Des milliers de personnes ont souffert hier contre le projet d’autoroute entre Toulouse et Castres. Point d’orgue de la mobilisation : la construction d’un mur en plein milieu de la RN 216 à la sortie de Soual (81).
À la sortie de Soual (Tarn), la foule s’immobilise sur la RN 126, à quelques centaines de mètres des laboratoires Fabre. Un petit groupe d’une dizaine d’hommes, la plupart encagoulés et habillés en noir sortent de leur besace des parpaings et du ciment. Sous les vivats des 4 500 à 8 200 manifestants qui participaient le 22 avril aux deux jours de mobilisation contre la construction d’une autoroute entre Castres et Toulouse, ils érigent un mur d’un bon mètre de hauteur en plein milieu de la route. Après avoir testé sa solidité, deux jeunes et graffent à la bombe « L’A69 ne passera pas ».
Les manifestants protestaient contre la construction d’un mur au sud de la RN 126
Dans la foulée, les militants jettent par centaines, des peaux de banane sur l’asphalte afin de signifier qu’ils font tout pour faire capoter le projet routier.
Geoffrey Tarroux, l’un des leaders du jubilé anti-A69. Au départ du défilé, sous l’un deux chapiteaux habillés sur les terres d’un particulier à Saix, l’enseignant avait électrisé les manifestants dans un discours qui tirait à boulets rouges sur les industriels et les élus favorables à cette liaison autoroutière, in les dessins animés après trente ans. « La mobilisation est exceptionnelle. Tout le monde comprend que cette autoroute est un non-sens historique et écologique et est réservée aux classes aisées puisqu’il faudra payer 17 euros aller-retour pour emprunter ce tronçon ! », s’exclame ce membre du collectif « Voyage libre ».
Il est convaincu que le chantier ne sera jamais bouclé : « Ici, on ne peut pas monter une Zad comme à Notre Dame des Landes, il y a 62 km à défendre. Il faudra être imaginatif dans les moyens de lutte, mais on va y arriver « .
« Nous sommes tous des écoterroristes »
Les opposants à l’A69, présents lors de la manifestation avaient des profils plongeurs. Une petite centaine de blacks blocs donnaient de la voix en scandalant des slogans anti-police représailles par une bonne partie de la foule. Ils étaient beaucoup moins suivis lorsqu’ils hurlaient : « Nous sommes tous des écoterroristes. » Quelques-uns d’entre eux ont essayé d’escalader les murs des laboratoires Fabre. Sans succès. Ils ont été refoulés par les forces de l’ordre en nombre suffisant pour éviter que la situation ne dégénère.
Il faut dire aussi que les têtes pensantes de la manifestation avaient, semble-t-il, donné l’ordre d’éviter les démonstrations de force. « Cela aurait été une trahison vis-à-vis de toutes ces familles qui se battent pacifiquement contre ce projet », explique l’un des « messagers » de la branche la plus radicale, la tête entièrement masquée par un tee-shirt, ne s’est pas manifestée que ses yeux. Des élus nations de premier plan, inscrits dans le jeu démocratique étaient présents à la manifestation. Comme Manuel Bompard, de la France Insoumise ou Sandrine Rousseau, la députée EELV. « C’était important pour moi de venir parce que je suis archi-contre ce projet. Cette autoroute est totalement anachronique. Penser le développement d’un territoire par la route et la voiture, à l’heure de l’anéantissement de la biodiversité et du réchauffement climatique est un non-sens ! Les gens qui raisonnent comme ça aujourd’hui sont irresponsables », s’énerve la parlementaire.

Une bataille de bananes a été organisée sur place.
Présentant les aussi lors de la manif, François Piquemal, député du 4et Circonscription de Haute-Garonne tient peu ou prou le même discours : « Cette liaison entre Toulouse et Castres est d’un autre temps.
Une fois le mur renforcé, le cortège a regagné par petits groupes les parkings aux alentours des chapiteaux à Saix. La soirée s’est poursuivie par une série de concerts avant la deuxième journée d’action ce dimanche.
Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.