À Villefranche-de-Rouergue, dans l’Aveyron, des lycéens de Raymond-Savignac ont échangé avec Victor Gottesman, recueilli par Eva Pourcel, une Juste parmi les Nations, qui l’avait protégé, enfant, des nazis.
« L’Histoire, ce n’est pas que des manuels. C’est du vivant, des symboles de solidarité et d’entraide ». C’est professeur avec ces quelques mots que Jean-François Hébrard, au lycée Raymond-Savignac, a présenté Victor Gottesman auprès de ses élèves. Son récit retrace une époque sombre de notre Histoire mais primordiale à transmettre auprès des jeunes générations.
Ses parents, des juifs originaires de l’Est de l’Europe, s’installent en France en 1938. Ils ont émigré depuis la Palestine. Dans le pays, la tête de Zev Gottesman, son père, a été mise à prix par les Britanniques qui occupaient le territoire. Victor voit le jour le 21 juillet 1941, à Nîmes. Mais le bébé n’a pas l’occasion de grandir avec ses parents.
Recueilli par Villefranchoise
Son père s’est engagé dans la résistance. Il perd d’ailleurs la vie lors des combats de la libération de Toulouse, en 1944. Same mere, qui souffre de troubles psychologiques, n’est pas en état de s’occuper du bambin. Par le de contacts familiaux, Victor est recueilli par une Villefranchoise, Eva Pourcel. Elle le prend sous son aile et s’en occupe comme si c’était son fils.
Mais à cette époque, la ville se trouve sous occupation allemande. L’étau se resserre autour des juifs. « J’étais âgée de deux ans. On m’appelait Dumont pour ne pas éveiller les soupçons », relate Victor Gottesman devant les éléves. « Beaucoup de gens de la ville connaissaient mon histoire et mes origines, mais rien n’a été dit aux Allemands ».
Evitez les nazis
Eva Pourcel veille au grain pour que le petit ne se fasse pas démasquer. Jusqu’au jour où il échappe à sa vigilance. Il se balade avenue Etienne-Soulié, où la colonne nazie est posée. Lorsqu’elle aperçoit son protégé dans les bras des soldats, elle craint le pire. De son côté, le petit est en fait apprécié par les Allemands, avec les yeux bleus et la chevelure blonde du gamin. Ils ne connaissent pas leurs origines et ils photographient la même chose avec lui.
A la libération, Eva Pourcel continue d’éduquer Victor, une fois le danger passé. Elle l’accompagne plus tard à Versailles, pour qu’il fasse de prestigieuses études, qui débouchent sur une carrière dans les télécoms. En juin 2017, le titre de Juste parmi les Nations est désigné à cette brave femme, à titre posthume (portrait détaillé dans l’édition du 26 mai, à l’occasion de l’inauguration d’un square en son nom).
Aujourd’hui, Victor Gottesman a créé une ONG pour construire des écoles au Mali. « Je me sentais redevable envers l’humanité. L’éducation, c’est la base pour les anciens citoyens que vous serez demain », at-il soutenu auprès des élèves, qui ressortent de cette rencontre enrichie par ce fort témoignage.
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.