Après ces semaines, les associations toulousaines dénoncent la mise à la rue de nombreuses familles avec de très jeunes enfants. C’est le cas d’Eva, 22 mois, expulsée avec sa famille la semaine denière.
« C’est un scandale ! » C’est la première fois que je vois un bébé être mis dehors. Nos protestations contre les méthodes de la préfecture. Nous la soupçonnons de vider les hôtels en anticipant la coupe du monde de rugby. » Ainsi s’exprime Alain Chartier, membre du collectif Famille solidaire Matabiau-Bayard et Réseau éducation sans frontières.
Le bébé dont il parle s’appelle Eva. Elle a 22 mois et vit depuis mercredi dernier au milieu des barres d’immeubles dans le quartier de Bellefontaine, à Toulouse. Elle partage désormais une minuscule tente de la marque Quechua avec ses parents et ses deux sœurs de 13 et 15 ans.
Le 4 juillet, la Préfecture de la Haute-Garonne ordonne l’expulsion de l’Hôtel Président, rue Raymond IV. Près de deux ans ils vivaient là après avoir depuis séjourné dans différents hébergements depuis leur arrivée en France en 2018. Une décision « brutale, prise du jour au lendemain », dénonce Alain.
Teimuraz Gudavadze, le père d’Eva, indique qu’il était professeur de mathématiques en Géorgie. Il explique avoir quitté son pays en raison de problèmes familiaux et de santé. « J’ai essayé de trouver du travail en France mais sans carte de séjour, aucune entreprise ne m’accepte. Et comme je n’ai pas de titre de travail, la préfecture refuse mon règlement. La petite ne peut pas non plus aller à la crèche », explique-t-il.
Pour gagner un peu d’argent, Teimuraz et sa femme Tamar ont dû se contenter de petits boulots payés au noir. Le couple a également fait du bénévolat pour Emmaüs. Après l’expulsion, ils s’imposent dans le quartier et s’entraînent dans les revues. Cette semaine, grâce à l’aide d’associations, leurs filles aînées séjournent dans des centres sociaux libérant un peu de place dans le maigre abri et rassurant les parents. «Le quartier n’est pas très sûr…», élude le père.
L’inquiétude des associations
La famille géorgienne n’est pas la seule à dormir dehors. Nombre d’associations toulousaines dénoncent la multiplication des « mises à la rue de familles avec des jeunes enfants à Toulouse et dans des commones proches ». Après ce mondi, ce n’est pas le cas de la famille Zellari.
« Nous étions à l’hôtel à Portet-sur-Garonne depuis trois ans mais nous avons dû partir d’aujourd’hui, témoigne Mejlinda. Le 115, l’assistante sociale et les associations ne répondent pas au téléphone. J’ai trois soucis pour mes enfants. » Ce lundi soir, la petite famille composée de deux parents et de leurs garçons de 8 mois et 8 ans s’apprêtait à dormir dehors dans un parc.
Sollicitée, la préfecture a indiqué que la situation de la famille Gudavadze ne changera pas après 2020. « Or, l’hébergement hôtelier doit être mobilisé pour répondre à des besoins de mise à l’abri immédiat et de courte durée de ménages signalés par le SIAO ( 115) comme étant en situation de vulnérabilité. Elle n’a pas répondu à notre demande concernant la famille Zellari.
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.