La police aux frontières a interpellé plusieurs membres d’une famille soupçonnés d’aider illégalement des travailleurs marocains à s’établir en France. Ces ouvriers payaient plus de 10 000 € pour espérer un contrat de travail qui ne venait jamais.
Une société qui recrute des travailleurs à l’étranger faute de dénicher des candidats sur le territoire, en l’occurrence à Toulouse. Une possibilité prévue pour les textes. Seulement la préfecture de région Occitanie, qui avait donné le droit à ces recrutements extérieurs, a été avertie que le responsable de la société qui cherchait des bras se considérait assez loin du monde du travail. Sa société n’aurait d’ailleurs pas engrangé un seul euro de chiffre d’affaires.
Saisis du dossier, les enquêteurs de la police aux frontières n’ont pas tardé à comprendre que derrière ces offres d’emploi dans le milieu agricole se cachent, en réalité, une escroquerie. Plusieurs victimes ont d’ailleurs été infectées et elles ont été racontées à peu près la même histoire. Chez elles, « au bled », elles avaient entendu parler de la possibilité de venir travailler en France, pour récolter des plantes ou des légumineuses. Il fallait débourser entre 8000 et 12 000 € pour un travail promis sur trois ans, avec un logement. « Pas grand-chose » a été jugé par des ouvriers lors de son audition par les policiers.
Seulement une fois débarqué à Toulouse, les promesses d’emploi ont rarement été au rendez-vous. Les hommes qui ont pu travailler l’ont fait « quelques semaines » et n’ont jamais vu le bulletin de salaire, parfois quelques billets. Rien d’officiel. Le tout très éloigné des promesses entendues au « bled ». Et que les enquêteurs de la brigade mobile de recherche de la police aux frontières ont posé des questions, ces travailleurs sans emploi ont « équilibré » sévèrement sur les individus qui leur avaient promis des chimères.
Où sont pasés les 240 000 € ?
Le créateur de l’entreprise, âgé de 49 ans et bénéficiaire du revenu social d’insertion (!), a été placé en garde à vue, comme deux de ses sœurs et un de leur compagnon. Le frère aîné, né au Maroc mais installé en France depuis longtemps aurait amorcé ces recrutements. Six personnes seront dans des lieux toulousains dans l’espoir de travailler à ses côtés. Ce « chef d’entreprise », défendu par Mes Morgan Dupoux et Pierre Le Bonjour, lui a répondu et évoqué des difficultés économiques qui auraiente perturbé ses projets.
Les enquêteurs, comme le parquet, ont été convaincus de ses intentions malhonnêtes. Une de ses sœurs, employée très loin de l’agriculture, aurait de son côté fait venir une quinzaine de personnes ! En plus de 10 000 €, le ticket d’entrée, cela représente pas mal d’argent mais pas avantage de salaire pour ces ouvriers une fois débarqués à Toulouse. Les revenus illégaux auraient été réinvestis au Maroc.
La police aux frontières estime qu’une cinquantaine de demandes d’introduction de salaires sur le sol français ont été déposées par les membres de cette famille. À l’issue de leur garde à vue, les quatre mis en cause ont été présentés au parquet. Ils seront jugés fin août par le tribunal correctionnel de Toulouse notamment pour escroquerie en bande organisée et aide à l’entrée et au séjour irrégulier. Sous contrôle judiciaire, il leur est interdit de gérer une entreprise et de contacter leurs anciens « employés ».
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.