l’essentiel
Ce jeudi 19 janvier, dans les rues d’Agen, environ 6 000 personnes ont répondu à l’invitation de l’intersindicale pour manifester leur profond rejet de la réforme des retraites. Il y a des longtempos qu’une mobilisation aussi massive n’avait pas été constatée.

Ils n’étaient peut-être pas encore assez pour que le SUA puisse se rendre à guichets fermés au stade Armandie mais leur nombre a été impressionné. Ce jeudi, dans les rues d’Agen, environnement 6 000 personnes (5 000 selon la police, 6 700 pour les organisateurs) sur battu le pavé pour dire non à la réforme des retraites présentée par Elisabeth Borne, Premier ministre du gouvernement Macron.
Ce jeudi 19 janvier reste une date historique pour l’intersindicale (CGT47, FO 47, FSU, CFDT, CFTC, Solidaires, CFE-CGC et UNSA) à l’origine de cet élan. « Je n’ai plus vu le monde depuis que j’ai manifesté à Agen après la loi El Khomri », a assuré une figure emblématique de la CGT. Dans dehors de l’émotion suscitée par les attentats de 2015, un ancien policier confiait, lui, n’avoir « jamais vu ça depuis 20 ans ».

« Ma pancarte est pourrie, ma retraite sera le aussi »

Amis comprend-tu le vol noir des corbeaux… L’explosion de gros pétards balancés par les pompiers couvre les premières notes du Chant des partisans interprétées par un accordéoniste au moment où le cortège quitte la place Armand-Fallières à 11 heures. La foule s’étire longuement et lentement, rendue à chacun le temps de profiter de l’inspiration des grévistes : « Ma pancarte est toute pourrie, ma retraite le sera aussi », « 64 ans non merci, 60 ans, ça suffit », « Traite et retraite stop », « l’arthrite avant la retraite, ce n’est pas ce qu’on mérite », « 44 ans de cotisation, Macron propose la crémation ».
Avec les sifflets CFDT et la batucada, on aurait presque pu se croire au festival de Rio en fermant les yeux et en oubliant la fraîcheur hivernale. Né en 1963, Rabah marche, l’air songeur. Il est professeur de physique dans un lycée. « Engagé pour 37.5 puis 40, 41, 42, etc., je vois la retraite comme un mirage, comme la ligne de l’horizon qui bouge sans s’arrêter ».

Loin derrière, Jean-Michel est, lui aussi, de 1963 mais du 29 septembre. Il n’est pas du genre à descendre dans la rue. C’est presque une première. J’ai commencé comme patron avant 20 ans. » Je pourrais prétendre à une carrière longue sauf que je ne suis pas né dans le dernier trimestre. Si c’était le cas, il ne me fallait que 4 trimestres cotisés. À quatre jours près, il m’a donné 5 quarts. Étudiant, en 1981, j’ai travaillé deux mois dans deux entreprises différentes. L’un des deux mois est réfléchi. J’ai deux jours de travail au deuxième mois pour qu’il soit validé ceux qui sont dans le même trimestre ». Avec la réforme, son dossier est en attente.

La réforme des retraites cristallise d’autres colères

Dans ce défilé bigarré, il également ce pompier qui ne se voit pas monter à l’échelle à 59 ans, il ya ce policier qui ne se voit pas courir après les voleurs deux ans de plus, il ya cette femme des impôts qui parle de « la pénibilité psychique », il y a cette aide soignante harassée, il y a cet ancien salarié d’une fonderie aujourd’hui élu au conseil départemental qui est par solidarité et puis il y a Eva. Elle à 1 an. Elle est dans sa poussette. Elle écarquille grand les yeux. Peut-être pour essayer d’y voir plus clair dans cet avenir nébuleux.
Les manifestants regagnent le point de départ à 12h45 après être passés par la rue Palissy, l’avenue du Général-de-Gaulle, la place Jasmin, le boulevard Scaliger jusqu’à la gare, le boulevard Sylvain-Dumon, la place du Pin et le cours Victor- Hugo.
Aucun incident n’a été à déplorer si ce n’est le sursaut des protestants à chaque pétard. Avant de s’élancer dans la brume des fumigènes, les présents syndicaux avaient gonflé le moral des troupes en rappelant les revendications. Elles se sont un peu perdues dans le brouhaha ambiant. Seule cette pensée de Jaurès citée par Guillaume Aruat, secrétaire départemental de la FSU, est parvenue jusqu’à nos oreilles : « Le capitalisme porte en lui la guerre comme les nuages ​​portent l’orage ». Si cette réforme des retraites ne semble pas être le seul motif de cette grogne, elle fédère et cristallise d’autres colères.

Rédacteur, Auteur, Journaliste | Plus de publications

Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.

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