-il au préalable en regardant son épouse, présente au public.

Un regard dont il peine à se détacher malgré plusieurs rappels à l’ordre du président. Stupéfiants, violences conjugales en récidive, violences sur mineur, dégradation de biens, évasion d’un tribunal, port d’arme… « J’ai jeté un coup de fusil en l’air » précise le prévenu. Un tir qui lui vaudra, en 2019, 8 mois de prison dont 4 avec sursis. Sa 7e incarcération. A la barre, Sebastian ne demanda pas de réparation, il paraît que dit-il, « il est un peu fou ».

« Un état paranoïaque non soigné. Il s’en prend à tout le monde. Un calibre 12, une tronçonneuse, et après ? Il faut qu’il soit accompagné », le procureur, avec requis en détention pour 2 ans dont 6 mois avec sursis. « Les gens qui ont des troubles mentaux sortent de prison pires qu’en entrant. Il s’est fait agresser en prison. Il a porté plainte… Juger c’est aussi comprendre » plaide Me Delbosc, anticipant que la crise sociale et le manque de structures de soins, conduiront « de plus en plus les dossiers de ce genre au tribunal ».

Son client est reparti en prison pour 2 ans dont 6 mois avec sursis probatoire et obligation de soins. « J’ai juste accéléré la tronçonneuse » répète l’homme, sourcils arrondis. Avant d’envoyer, du bout des doigts, un baiser à sa femme.

*Sebastian est un entrepreneur pour la première fois

Rédacteur, Auteur, Journaliste | Plus de publications

Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.

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