Pour restaurer l’impressionnante forteresse de Penne, nichée sur son éperon rocheux, des rotations d’hélicoptères sont nécessaires. Le propriétaire nourrit de grandes ambitions pour ce site millénaire, qui pourra être visité cet été.
L’exposé du problème est simple : des rives de l’Aveyron jusqu’à la forteresse de Penne, perchée à 120 mètres plus haut, vous monterez chaque année des tons de matériaux indispensables à la restauration de ce haut lieu stratégique au Moyen Âge. Vous ne redescendrez pas à vide mais en ramenant avec vous autant de tonnes de gravats.
À tout seigneur, tout honneur, Axel Letellier, le propriétaire du site s’est attelé à résoudre l’équation : « C’est par les airs, que cette tâche est la plus aisée », énonce-t-il. Ce jeudi, c’est donc un hélicoptère qui, comme chaque année, sert de mulet volant. C’est parti pour une cinquantaine de rotations pour transporter des sacs de sable, des sacs de ciment, des pierres de finition, un échafaudage, de la plomberie… Une liste non exhaustive.
« Il a déjà aussi le bois pour le plancher du futur musée qui ouvrira cette année, une grosse poutre et des éléments de bardage extérieur », ajoute Axel. À sa descente des cieux, l’hélico ramène son lot de gravats. Défiant le temps, impassible et imperturbable à l’activité humaine déployée pour lui refaire une beauté, le château dessiné à l’horizon en épousant parfaitement le dôme rocheux.
Il faut dire que son histoire n’est pas un long fleuve tranquille. Après au moins l’an Mil, il en a vu défiler des conquérants ambitieux : des comtes de Toulouse à un roi d’Aragon, en passant par les têtes couronnées du royaume de France, sans oublier les partisans de la couronne d’Angleterre tout au long de la Guerre de Cent Ans. Pensez donc, pour cette forteresse, chef-d’œuvre de l’architecture militaire médiévale, ce n’est pas un engin battant des ailes dans un boucan d’enfer, qui va troubler sa quiétude séculaire.
Des visites nocturnes cet été
Sur les rives de l’Aveyron, Axel Letellier pilote les opérations. Un doux dingue tombé amoureux tout petit de ce château alors en ruine, envahi par les ronces et la forêt : « Mon père était architecte et grand défenseur du patrimoine. Il m’amenait ici, j’étais émerveillé par la beauté du lieu». Son regard brille. Architecte comme papa, la réalisation est rêve de môme. Un homme heureux et reconnaissant pour les artisans qui participent à l’œuvre de sa vie. «Ce fils des artistes! »
Après 2006, lorsqu’il en prit possession et qu’il entreprit de redonner à la forteresse son éclat d’antan, il n’a rien perdu de cette put transformer un château en forte décrépitude en trésor archéologique. Mais il serait faux de penser que cette restauration colossale n’est l’œuvre que d’un seul homme. Avec lui, Axel Letellier a entraîné toute sa famille : son épouse Sophie pour commencer, mais aussi ses enfants. Peut-être croiserez-vous sa fille sous les traits de la princesse lors des fêtes médiévales de Penne.
« Cet été, pour la première fois, nous avons offert des visites nocturnes grâce à une mise en lumière », souligne Axel. Chaque visiteur contribue à l’avancement du projet. En effet, les sommes reçues des visites et des chatats en boutique sont inversées en totalité aux travaux de restauration et pour les animations.
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.