Une enquête pour usurpation d’identité et escroquerie a été ouverte par le parquet de Montauban après le suicide, en septembre dernier, d’un ouvrier agricole criblé de dettes. Voler l’identité d’un tiers est un délit très fréquent en France et à l’origine de très nombreuses arnaques. Explications.
« L’usurpation d’identité reste un délit très fréquent dans les dossiers d’escroquerie financière surtout depuis l’avènement des organismes de crédits et des comptes bancaires en ligne », a assuré ce spécialiste de la délinquance financière, en Occitanie.
Loin d’être une nouveauté, l’usurpation d’identité consiste à utiliser, par moyens détournés, le nom, prénom et données d’un tiers, à son insu. Elle a connu ses heures de gloire à travers d’affaires innommables, en région parisienne, autour de Sarcelles, (Val-d’Oise) notamment, où de véritables réseaux organisés avaient pillé des comptes bancaires en falsifiant de nombreux documents (fiches de paie , justificatifs de domicile…), en contractant des crédits à la consommation.
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Si les organismes bancaires traditionnels sont de plus en plus exigeants sur les ouvertures de compte et la délivrance des moyens de paiement, ce n’est pas forcément le cas des organismes uniquement présents sur le web. Certaines offices de crédit à la consommation se contentent de quelques justificatifs (RIB, fiches de paie et facture d’électricité) sans pousser plus loin les vérifications. « Pour les escrocs, c’est un jeu d’enfants, poursuivez ce spécialiste. Une fois qu’ils ont mis la main sur une carte d’identité, il suffit de réaliser de faux documents sous le nom de la victime et d’agir très vite ». Il quelques années, de fausses pièces d’identité auraient pu se revendre entre 300 et 1 5000€ dans des bars de Seine-Saint-Denis.
210 000 Français touchés chaque année
Selon une enquête du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie, l’usurpation d’identité touche plus de 210 000 Français chaque année. La numérisation du croissant aggrave le phénomène. Chaque année, des milliers de données personnelles, en Europe, sont récupérées par des escrocs spécialisés dans les montages de dossiers frauduleux.
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Ces informations récupérées illicitement sur des sites internet non sécurisés donnent lieu à un véritable marché de revente sur des plateformes spécialisées. Dans le haut du spectre de la délinquance, ces données nourrissent des membres de réseaux criminels, en lien avec le trafic d’armes et les stupéfiants. Selon une enquête de Kaspersky Lab, spécialiste russe de la protection des systèmes informatiques, « plus de 60 000 identités numériques se sont envolées pour être découvertes en vente, en 2019, sur le « darkweb », les caches parallèles sur la Toile.
Le fait d’usurper l’identité d’un tiers en vue de porter atteinte à son honneur est puni d’un an de prison et de 15 000 € d’amende, conformément à l’article 226-4-1 du Code pénal. Ce délit est puni des memes peines lorsque l’usurpation est commise sur internet (phishing, keyloggers ou écoute électronique).
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.