l’essentiel
Soupçonné d’un tir non régulier à la lance-grenade par les pompiers d’une manifestation de gilets jaunes à Toulouse en mars 2019, le major de police l’a jugé pour « violences volontaires » devant le tribunal judiciaire de Montauban, le 23 mai. Le ministère public a requis 6 mois de prison avec sursis et l’interdiction de porter une arme durant 6 mois. Délibéré le 11 juillet.

«Avec un tel impact au crâne, tous les rêveurs me disent, c’est un miracle que je sois encore là pour vous parler». Les mots de Guillaume B., un vidéaste toulousain de 48 ans béni par la tête pour un coup de grenade alors qu’il filmait l’acte 19 des Gilets jaunes le 23 mars 2019 à l’angle du pont Guilhemery et du Port- Saint-Etienne à Toulouse, résonne dans la salle d’audience du tribunal judiciaire de Montauban, ce 23 mai.

Depuis lors la vie du quadragénaire a basculé. «J’ai perdu une partie de mon audition et je souffre d’un trouble de la désorganisation», lâche pudiquement Guillaume indiquant avoir été incontinent durant 1 an et demi et avoir perdu sa libido qui a eu raison de son couple. « Ses séquelles sont à vie, il a une infirmité permanente », poursuit Me Claire Dujardin, son avocat insistant pour dire que son client est « un survivant à ce tir ».

L’affaire qui a été dépaysée au parquet de Montauban, a une tonalité particulière l’auteur présumé de ce tir, un fonctionnaire de police de la Sûreté départementale de Toulouse ayant été identifié au terme d’une enquête de près de 4 ans mené par l’IGPN (Inspection Générale de la Police Nationale) de Bordeaux.

Poursuivi pour des blessures volontaires, ce major de police de 54 ans risque gros dans cette affaire. Au cours du procès de 6 heures, la présidente Virginie Baffet passe en revue l’action du major qui nie en bloc les faits. Le long visionnage de vidéos des faits retrouvés sur Youtube, n’y change rien.

Ni moi une capture d’écran où le policier est vu en train de tirer avec son lance-grenade Cougar. « Vous avez l’habilitation d’utiliser cette arme (aujourd’hui classée arme de guerre) ? », l’interroge le président.

— J’avais eu ma remise à niveau en janvier 2019, certifie le major concédant ne pas être un spécialiste des forces du maintien de l’ordre, et avoir rejoint ce jour-là une colonne de la brigade anticriminalité sans que ces derniers ne soient vraiment au courant.

— Pourquoi tirez-vous ?, poursuivez le juge s’interrogeant aussi sur la légalité du tir.

— Pour nous protéger, le climat était délétère avec des jets de bouteilles et même de l’acide, garantit le policier.

— L’IGPN dans son rapport ne signale aucun projectile dans votre direction à ce moment-là», lui rétorque V. Baffet se révélant étrange que les boucliers des policiers soient alors baissés s’ils reçoivent des projectiles. Un point confirmé par l’un des trois témoins appelés à déposer à la barre par la partie civile.

«Ce jour-là, on a constable qu’il y a eu un usage disproportionné de la force», résume le fondateur de l’observatoire des pratiques policières de Toulouse balayant comme une légende urbaine policière les jets d’acide durant les manifs.

Plus difficile pour la défense du major est le témoignage du street medic (« rue secouriste »), un pompier volontaire témoin du tir. «J’ai vu un tir tendu partir de la gauche du pont vers la droite près du bistrot d’Éric, jure Dominique à la barre. Il a atteint sa tête comme une balle».

Un témoignage qui agace quel peu me Laurent Boguet, en défense qui plaide la relaxe, le sapeur n’ayant jamais été entendu durant l’enquête.

« Votre tir (de grenade lacrymogène) vous ne l’estimez pas tendu mais il n’est pas en cloche, vous estimez être en bonne posture pour l’effectuer ? » de son tir, une obligation réglementaire datant de 2017 permettant d’éviter les incidents de ce genre. Le policier concède que son tir n’était pas «déontologique», tout en lâchant qu’à sa connaissance «il n’y a pas de superviseur à Toulouse» auprès des tireurs de grenade.

«Votre tir n’était pas réglementaire, et vous ne faisiez pas l’objet de menaces nécessitant l’usage de l’arme», poursuit Bruno Sauvage demandant 6 mois de prison avec sursis et l’interdiction de porter une arme durant 6 mois . L’affaire a été mise en délibéré le 11 juillet.

Rédacteur, Auteur, Journaliste | Plus de publications

Gabriel Durant est un journaliste et écrivain français spécialisé dans la région Occitanie. Né dans la ville de Perpignan, Gabriel a toujours été passionné par l'histoire, la culture et la langue de la région. Après avoir étudié la littérature et le journalisme à la Sorbonne, il a commencé à écrire pour le site web Vent d'Autan, où il couvre un large éventail de sujets liés à l'Occitanie. En plus de son travail de journaliste, Gabriel est également un romancier accompli.

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