Deux matinées par semaine, l’hypermarché Leclerc Sapiac de Montauban (Tarn-et-Garonne) propose aux plus de 60 ans de faire leurs cours avec un compagnon d’emplettes. Un service gratuit qui vise à briser l’isolement. Reportage.
Ce vendredi matin, Sarah et Gisèle papotent calmement dans les allées du Leclerc Sapiac, poussant leur char d’un rayon à l’autre jusqu’à la caisse. L’étudiante en droit de 19 ans et la retraitée de 77 ans semblent s’entendre à merveille. Ils ne sont connus qu’au bout d’un quart d’heure. Sarah fait en effet partie des « compagnons d’emplettes », un service gratuit mis à disposition de l’enseigne par la société Mains d’argent (lire encadré).
Le principe est simple : à l’entrée du magasin, les jeunes, la majorité des étudiants, propose d’accompagner les plus de 60 ans durant leur parcours. S’ils peuvent aider à porter les sacs ou catcher un produit haut perché, l’idée est avant tout de créer du lien : « Les personnes ciblées sont autonomes mais n’ont pas demandé quelqu’un à qui parler au quotidien. La sortie au supermarché représente souvent une des seules interactions de la journée », a reconnu Sarah.
A Montauban, les compagnons d’emplettes sont présents au Leclerc Sapiac les lundis (8h30-10h30) et les vendredis (9h-11h).
Établir vous a contacté
Pour cette première chez Leclerc Sapiac, les débuts sont un peu timides. « Le plus difficile est de réussir à établir un premier contact. A démarrer, c’est vrai que les gens découvrent le service, que la presse nous marque », relativise Anaïs, étudiante à Art à l’Iscid. Après quelques tentatives infructueuses, la jeune femme de 19 ans se jette enfin avec Jeannie. Toutes deux ont une passion commune pour la peinture. Un bon point de départ pour la discussion. « J’ai eu l’impression de faire mes courses avec ma grand-mère, c’était un moment très agréable », confie Anaïs.

Anaïs et Jeannie ont eu une discussion sur la peinture, une passion commune.
Au niveau des caisses, la ballade est terminée pour Sarah et Gisèle. « Ça s’est très bien passé, s’enthousiasme la retraitée, visiblement ravie. J’étais très surprise qu’elle intervienne en entrant mais je suis me dit pourquoi pas. Mon mari ne vient jamais avec moi au supermarché. Mais Dans un sens je préfère car il me presse et je n’aime pas ça! Là, j’ai pu prendre mon temps et discuter. » Lors de sa prochaine sortie, Gisèle compte bien profiter du nouveau de la compagnie de Sarah : « Je vais revenir les lundis et vendredis matins*, comme ça, j’aurai une copine pour faire les courses ! »
J’ai lancé fin 2022, le concept « Compagnons d’emplettes » pour séduire d’emblée les dirigeants de Leclerc Sapiac : « Nous et croyons beaucoup. le service par la suite. » Le prince a l’air gagnant-gagnant, avec les seniors qui passent un agréable moment en faisant leurs courses et des étudiants rémunérés 12 € de l’heure. Ce vendredi matin, le test semble en tout cas concluant à Montauban.

Accompagnée de Sarah, Gisèle n’a pas vu le temps passer en faisant ses cours. La semaine prochaine, elle compte bien retrouver sa nouvelle « copine ».
Au service des autres
« Compagnons d’emplettes » est lancé fin 2022 à Perpignan par Héloïse Lamotte, jeune entrepreneur à la tête de la société Mains d’argent. L’idée lui est venue d’un constat simple en faisant ses cours : « Dans les supermarchés, la majorité des clients sont âgés. Pourtant, les services disponibles en grandes surfaces ne sont pas adaptés », expliqua-t-elle. De là est né ce service intergénérationnel.
Son entreprise se charge de mettre en relation les enseignes formées avec des étudiants. Le tout via un système d’abonnement qui comprend la rémunération des jeunes. Charge ensuite au magasin de définir les jours et horaires de déploiement du service.
Aucune condition particulière n’est demandée pour devenir compagnon. « Il suffit d’être sociable, d’aimer le contact humain », pointe Héloïse Lamotte. Un concepteur de grandes surfaces sont aujourd’hui partenaires du concept à travers la France. Informations sur www.mainsdargent.fr
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.