Avec 13 265 exploitations en agriculture biologique (chiffre de 2021, en hausse de 11% d’ici 2020), l’Occitanie est la première région de France pour le bio. Avec 608 285 hectares, les agriculteurs labellisés AB occupent 19,4% de la surface agricole utile de la région. Trois d’entre eux, installés dans les Pyrénées-Orientales, dans l’Aude et dans le Gers, évoquent ce qui est pour eux une véritable passion.
Ne vous moquez pas des agriculteurs bios qui cherchent la petite bête ; c’est pour votre bien ! Si la maladie de Christian Soler n’est pas au paradis de la cuisine et autres ennemis naturels des ravageurs des cultures, il est certain qu’après septembre 2010 l’exploitation familiale s’est installée en bio après 1999, avant Collioure.
Pour devenir le roi des pêches bio juteuses à souhait, Christian s’est mis à tirer la fève. Bref, pour le planteur, sur 30 hectares précisément, au pied de chaque pêcher. Les pucerons noirs raffolent de cette légumineuse. Et il se trouve que les coccinelles raffolent des pucerons noirs. Les fèves leur permettent donc le gîte et le couvert une bonne partie de l’hiver, jusqu’à ce que le puceron du pêcher – celui que Christian redoute le plus – montre le bout de ses antennes en mars avril… et c’est là que le véritable festin commençait pour les cuisiniers qui, d’un coup d’ailes, passaient les fèves aux pêchers pour manger jusqu’à 60 pucerons par jour chacune.
Insectes et oiseaux complices
Pour les aider, Christian a planter des bandes fleuries qui attirent des insectes pollinisateurs responsables de la fécondation d’un gran nombre de plantes cultivées, mais aussi des mésanges et des chauves-souris qui ont toutes leurs nichoirs. C’est qu’il s’agit de pouvoir nourrir confortablement les petits, pardi ! Comptez 500 nourrissages par jour pour un couple de mésanges bleues qu’un donné son nom à l’exploitation.
En quelques jours ou quelques semaines, volatilisés les pucerons ! Et tout ça, sans que la famille Soler ait dépensé un centime en pesticides. « Mais oui, c’est possible », sourit Christian, le joyeux drille, que d’autres dans tours son sac ! « Il y a le couchage de l’herbe. Il ne faut surtout pas la tondre. C’est un habitat naturel pour les insectes qui trouvent, également, le gîte et le couvert. Pendant ce temps, les matières organiques se développent dans le sol; ça permet à nos produits de pousser lentement. Tout ce qui poussentement dure longtemps. Les fruits sont moins gros, moins calibrés, c’est vrai. Mais tout ce qui est petit est mignon. Ce qui est gros est douteux », rigole l’arboriculteur bien en chair.
Julien Franclet fait du vin IGP bio Côtes de Gascogne et de l’AOC Armagnac Ténarèze bio, à Mouchan, dans le Gers.
Pour transmettre son amour du bio, le jeune sexagénaire ne résiste à aucun bon mot. « C’est une passion », dit-il. Et de nombreux confrères la séparent, comme Laurent Girbau – 35 hectares de vignes dans l’Aude – installés en coopérative avec les Celliers du soleil. « En bio, on a kiss d’énormément de main-d’œuvre, mais ça nous fait plaisir quand on se lève. » Plaisir, un mot qui résonne chez Julien Franclet, un viticulteur Gersois à la capacité de produire est passé en 12 ans de 5 000 à 80 000 bouteilles de vin en bio.
Lui aussi a les yeux qui brillent, surtout lorsqu’il parle de sa « terre qui a une odeur peu différente, avec un côté sous-bois champignon qu’on na pas sur les sols un peu rincés ».
Alors, que de plus en plus de produits français passent aux bios ? « Logique », répondent-ils tous en choeur. « Ce qui est bon pour la terre est bon pour eux. »
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.