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Ce mardi, très rapidement, cortège de la manifestation contre la réforme des retraites a été dislocé. La mobilisation a basculé dans le chaos et a viré en affrontements à Toulouse.

Dans un nuage de fumée de lacrymogènes, on distingue au loin les camions des forces de l’ordre en face de l’arrêt de métro Compans-Caffarelli. De l’autre côté, des manifestants déboussolés pour certains, prêts à découdre pour d’autres. La manifestation contre la réforme des retraites a très vite dégénéré en affrontements ce mardi après-midi à Toulouse. Le cortège composé de jeunes, de familles, d’étudiants et de syndicats a été dislocé à peine une heure après le début de la mobilisation par les amorces tirs de lacrymogènes sur le boulevard Lascrosses.

Environ 400 Black Blocks sont présents et ils ne sont pas mis en cache par la détermination. Le début d’une cacophonie générale et d’un chaos indéniable. À chaque intersection où se trouvent des cordons de forces de l’ordre, les protestants hurlent et font partie de leur « haine de la police ». Des insultes fusent tout comme les projectiles. Cailloux, morceaux de platre, galets… Tous se transforment en projectiles.

Panique et mouvements de faute

À proximité de Jeanne d’Arc, nouveaux affrontements avec les cordons de CRS. «J’ai peur», lâche une jeune femme qui tente par tous les moyens de se fugier dans un hall d’immeuble. « Pouvez-vous avancer ? », interroge une vieille dame. « Je vous conseille de ne pas rester la », lui rétorque un protestant les yeux rougis par le gaz lacrymogène. Instant flottant. Une partie de la cour observe. Des objets enfumés volent au-dessus du boulevard. Plongée dans le brouillard irritant. Cris, pleurs, mouvement de foule… La manifestation prend un tour qui ressemble à la cellule de jeudi dernier. Les abribus encore débuts finissent en mille morceaux de verre au sol.

Les derniers panneaux publicitaires sont incendiés et les quelques poubelles encore sur les trottoirs sont rapidement rasemblées pour l’ancien des barricades. Un jeune homme, cagoule sur le visage, capuche sur la tête et met le feu sous les applaudissements. Un épais nuage noir envahit le boulevard. L’odeur de plastique se mélange à celle de la lacrymogène.

35 personnes interrogées

À hauteur de Jean Jaurès, la tension monte encore d’un cran. Un immense parasol est incendié par deux jeunes vêtus tout de noir. Les forces de l’ordre sont stationnées à chaque boulevard et bloquent l’accès à la place Wilson. Nouvelle salve de tirs lacrymogenes. Des détonations résonnent et font trembler les passants qui sortent du travail. Le canon à eau disperse les personnes se trouvant au milieu du boulevard. Les drapeaux des syndicats ont disparu. Les policiers repoussent les deniers mobilisés vers Marengo. Après de longues heures d’affrontements, différents groupes se forment à Jean Jaurès, Marengo, Matabiau, au bout de la rue Bayard. Ils sont enfermés par les forces de sécurité. Un nouveau ballet s’ajoute au chaos ambiant, celui des camions de secours et des sapeurs-pompiers afin d’éteindre les différents brasiers allumés un peu partout dans le centre-ville.

Selon la police, 25 000 personnes ont participé à cette manifestation mardi, 150 000 selon les syndicats. Au bout du compte, 35 personnes au total ont été interpellées et embarquées au commissariat pour violences ou dégradations. 11 caméras de vidéoprotection ont été détériorées lors de la mobilisation. Les troubles à l’ordre public ont contraint de nombreux commerces, restaurants et débits de boissons à interrompre leur activité. Plusieurs stations de métro ont été fermées ponctuellement. Huit blessés parmi les forces de l’ordre et un parmi les protestants ont été remplacés par la préfecture de la Haute-Garonne. Par ailleurs deux coupures d’électricité ont eu lieu, dans un quartier de Toulouse et à Saint-Gaudens.

Rédacteur, Auteur, Journaliste | Plus de publications

Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.

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