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L’inflation hypothéquant le pouvoir d’achat des Français, le gouvernement s’oppose à toute indexation des salaires sur l’inflation pour privilégier les dividendes des salariés. Un oxymore selon les patrons, les dividendes rémunérant le risque. En revanche, dans les Scop, on trouve un avantage au versement de la participation. Exemple dans la Nouvelle fonderie Gillet, à Albi, dans le Tarn.

10h10, fin de la pause dans la vaste salle des repos ou les collègues de la nouvelle fonderie Gillet terminent leur café. Isabelle file à l’usinage pour reprendre le travail, bonnet sur la tête et sourire aux lèvres. Licenciée par sa précédente compagnie en 2012, elle usinait déjà, mais de toutes petites pièces dans un geste répétitif qui n’avait plus de sens. Une formation lui fait découvrir le métier d’opératrice en commande numérique. Une révélation et la découverte d’un autre universas qu’elle est prix comme intérimaire par la Scop Gillet, à Albi.

Très vite, la coopérative ouvrière de production lui fait confiance. L’amour du travail bien fait la conduite en CDD puis en CDI. Et la voilà propriétaire de ses premières parts sociales en 2021. « Une fois par an, on discute de ce qui s’est passé dans l’année, de la situation de l’entreprise, des projets. Je n’avais jamais jamais connu ça avance. »

Le PDG gagne à peine 2,5 fois le salaire des ouvriers

Elle montre son salaire qui n’a rien de secret. 1428,99 € net pour l’argent, plus 230 euros en plus qui sont l’ancien employeur et à peine 2,5 fois l’argent que Nicolas, le PDG. Un ancien de la maison qui a prioris ses responsabilités fin 2014 cuand l’entreprise était sur le point de déposer le bilan.

Comme lui, ils sont 22 à avoir investi une partie de leurs indemnités de licenciement dans le rachat de l’entreprise et dans sa transformation en Scop.

Sept ans plus tard, Nicolas a les yeux brillants de fierté quand la parle du chemin a parcouru et des résultats exceptionnels de l’année qui s’achève. « On va passer la barre des 3.1 millions d’euros de chiffre d’affaires. Record battu », annonce avec un plaisir non dissimulé l’ancien responsable maintenance, hygiène et sécurité, élu PDG en 2018 par le conseil d’administration composé de salariés coopérateurs. Cerise sur le gâteau, le compte de résultat est une nouvelle fois positive.

Objectif des Scop : « recompenser le travail »

Dans une entreprise de droit commun, ce serait tous bénéf’ pour les actionnaires principaux. Dans une Scop classique, le résultat serait divisé en trois, 33 % pour le capital de la société, 33 % pour les salaires sous forme de participation, et 33 % en dividendes. Dans cette hypothèse, les 30 salaires de la Scop auraient droit à une rallonge à Noël, mais les anciens qui ont pris les risques en 2015 auraient une carotte plus grosse que les autres. Sous l’impulsion de Nicolas, le CA en a décidé autrement. « Chez nous, c’est 50-50 entre le capital et la participation. Insi, on a tous la même prime, car j’ai send de récompenser le travail. »

Ce qui le gêne dans le projet de dividende salarié du gouvernement, c’est que les dividendes sont distribués en fonction des parts sociales. « Forcément, les derniers rentrés auraient moins avec ce système-là. »

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Nicolas espère que les Scops seront exemptés de cette mesure si elle vote. Participation, dividende, Isabelle ne mesure pas tout à fait la différence. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle aura une prime, cette année encore. Et que ça, elle le doit à son travail qu’elle aime et qu’elle fait avec plaisir. « Ah, c’est sûr, je ne viens pas de travailler à reculons », rigole la seule femme de l’atelier tout en finissant d’ébavurer des pièces d’usure pour la SNCF.
Pour Nicolas, la bavure, ce serait que le gouvernement ne tienne pas compte de la spécificité des Scop.

Rédacteur, Auteur, Journaliste | Plus de publications

Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.

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