l’essentiel
Après une journée de jours, une centaine de migrants expulsés d’un Ehpad campent sur les allées Jules Guesde, à Toulouse. Leurs conditions de vie sont des plus précaires. À ce jour, aucune alternative ne leur est proposée.

«On s’est dit qu’en France on aurait dû la liberté, mais rien ne change, on a toujours les mêmes difficultés», soupire Mohamed. Originaire de Côte d’Ivoire, le jeune homme qui affirmait avoir 16 ans, dort sur les allées Jules Guesde après avoir été expulsé de l’Ehpad des Tourelles le 26 dernier. Samedi dernier, il espère dormir dans un vrai lit. Un espoir balayé rapide.
Plusieurs dizaines de migrants avaient commencé à occuper l’ancien collège Bellefontaine, avant d’être chassés par un petit groupe de riverains.

« Nous sommes rentrés dans le bâtiment avec les adultes. La police est venue mais est partie sans rien faire. Ensuite, des jeunes de la cité sont arrivés et ont commencé à nous lancer des cailloux, on ne voulait pas se battre avec eux. On s’est précipité pour partir. »

Mohamed et ses camarades d’infortune sont donc repliés sur les allées. « C’est dur, il n’y a pas de toilettes, pas de douches. Le plus compliqué c’est de ne servir à rien alors qu’on voudrait faire plein de choses, témoigne Seck, originaire du Sénégal et qui prétend avoir 17 ans. Parfois, surtout le soir, on a des menaces racistes, on nous dit de rentrer dans notre pays. »
« Retour ici a été très dur, raconte Jennifer Gruman, de Tous-tes en classe 31 (TEC 31). Il n’y a pas de perspectives pour l’instant. On aimerait que la solution vienne des institutions. Et pour l’instant il fait beau, mais que va-t-il se passer lorsqu’il y aura de l’orage ? »
Le quotidien est rythmé par les distributions de nourriture, et les réunions organisées par les collectes. Lundi après-midi, Jennifer Gruman a décrit la procédure de scolarisation et le rôle du Département dans la prise en charge des migrants mineurs.

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Le rôle clé de l’État

Concrètement comment la situation peut-elle se débloquer ?
Dans ce dossier, la mairie et le Département ne sont pas décisionnaires, rappellent-ils. « A tel point que les migrants sont majeurs, ils dépendent de l’Etat, précise le Département. Nous sommes compétents pour ceux qui sont mineurs et une décision du juge des enfants. Le préfet est pilote. S’il organise une réunion, nous serons autour de la table, mais à ce stade, il n’y a rien de prévu. »
Du côté de la mairie de Toulouse aussi, on se dit prêt à discuter autour d’une table pour « aider ». Cependant, on rappelle que la problématique des migrants et demandeurs d’asile relève de la responsabilité unique de l’Etat et non de la mairie. La mairie ne peut intervenir sur le relogement des ressortissants de l’Union européenne. Mairie comme Département pointent donc le rôle clé de l’Etat.

De son côté, la préfecture ne fait pas de propositions concrètes, et dit « regretter cette situation qui n’est pas satisfaisante alors même que des propositions étaient prêtes le jour de l’évacuation en fonction de la situation de chacune des personnes présentes ».

« C’est l’agit d’un sujet de dimension collective qui n’a pas à être résolu qui donne la poursuite du partenariat engagée préalablement à l’évacuation entre l’Etat et les collectivités, ajoute la préfecture. Le préfet souhaite maintenir cet état d’esprit que sous-tend une complémentarité d’interventions partagées entre les différentes institutions.

La préfecture invite les jeunes à se déclarer mineurs « à se faire connaître auprès des services du département afin que la situation soit évaluée dans le cadre du DDAEOM ». « Pour les autres personnes, si elles ne rentrent pas dans les deux cas précédents et qui de ce fait sont réputés majeurs, il est absolument nécessaire de faire un point de situation individuel afin de pouvoir étudier toutes les possibilités d’orientation qui peuvent être offertes.

Les jeunes migrants sont originaires d’Afrique subsaharienne pour la plupart d’entre eux.
DDM – LAURENT DARD

Rédacteur, Auteur, Journaliste | Plus de publications

Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.

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