Selon une étude récente, plus d’un Français sur deux est à 10 euros près lorsqu’il fait ses cours. Un chiffre en hausse que montre, qui du fait de l’inflation, les fins de mois sont difficiles. Alain, Corinne et Sophie nous racontent leur quotidien fait de petites débrouilles et grands calculs.
« Chez nous, la fin du mois, c’est aux alentours du 20. Une fois qu’on a tout payé : le loyer, les assurances, les mutuelles, le crédit pour ma voiture, l’eau, l’électricité, internet et les forfaits téléphoniques… À cette date, on est souvent dans le rouge, il ne nous reste plus rien. » Alain et sa compagnie vivent dans un village à une vingtaine de kilomètres à l’est d’Albi. Ancien chauffeur-livreur, retraité depuis près d’un an, l’homme n’arrive plus à joindre les deux bouts : « Ces derniers mois, c’est galère, galère ! », confiait le sexagénaire.
« C’est de la folie les prix affichés ! »
Avec une pension qui est de 1 004 € et 916 € qui touche sa société pour invalidité, le couple raconte « jongler tous les mois pour s’en sortir » : « On a fait le choix de quitter Albi il y a deux ans car ça devenait trop cher . Mais, avec l’inflation, la vie n’est pas beaucoup plus douce à la campagne. » Alain a fait le calcul, le supermarché le moins cher se trouve en banlieue d’Albi : « Pour les courses, ce n’est pas à 10 euros, mais à 1 euro près que je suis moi ! On regarde tout et on prend ce qu’il y a de moins cher. »
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Après l’explosion des prix, le Tarnais avoue désormais privilégier le cochon : « C’est ce qu’il y a de moins cher. Je vais vous dire, du boeuf, aujourd’hui, j’en mange maximum une fois tous les trois mois . C’est de la folie les prix affichés ! » Heureusement, pour se consoler et remplir l’assiette à moindre coût, Alain s’est vu prêter par son voisin un petit bout de terre : « Un jardin d’environ 20mdeux dans lequel je cultive un potager. De quoi aider un peu et me donner la fièvre de manger ce que j’ai moi-même semé. »
« Je ne peux plus m’autoriser aucune dépense »
Françoise, retraitée du Lot-et-Garonne, a décrit une citation similaire : « Entre l’augmentation de l’électricité, du fioul et le prix de l’APL, je ne suis plus là, je suis plus qu’heureuse. Je peux plus m’autoriser. aucune dépense.
Eh bien 60 ans, Corinne, elle, n’est pas encore retraitée. Divorcée et sans emploi, elle vit du RSA. Un petit plus de 500 euros pour ceux qui permettraient juste de survivre : « C’est simple, si je ne suis pas au Secours populaire tous les quinze jours, je ne le ferai pas. » Inlassablement, cette ancienne responsable de la caisse dépose des CV dans les grandes enseignes de la région. Mais rien n’y fait : « Plusieurs fois le même argument est revenu : mon CV est trop fourni. J’ai fait quelques ménages, notamment pendant un an dans une école, mais mon dos ne le permet plus. »
« Depuis plusieurs mois mon budget a pris un coup »
Corinne, comme Françoise, peut compter sur l’aide financière de ses enfants quand les temps sont trop durs pour redresser seule la barre « même si ce n’est pas leur rôle ». « Aujourd’hui, pour les rares courses que je m’autorise, je ne peux aller que dans les magasins de hard-discount. Faire plaisir en m’achetant tel autre. Voilà où j’en suis, voilà ce qu’est ma vie. »
La situation n’est pas seulement tendue chez les plus précaires. Sophie, Toulouse, 32 ans, peur aussi d’un quotidien fait de calculs : « Je gagne plutôt bien ma vie, je fais partie de ce que beaucoup nomment la classe moyenne, mais depuis plusieurs mois mon budget a pris un coup. » Jeune maman, elle n’arrive plus à mettre de côté : « Après la naissance de mon garçon, j’ai rencontré 50, voire 100 euros, sur un livret pour lui. Mais, désormais, ce n’est plus possible. »
Fonctionnaires territoriaux, ils dépensent 90 à 100 euros en moyenne toutes les deux semaines pour pouvoir circulaire avec sa citadine « qui a moins de 5 ans ». Elle ne va pas plus chez le maraicher voisin se fournir en légumes et fruits bio – « trop cher » -, indique un budget à ne pas dépasser à chaque fois qu’elle se rend au supermarché, a fait une croix sur le boucher et repoussé ses projets prêts. « Je n’ai pas peur de pour me plaindre, je sais que ça gagne beaucoup moins que moi, mais je veux montrer que l’inflation a un impact sur tout le monde. »
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.