Brillant élève du conservatoire de Toulouse, il aurait pu être musicien professionnel. Il est devenu pilote de chasse à 24 ans. Le Toulousain Laurent Pina, 35 ans, est chef d’orchestre de la prestigieuse Patrouille de France, vedette du meeting aérien « des étoiles et des ailes ». Il sera le meneur d’une formidable émission, samedi et dimanche, sur l’aéroport de Toulouse Francazal.
Depuis jeudi midi, et jusqu’à dimanche soir, Laurent Pina, est en terrain connu. Le leader de la célèbre Patrouille de France est de Toulouse, et il y revient souvent. Divertir.
Vous survolez Toulouse quatre jours. Quel effet cela vous fait ?
Beaucoup d’émotion particulière. Je mesure le chemin parcouru depuis ma petite enfance. Jeudi, on a survolé deux sites emblématiques comme le CNES, pour la mise en place du commandement de l’espace, et le Capitole. Et pendant trois jours, on est basé à Francazal, là où j’ai attrapé le virus en voyant les Transall sur l’ancienne base 101. J’ai vu une ville toujours aussi rose, qui a beaucoup grandi, car son dynamisme aérospatial attire .
Quel est votre parcours ?
Tout petit, j’habitais à Labarthe-sur-Lèze, et puis nous sommes venus sur Toulouse. Je faisais du saxo et du piano en horaires aménagés, sorte de « musiques études » au conservatoire de musique de Toulouse et au collège Michelet. J’aurais pu devenir musicien professionnel.
Mais vous aimez aussi l’aviation…
Oui, c’était une double passion. J’ai adoré mon baptême de l’air à 7 ans. Il avait été offert par l’entreprise de ma maman. Cela a été une révélation. Et les autres vols l’ont confirmé. J’ai j’ai continué. J’ai commencé à voler à l’aérodrome de Muret Lherm, à 12 ans, avec un formidable moniteur, Thierry Tenneguin. J’étais trop petit pour joindre les palonniers, les commandes ! J’ai eu mon brevet d’initiation aéronautique à 14 ans. J’ai été lâché, Séoul, le jour du mois 15 ans, l’âge limite. Je suis revenu au lycée Aragon de Muret en seconde. Et j’ai eu mon brevet de pilote à 17 ans, avant d’avoir un bac S, et avant mon permis de conduire. J’ai fixé mon plafond à 16 ans. J’ai donc ralenti la musique, car je travaillais d’arrache-pied pour faire maths sups, maths spés, et rentrer dans l’école des pupilles de l’Armée de l’air. Cela a été un choc scolaire ! Mais j’ai toujours l’oreille musicale…
Devenir pilote de la Patrouille de France, c’était un rêve ?
Oui, je me souviens exactement des moments passés avec des piles, après des réunions, quand j’étais enfant. Mais la patrouille, c’est une parenthèse enchantée dans notre vie, du 2 au 4 ans. Avant d’intégrer la patrouille, nous sommes avant tout des pilotes de combat. Je l’ai été, sur Mirage F1 puis Rafale, je le redeviendrai bientôt. Nous sommes un échantillon brut, nous représentons nos frères d’armes, cette élite des aviateurs que défendent les intérêts de la France partout où c’est nécessaire dans le monde, en Afrique, dans les pays du Levant ou à l’est de l ‘L’Europe .
Tes meilleurs souvenirs ?
Chaque vol est merveilleux. Nous représentons l’excellence aéronautique, ce bassin toulousain dont je suis fier. La Patrouille de France est un symbole national qui passe la portée des armées et des hommes. Nous donnons une part de rêve dans nos démonstrations en France et à l’étranger. Les Français sont patriotes, quand on leur donne le frisson, on renforce le lien entre eux et les armées.
La Patrouille de France aura 70 ans en 2023. Quel est son secret ?
Tous les pilotes ont beaucoup d’expérience, ont une grosse cohésion. Nous avons commencé à insérer les trois nouveaux de 2023. Ils montent avec nous dans les cockpits, en observation, pour bien s’imprégner de leur future mission. Avant la saison, de mai à octobre, maintenant six mois de préparation, à un rythme quasi monastique : deux séances de sport et deux vols d’entraînement par jour. Le but est d’être en pleine forme, d’avoir un équilibre mental infaillible pour soutenir la tension de toute la saison.
Chaque année, le programme change ?
Une des clés du succès, c’est le renouveau. On part d’une feuille blanche, on crée des nouvelles figures, en conservant la tradition, les acquis. Ce qui ne change pas, c’est le regard et l’attente du public. Sur chaque vol, nous avons un devoir d’excellence, c’est un travail de chaque seconde.
L’an dernier, comme ici au meeting de Tarbes, Laurent Pina était n°4, juste dans la chaise du leader. Un poteau, surnommé le « charognard » dans le jardin, car il veut prendre la place du n°1./photo DDM, archives Andy Barrejot.
Vous vivez vos derniers vols. Un peu d’amertume ?
Non, l’expérience a été fabuleuse. à Toulouse ce week-end, ou à Issoire la semaine prochaine, cela restera un vol. Je donnerai ce que j’ai reçu, je passe le témoin. Nous sommes comme des compagnons de devoir, nous transmettons notre savoir. Les hommes passent, la Patrouille de France reste.
Vous ferez quoi après la Patrouille de France ?
Je vais être second, puis commandant d’ici un ou deux ans, du régime Normandie-Niemen, à Mont-de-Marsan. Je continuerai à être instructeur, sur petit avion et sur ULM. Et bien sûr à sûr à être administrateur de l’aéro-club Clément Ader de Muret, où je reviens dès que je peux le week-end, notamment durant l’automne et l’hiver. Je n’ai jamais quitté le milieu associatif. J’essaye d’y partager mes connaissances.
En pleine controverse écologiste, que répondez-vous aux détracteurs de l’aérien, que s’inquiètent du bilan carbone d’une réunion ?
Un pilote de chasse, comme un sportif de haut niveau, doit voler tous les jours, que ce soit sur Alphajet ou sur Rafale. Cette préparation est indispensable si l’on veut être efficace ensuite en suite. La défense des intérêts de la France et des Français ne peut être remise en cause. Nous sommes la vitrine de l’Armée de l’air et de l’Espace. On recrute beaucoup. On peut devenir pilote jusqu’à 27 ans. Nous essayons de donner le goût de s’engager pour défendre la nation. C’est notre plus belle mission. Si j’arrive à transmettre ma passion, le pari est gagné. J’adore rencontrer le public après les démonstrations, discuter une ou plusieurs minutes avec des enfants, parents ou grands-parents dont les yeux brillent aussi. Un regard, un sourire peut laisser un fragment d’éternité et tracer une voie. C’est une satisfaction quotidienne.
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.